Dénonce l’impact des politiques publiques, Olivier Mazzucchelli, PDG de Transavia, lors de la présentation de l’étude Asterès à la FNAM
Lors de la présentation de l’étude Asterès organisée par la FNAM, Olivier Mazzucchelli, PDG de Transavia, a livré une analyse particulièrement attendue — et sans ambiguïté — de la situation économique des compagnies basées en France.
Pour lui, l’étude apporte enfin une validation externe aux signaux d’alerte répétés par la profession : le poids croissant des politiques publiques françaises menace directement la compétitivité et la résilience du secteur aérien.
Un cadre fiscal devenu un handicap structurel
Dès l’ouverture de son intervention, Olivier Mazzucchelli a souligné “l’importance du poids croissant des politiques publiques françaises sur les compagnies aériennes opérant depuis le territoire national”.
La valeur ajoutée de l’étude Asterès, selon lui, réside dans sa capacité à quantifier précisément ce phénomène. Cette analyse indépendante “confirme les alertes portées par la FNAM” quant à la dégradation progressive de la compétitivité des opérateurs français.
TSBA : un choc inflationniste pour les opérateurs basés en France
La hausse récente de la TSBA (Taxe de Solidarité sur les Billets d’Avion) concentre une large part des inquiétudes du dirigeant.
Selon Olivier Mazzucchelli, elle représente à elle seule deux points d’inflation sur le prix des billets de Transavia, et vraisemblablement d’Air France. Un niveau particulièrement élevé dans un contexte où la sensibilité prix des clients s’est nettement renforcée.
“Cette augmentation alourdit considérablement la part fiscale dans le prix final”, explique-t-il, rappelant que ces taxes ne pèsent pas de la même façon sur les concurrents européens. Résultat : un désavantage compétitif immédiat et structurel pour les compagnies basées en France, là où d’autres marchés — l’Allemagne étant mentionnée — ont adopté des approches différentes.
Un impact financier massif : plusieurs dizaines de millions d’euros en un an
Transavia chiffre désormais très clairement les effets de cette hausse fiscale. Sur les douze derniers mois, la TSBA a “coûté plusieurs dizaines de millions d’euros au résultat d’exploitation”. Les données consolidées seront dévoilées en fin d’année, mais Olivier Mazzucchelli prévient : l’impact réel “dépasse malheureusement les hypothèses initiales”.
Dans un secteur où les marges restent structurellement faibles, ces montants pèsent lourd.
Baisse de la demande, guerre des prix et rupture d’élasticité : un effet ciseaux inédit
Au-delà du choc fiscal, le PDG de Transavia décrit une situation de marché de plus en plus tendue.
La demande recule, une tendance qui s’est intensifiée au troisième trimestre et devrait s’aggraver au quatrième, traditionnellement plus faible hors périodes de congés scolaires.
Cette contraction entraîne une guerre des prix, tandis que la part fixe des taxes devient proportionnellement plus élevée. Dans ce contexte, l’élasticité prix se “casse”. Les compagnies se retrouvent contraintes de proposer des tarifs souvent inférieurs à leurs coûts, une situation déjà critique pour les low-cost mais qui affecte aussi Air France, précise-t-il.
Un véritable effet ciseaux, mêlant hausse des taxes et baisse de la demande.
“Une énorme gueule de bois” si rien ne change
En conclusion, Olivier Mazzucchelli martèle que l’étude Asterès valide de manière factuelle ce que la profession répète depuis des années : les politiques publiques actuelles créent une distorsion de concurrence et fragilisent durablement les acteurs nationaux.
Et son avertissement final résonne comme un signal d’alarme pour les décideurs publics :
“Si la situation continue ainsi, le secteur se réveillera avec une énorme gueule de bois.”
Il a ensuite passé la parole à Bertrand Gobineau pour prolonger l’analyse économique et sectorielle.
Ce qu’il faut retenir
- Impact fiscal mesurable : +2 points d’inflation sur les billets et plusieurs dizaines de millions d’euros perdus pour Transavia.
- Désavantage compétitif : les compagnies françaises affichent un handicap face à leurs homologues européennes.
- Effet ciseaux critique : hausse des taxes + baisse de la demande = prix sous les coûts.
- Rupture d’élasticité prix : dans les périodes creuses, l’offre ne peut plus s’ajuster
Validation externe : l’étude Asterès crédibilise les alertes du secteur dans le débat public.