Menu
Transport

Les effets pervers de la taxation aérienne : le coup de gueule de Bertrand Godinot (easyJet)


Publié le : 17.11.2025 I Dernière Mise à jour : 17.11.2025
Les effets pervers de la taxation aérienne : le coup de gueule de Bertrand Godinot (easyJet) I Crédit photo Rémi Bain Thouverez

Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

Tags : Easyjet

Alors que la France multiplie les dispositifs fiscaux visant le transport aérien, Bertrand Godinot, Directeur d’easyJet pour la France, alerte sur une dérive aux impacts économiques, touristiques et environnementaux sous-estimés

 

À ses yeux, l’accumulation des taxes met en danger la connectivité régionale, fragilise l’attractivité touristique du pays et produit même un effet contraire aux objectifs environnementaux affichés.

 

Lire aussi : la France, parmi les pays les plus coûteux pour les compagnies aériennes

 

Connectivité régionale : la première victime

Selon Bertrand Godinot, les hausses de fiscalité appliquées au transport aérien — TSBA, taxe sur les infrastructures longue distance, article 147 de la loi Climat & Résilience, TVA sur les vols domestiques — ont déjà provoqué une contraction significative de l’offre. Depuis 2019, environ 600 000 sièges ont disparu du marché domestique.

EasyJet, souvent seule opératrice sur certaines lignes régionales, ne dispose pas de marge pour absorber ou compenser les nouvelles taxes.

« Si nous pouvions augmenter nos prix, nous l’aurions déjà fait. Et si ces routes étaient si rentables, d’autres compagnies seraient là », rappelle-t-il.

Résultat : une connectivité régionale affaiblie, avec des liaisons abandonnées faute de viabilité économique.

Lire aussi : “Si rien ne change, le secteur aérien se réveillera avec une énorme gueule de bois”

 

Attractivité touristique : la France perd des points

Le deuxième effet pervers est, selon lui, encore plus préoccupant : la baisse d’attractivité de la France pour les touristes étrangers.

« 60 % des voyageurs n’arbitrent pas sur le fait de voyager, mais sur la destination », souligne Bertrand Godinot, insistant sur la sensibilité du public international à la fiscalité aérienne.

Il illustre avec deux cas emblématiques :

  • Un vol Manchester – Paris-CDG transporte 80 % de Britanniques venant dépenser en France ;
  • Un vol Paris-CDG – Marrakech transporte 80 % de Français allant dépenser au Maroc.

La logique est simple : quand la France devient trop chère à l’arrivée, les touristes étrangers se tournent vers d’autres destinations européennes plus compétitives.
Et côté départs, les Français arbitrent eux aussi : « Pour une famille de quatre, près de 300 € de taxes pour la Corse peuvent les orienter vers l’Espagne, où les coûts sont moindres ».

Le manque à gagner pour l’économie touristique française est direct et massif.

 

Réduction des capacités : la réponse contrainte d’easyJet

Face à la pression fiscale, easyJet a décidé de réduire sa capacité en France pour l’été 2025. Conséquence : moins de sièges, moins de touristes entrants et, en miroir, moins de Français rejoignant des destinations internationales au départ de l’Hexagone.

Pendant ce temps, des pays concurrents — Égypte, Espagne, Maroc — renforcent leur attractivité et multiplient les incitations pour capter davantage de flux touristiques.
Pour Godinot, conserver des avions basés en France reste essentiel pour limiter la forte saisonnalité du tourisme : « Il est facile d’attirer des touristes en août, beaucoup plus difficile en novembre ou janvier ».

 

Un effet environnemental paradoxal

Ironiquement, la fiscalité française conçue pour réduire les émissions pourrait produire l’effet inverse.
Pour éviter certaines taxes, des compagnies allongent leurs routes ou modifient leurs plans de vol, contournant l’espace aérien français.

« Cette situation entraîne plus de distance, donc plus de consommation de kérosène, et in fine plus de pollution », constate-t-il.

En cherchant à réduire l’impact environnemental du transport aérien, la France risquerait ainsi de déplacer les émissions plutôt que de les réduire, tout en affaiblissant un secteur touristique stratégique.

 

Un appel à une approche plus réaliste

Pour Bertrand Godinot, le message est clair : une politique fiscale déconnectée des réalités opérationnelles met en péril la compétitivité du transport aérien et, par ricochet, celle du tourisme français.

Il appelle à un dialogue renouvelé entre pouvoirs publics et acteurs du secteur pour éviter un double écueil : affaiblir la connectivité régionale et réduire la capacité de la France à attirer — et retenir — les voyageurs internationaux.

 

 

 

Div qui contient le message d'alerte

Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire

Mot de passe oublié

Déjà abonné ? Créez vos identifiants

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ? Remplissez les informations et un courriel vous sera envoyé.

Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format