Jean-Michel Juloux de Savanna Tours and Safaris, répond à notre envoyé spécial Benoit Tredez pour donner sa vision à la fois locale et internationale du tourisme en Tanzanie
Tour Hebdo : Pouvez-vous nous décrire l’ambiance générale en Tanzanie depuis les récentes élections ?
Jean-Michel Juloux : Il est vrai que le fait de ne pas avoir d’internet crée un mouvement d’incertitude pour les clients. Ils n’ont pas d’accès pour la confirmation de leur vol retour. Mais le téléphone fonctionne normalement. L’ambiance est calme et sereine que ce soit à Zanzibar ou à Arusha. J’ai eu au téléphone sans difficulté, Fransisca mon associée à Arusha et Ali mon associé à Zanzibar qui est aussi administrateur de l’aéroport de Zanzibar. Les vols sur Zanzibar opèrent normalement. Les vols Ethiopian, Qatar et Turkish ont opérés normalement sur Arusha JRO hier et aujourd’hui.
Ce soir nous avons 2 clients qui arrivent normalement avec Air France, 2 clients qui partent de JRO sur Ethiopian et un groupe de 9 qui arrive d’Allemagne aujourd’hui. J’ajoute que nous avons plusieurs clients en safaris et tout est normal.
Tour Hebdo : Avez-vous ressenti, sur le terrain, un changement dans la vie quotidienne ou dans la manière dont le pays est gouverné ?
Jean-Michel Juloux : Non, sur le terrain nous avons senti aucun changement dans la vie quotidienne ou dans la manière dont le pays est gouverné. A Karatu ou Mto Wa Mbu, les itinéraires des safaris pour le Serengeti et les marchés restent ouverts.
Ce que l’on sait, c’est que l’armée est présente au centre-ville d’Arusha et de Dar Es Salam pour éviter les débordements et que cela a suffi pour le moment. La population attend les résultats. Les autorités gèrent la sécurité et la stabilité notamment dans les zones touristiques mais également hors zone touristique pour éviter tout débordement. La situation à Zanzibar est plus stable que sur le continent, il n’y avait pas les mêmes enjeux politiques.
Vision et perspectives
Tour Hebdo : Comment les acteurs du tourisme tanzanien, comme Savanna Tours and Safaris, s’adaptent-ils à ce contexte ?
Jean-Michel Juloux : Nous n’avons pas eu à nous adapter car cela n’a pas changé le cours de notre activité. Dans nos itinéraires de safaris on contourne le centre-ville d’Arusha saturé et nous n’avons pas d’activité à Dar Es Salam.
Tour Hebdo : Que diriez-vous à un voyageur français ou européen qui hésiterait à venir en Tanzanie en ce moment ?
Jean-Michel Juloux : Je lui dirais que vu de l’étranger, quand on discute avec des Européens, la France offre une image bien plus déplorable. Les dernières actualités en attestent. La Tanzanie est un pays stable. Le tourisme représente 26 % de son PIB, c’est une priorité du gouvernement, cela crée des emplois rapides sans formation longue.
S’il y avait des problèmes de sécurité, nos équipes locales sur place seraient informées. A la fois pour leur sécurité personnelle et pour celle des clients. Depuis notre existence en 1984 nous avons traversé de nombreuses instabilités politiques et coups d’état en Afrique sub-saharienne. Notre expérience nous permet d’affronter sereinement des évènements comme ceux de la Tanzanie.
Tour Hebdo : Enfin, comment voyez-vous l’avenir du tourisme tanzanien à court et moyen terme ?
Jean-Michel Juloux : C’est évident que le cumul de la black list de l’UE des compagnies aériennes tanzaniennes et les informations qui circulent dans les médias après l’élection, fragilise la destination. Pour l’extension Zanzibar après le safari, nous avons contourné légalement l’interdiction des compagnies aériennes tanzaniennes en transférant depuis Arusha sur Nairobi, pour un vol NBO /ZNZ avec Kenya Airways. Cela engendre un surcout que nous absorbons.
Pourtant je reste optimiste pour 2027. Le 28 novembre, nous organisons d’ailleurs un Eductour sur la Tanzanie avec les agences de voyages francophones. Par contre, on prévoit une baisse significative pour la saison 2026 qui sera compensée par les safaris accompagnés avec des chauffeurs / pisteurs locaux parlant le français en Ouganda et une hausse des groupes pour les séjours balnéaires à Zanzibar.
 
   
	   
  
C’est l’avantage du réseau d’agences réceptives Savanna Tours & Safaris, quand un pays se porte mal, les autres supportent solidairement les frais de marketing et de communication qui sont répartis au prorata.