
Tribune écrite par Félix Nacach, fondateur et CEO de BedBoat
L'essor d'Airbnb en France a profondément modifié le marché de la location de courte durée. En 2024, Paris comptait 45,7 logements Airbnb pour 1 000 habitants, plaçant la capitale en deuxième position européenne en termes de densité d'hébergements proposés. Si ce modèle a initialement séduit, il devient un défi majeur pour les municipalités, notamment concernant l'accès au logement des résidents permanents.
Une pression sur le marché immobilier résidentiel
La croissance des locations saisonnières a réduit l'offre de logements à long terme. D’après l’Institut français pour la recherche sur les administrations publiques (iFRAP), l'offre locative a diminué de 29 %, depuis 2021 avec un bond du nombre de logements saisonniers, passant de 300 000 en 2016 à 1,2 million en 2024.
Cette tendance est particulièrement marquée dans les grandes villes, où les propriétaires privilégient des locations plus rentables. Pour limiter cette évolution, des villes comme Saint-Malo, Annecy ou Biarritz ont instauré des quotas de locations saisonnières, et à Chamonix, la construction de nouveaux logements touristiques est interdite. En mai 2024, une loi a renforcé la régulation, notamment en limitant à 90 jours par an la location des résidences principales.
Un impact touristique sous-estimé
Le modèle Airbnb conduit à une saisonnalité accentuée, avec des pics touristiques en haute saison et des périodes creuses en basse saison. Ce phénomène perturbe les commerces locaux qui peinent à maintenir une activité constante tout au long de l'année, comme le montre la situation à Chamonix après la saison hivernale. De plus, les infrastructures municipales sont sous pression pendant les périodes touristiques de pointe, mais largement sous-utilisées en basse saison, créant un déséquilibre dans la gestion des ressources locales.
Le modèle d’Airbnb : un débat éthique
Airbnb, un acteur américain, échappe souvent aux régulations françaises, ce qui pose des questions sur l'efficacité des mesures en place. Une enquête montre que 74 % des Français sont prêts à payer plus pour des offres éthiques et françaises. En outre, Airbnb contribue faiblement à l'économie locale, échappant à une grande partie des impôts locaux, contrairement aux petites entreprises françaises qui paient des taxes.
Des alternatives responsables : Staycation, BedBoat, Greengo, Abracadaroom...
Face à ces enjeux, plusieurs solutions alternatives émergent pour réconcilier les besoins des habitants et des touristes. Des plateformes comme BedBoat proposent une expérience touristique unique en réutilisant des bateaux à quai, offrant ainsi une alternative durable et sans impact sur le marché immobilier. Staycation propose une approche innovante du tourisme, en encourageant les Français à partir en vacances près de chez eux. L’idée est de repenser le tourisme en favorisant des séjours dans leur propre région ou dans des lieux proches, réduisant ainsi l'empreinte carbone liée aux transports et permettant de redécouvrir la richesse du patrimoine local. De même, des initiatives comme Greengo, ou Abracadaroom misent sur des hébergements insolites et responsables, contribuant à l'économie locale sans saturer le marché immobilier traditionnel.
Une nécessité : repenser le modèle touristique en France
Si les régulations existent, elles restent insuffisantes face à la croissance d'Airbnb. Il est essentiel de repenser notre modèle de tourisme pour protéger les habitants, les territoires et l'environnement. Les alternatives comme BedBoat montrent qu'il est possible de proposer une expérience touristique respectueuse tout en préservant l'équilibre du marché immobilier et en soutenant l'économie locale.