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Gabriel Attal à Selectour : confidence politique, avertissements économiques et esquisse d’un projet pour 2027


Publié le : 08.12.2025 I Dernière Mise à jour : 08.12.2025
Gabriel Attal à Selectour : confidence politique, avertissements économiques et esquisse d’un projet pour 2027 I Crédit photo Rémi Bain Thouverez

Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

Invité d’honneur du congrès Selectour, Gabriel Attal – ancien Premier ministre, député et président du groupe Ensemble pour la République – a livré devant un public de professionnels du tourisme une analyse sans détour de la situation politique française

 

Entre rupture assumée avec Emmanuel Macron, critique du « pays ingouvernable » post-dissolution et positions fermes sur l’immigration ou les retraites, l’ex-chef du gouvernement a esquissé les contours d’un projet politique, tout en refusant d’entrer officiellement dans la course à l’Élysée.

Un invité politique dans un salon professionnel… qui parle surtout politique

La scène aurait pu surprendre : au cœur d’un événement rassemblant les dirigeants du tourisme, Gabriel Attal a surtout parlé de France, de crise budgétaire, d’immigration, de retraites et d’avenir politique.
Dès ses premiers mots, il a néanmoins rappelé que le tourisme représentait « un atout absolument majeur, économiquement, mais aussi en termes de rayonnement et d'identité ».

Mais très vite, l’entretien a basculé sur la situation du pays et sur son propre parcours, marqué par la dissolution du 9 juin 2024.

 

« J’ai appris la dissolution une heure avant les Français »

Revenant sur la soirée du 9 juin 2024, Gabriel Attal n’a pas cherché à masquer son désaccord historique avec Emmanuel Macron :

« Je n’avais pas été mis dans la confidence et j’ai appris cette décision de la dissolution à peu près une heure avant les Français. »

Il raconte ce « regard noir » immortalisé par la presse, reflet d’une intuition :

« Je pressentais que la France allait se retrouver avec une Assemblée totalement fracturée et un pays ingouvernable. »

L’ex-Premier ministre assure avoir proposé sa démission dès l’annonce des résultats des Européennes, estimant que « le chef de la majorité doit tirer les conséquences d’un mauvais score ».

 

Une relation distendue avec Emmanuel Macron

Interrogé sur la « rupture » avec le président, Attal assume :

« Je ne renie absolument rien du bilan auquel j’ai participé. »

Mais il confesse ne plus comprendre certaines décisions :

« Les Français n’ont pas dit ce qu’ils voulaient, mais ils ont dit ce qu’ils ne voulaient plus : que le président garde la main sur tout. »

Selon lui, « tous les signaux envoyés depuis un an et demi » ont confirmé un « acharnement » du chef de l’État à garder la main sur toutes les décisions, là où Attal jugeait nécessaire de « partager le pouvoir ».

 

Sur le Rassemblement national : « Une dynamique très forte »

Face à la poussée du RN, l’ancien Premier ministre refuse le déni :

« La première chose, et on tous des exemples des élections présidentielles passées : ceux qui étaient pressentis pour être président n’ont pas été élus. Mais il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Il y a aujourd’hui une dynamique très forte derrière le RN. »

Il identifie trois moteurs de cette progression, évoquant notamment « une tension économique très forte » au sein des classes moyennes, qui ont le sentiment « d’avoir tous les devoirs quand d’autres ont tous les droits ».

 

Immigration : fermeté, choix… et modèle canadien

Sur l’immigration, Gabriel Attal se montre particulièrement direct :

« Depuis plusieurs décennies, on ne choisit pas notre immigration. »
« On peut assumer une part d’immigration, à condition de la choisir et de contrôler qui rentre et qui sort. »

Il défend un modèle reposant sur la « préférence travail » et propose d’« importer le modèle canadien du permis à points », avec critères : contrat de travail, maîtrise du français, respect des règles.

 

Budget, taxes et Assemblée « ingouvernable »

Le député a dénoncé la « dérive fiscale » d’une Assemblée sans majorité :

« Il n’y a pas de majorité pour gouverner, mais il y a une majorité pour augmenter les impôts : gauche + RN, c’est une majorité absolue. »

Il raconte les batailles menées pour préserver certains dispositifs favorables aux entreprises, dont le crédit d’impôt recherche et le pacte Dutreil.

 

Retraites : un système « qui prend l’eau »

Sur la suspension de la réforme des retraites, Attal va plus loin que le débat du moment :

« Le système par répartition prend l’eau de toutes parts. »
« Si l’on devait créer un système aujourd’hui, on instaurerait un système par capitalisation. »

Il reconnaît qu’une transition brutale serait impossible, car une génération serait contrainte de payer « deux fois ».

Sa proposition : créer progressivement un troisième pilier, débutant par un capital de 1 000 euros versé par l’État à la naissance de chaque enfant.

 

Entreprises : « Le travail vient des entreprises »

Sur le divorce entre entreprises et pouvoir politique, Attal assume une ligne clairement pro-entreprise

« D'abord je crois qu'il y a une tension économique très fort de la part de la classe moyenne qui a le sentiment et ne n'est pas qu'un sentiment, qu'elle a tous les devoirs quand d'autres ont tous les droits. Elle se demande parfois si ça encore un intérêt d'aller travailler, alors que ce qui permet de financer nos services publics, c’est le travail. Et le travail vient des entreprises. »


« Il faut un cadre compétitif pour qu’elles puissent investir et embaucher. »

 

Sortir de la crise politique ? Pas de solution magique

Sur une éventuelle nouvelle dissolution, l’ancien Premier ministre se montre sceptique :

« On ne sort pas de la crise en rajoutant de la crise. »
« Rien ne garantit qu’une nouvelle élection donnerait un résultat différent. »

La priorité, selon lui : adopter un budget, quitte à recourir à une loi budgétaire spéciale si le compromis parlementaire s’avère « trop néfaste pour l’économie ».

 

Présidentielle 2027 : « Beaucoup de candidats sans projet »

La question finale porte naturellement sur une éventuelle candidature. Attal refuse de s’y engager, tout en se positionnant clairement :

« Il y a aujourd’hui beaucoup de candidats sans projet. Moi, je veux qu’on projette, et ensuite qu’on ait un candidat. »

« Je commence par travailler sur le fond. »

Sans dire « oui », il n’a surtout pas dit « non ».

 

Un discours d’opposition constructive… déjà tourné vers demain

Au terme de cet entretien dense, Gabriel Attal apparaît dans un rôle nouveau : celui d’un responsable politique dégagé de Matignon, en désaccord assumé avec Emmanuel Macron, critique de la majorité actuelle… mais soucieux de préserver une voie réformiste « pro-travail » et « pro-entreprise ».

Sans déclarer sa candidature, il en a tracé les lignes.
Et devant un secteur clé comme le tourisme, il a montré une volonté : replacer l’économie réelle au cœur du débat politique.

 

Une nouvelle fois, au congrès Selectour, ‘’l’invité d’honneur’’ a étonné son auditoire par la clarté de sa vision, son éloquence et sa force de persuasion. En cela, il rejoint la qualité des prestations des Edouard Philippe, des Nicolas Sarkozy et autres.

D’aucuns diront, à raison, que c’est ‘’leur métier’’. C’est vrai, mais tous n’ont pas la même éloquence. À titre d’exemple, les congressistes se souviendront longtemps de la réplique tonitruante de Nicolas Sarkozy, quand l’animateur, sûr de son effet, avait lancé le vieux lion sur le sujet de la pertinence de la verticalité du pouvoir contre l’horizontalité pour le moins indécise des grenelles ou autres conclaves. Je revois encore François Xavier Izenic se délecter devant la déclamation rugissante qu’il avait provoquée.

Pour conclure, rapportons la confidence de Laurent Abitbol, se permettant de préciser que Gabriel Attal est le seul des ‘’invités d’honneur’’ à avoir refusé de percevoir un cachet. Ce dernier a été reversé à une société caritative.

Terminons sur le final de Grabriel Attal qui a littéralement subjugué son auditoire. François Xavier Izenic devait clore la séance question/réponse en raison d’un timing serré, laissant pas mal de mains levées. C’est alors que Grabriel Attal a proposé de prendre, en une fois : ‘’une grappe de question’’. Il eut droit à une déferlante : 6 longues questions. Sans avoir pris de note, il a commencé, l’imprudent, à répondre à la dernière, laissant penser qu’il avait oublié la première. Que nenni, Il a enchaîné les explications, tranquillement et avec force de détails pour répondre à tout le monde.

Quitte à le redire, c’est son métier, mais quand même…

La Marseillaise comme il se doit.

 

 

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