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Souvenir… souvenir … de Bernard Personnaz lors d’un ‘’Top Résa de la période de Deauville’’


Publié le : 26.10.2025 I Dernière Mise à jour : 26.10.2025
I Crédit photo

Auteur

  • Bernard Personnaz

C’est la Turquie qui a tiré son premier bouchon de champagne, suivie immédiatement par le stand de Chypre qui semblait riposter

Les bombinettes sur pattes ont aussi entendu les premières déflagrations.

Elles esquissent 2 ou 3 pas de danses suggestives en se dirigeant vers le bar du Rhum-qui-tue.

C’est reparti pour 1 heure !

 

A vos carnets, à vos contacts.

 

L’animation redouble, de plus en plus fort. Des tambours assourdissants d’un invraisemblable capharnaüm se lancent, en provenance du stand de la Réunion.

 

Les « sans cravate », dépoitraillés, sont déjà sur place.

Ils ont les cheveux gominés, style levantin et l’œil brillant, comme attirés par ces canonnades de bouchons de champagne que l’on entend de partout maintenant, venant de stand en stand.

On voit leurs chainettes en or étinceler, entremêlées avec leurs poils grisonnants. « Vient Coco, je t’offre une coupe ! ».

 

Ceux qui ne sont pas invités (qui n’ont pas de champagne), se lancent comme moi à la recherche des stands aux sources intarissables du liquide jaune.

 

Le ton a encore monté ; on tire l’oreille pour se comprendre

On se reconnait, on se donne du « comment tou va Coco » à tout va.

On s’embrasse en se prenant la tête.

La fête a démarré.

 

Un mystérieux aimant m’attire vers l’un des stands les plus en vue, celui d’Air France où se presse une foule autour d’un très grand buffet. Normal, c’est Air France !

 

Je reconnais quelques figures incontournables de la profession, sans savoir mettre un nom sur leur tête. Sûrement des gens très intéressants qui exhibent leur « autorité naturelle », comme ce qui ressort en premier dans les annonces de recherche d’emploi que je consulte tous les jours.

 

Plusieurs bouchons de bouteilles de champagne ont sauté presqu’en même temps ;

 

C’est un signal fort.

 

Du haut de mes trente ans, j’observe les castes de la profession ; ma machine à cataloguer (ma mémoire interne) se met en marche.

 

Je retombe sur les bombinettes, lascives, immenses jambes longues, parlant fort et poussant leur cri de guerre (hihihi) entourées de DB (Djeun’s-beau) qui font les paons.

 

D’autres « Djeunes-Déjà-Vieux, (DDV), en complets veston gris + cravate rose, se donnent un air très affairé : « On se voit plus tard ». A ne pas déranger.

 

D’autres plus âgés encore, drapés dans leur dignité de ministre, picorent le buffet, bloquant la place : ce sont les ZO (zofficiels) et autre ZINS (zinstitutionnels), offices de tourisme, consultants.

Impossible de passer.

Ils ont peut-être un job pour moi, qui suis en pleine recherche d’emploi.

 

Je croise aussi des VTJ ou JT (Vieux-Toujours-Jeunes), de la catégorie des « Je T’explique ». Ceux-là sont reconnaissables dès leurs premières phrases qui commencent toujours par : « comment vas-tu » ou « alors, que deviens-tu ? suivies très vite par « Moi je m’occupe de ça ou ça ».

 

Un peu plus loin, passent des stagiaires qui font leurs études à l’EFAP (Ecole Française des Attachées de presse). Elles se déplacent en groupe, comme des oies blanches et passent tout près de moi en jacassant, avec des regards à faire se retourner la moitié des VTJ qui stoppent un instant leur monologue, avec des regards en biais.

 

Je passe près d’un groupe de « Séguela-VBTB » (Vieux-Bonzes-Toujours-Bronzés), très décontractés, au rire très sonore, veste + jean et pompes marron clair ou carrément baskets, qui se donnent un air plutôt sympa : ils parlent très fort , eux aussi.

 

Leurs yeux balayent l’espace et lancent des regards comme des mitraillettes, comme pour accrocher une connaissance qui passerait dans le coin.

 

Un vieux très allumé et tout rouge attire un instant l’attention d’un groupe qui part dans un fort éclat de rire. Le rire a cessé puis est reparti encore plus fort, comme un pétard mal éteint. Il fait partie de la caste des CQST (ceux « qui-savent-tout »).

 

Derrière moi, une moustache grise, costume impeccable, parle chiffres avec une barbe blanche. Ils doivent appartenir à la caste des V, les « vénérables », ceux dont on imagine qu’ils gagnent beaucoup d’argent. Tête de réseau ? Directeur Général d’une chaîne hôtelière ou directeur commercial d’une compagnie aérienne ? En tous cas, on n’oserait surtout pas les déranger…

 

Tout près, 2 jeunes commerciaux comme moi, se racontent les potins de la profession, leurs dernières visites à des agences de voyages s’échangent des contacts. Je tends l’oreille. Ça a l’air sérieux. J’aimerais les connaitre.

 

Mais la sonnette retentit encore, tandis qu’une voix suave invite les exposants et les visiteurs à quitter les lieux, donnant une nouvelle fois le signal du départ.

 

A regret, je me dirige vers la sortie, pris dans un entonnoir- rouleau compresseur de gens qui parlent, qui chantent, qui se reconnaissent : « Tu vas bien ? »

 

Allez, on s’embrasse et on se quitte, content.

 

Il est tard et je fais route vers la maison où je sais que l’on va me reprocher mon arrivée tardive.

 

Est-ce qu’ils savent seulement que j’ai vu là des professionnels qui ont fait le tour du monde ?

 

Bande d’innocents, va !

 

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