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Bernard Personnaz : l’homme au 27 000 contacts personnalisés du secteur du tourisme


Publié le : 30.09.2025 I Dernière Mise à jour : 30.09.2025
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Auteur

  • Michel Messager

Si tout le monde le connait, lui aussi connait tout le monde : du PDG au directeur commercial, du représentant au vendeur, du comptable au directeur financier… pas un nom ne lui échappe !

« Je vous parle d’un temps où les jeunes qui travaillent aujourd’hui dans le secteur du tourisme ne peuvent pas connaître… »

La rubrique de Michel Messager

 

Portrait

L’Homme des fichiers : toujours prêt à converser, échanger, discuter, Bernard Personnaz est avant tout pour la profession l’homme du Québec : 92 vols entre Paris et la Belle Province qui dit mieux ? Dans la profession tout le monde connait cet homme affable, convivial et généreux.

Le secteur du tourisme se connait par ses gens passionnés, mais Bernard, lui c’est le cas extrême. Il aime tellement sa famille du tourisme, que depuis plus de cinquante ans, il enrichit, modifie, complète sa base de données de plus 27 000 contacts dans le monde entier, travaillant dans 17 000 entreprises, avec au moins 600 critères d’entrée par entreprise. Idéal pour cibler des contacts précis pour une opération spécifique.

Un cas unique ce Bernard… lui qui tous les jours que Dieu fait, bénit la date du 1er avril 1977 !!! Cette date anniversaire célèbre l’arrivée du premier ordinateur Apple II. Du coup, il abandonne sa gomme, son crayon et ses petites fiches bristol… pour entrer désormais dans la 4ème dimension.

Mais laissez-moi vous racontez son histoire unique dans la profession. Je ne me lasse jamais de la raconter et qui vous permettra de connaitre son idole : Fernando Da Costa !

Bernard est d’une génération où l’on ne coupait pas au service militaire. Aussi après avoir terminé Sup de Co le Havre, il part faire son service dans le cadre de la coopération au soleil, à Abidjan capitale de la Côte d’Ivoire. Retour à Paris, il lui faut trouver un job, mais pas n’importe lequel : « un job au soleil. »

Le Club Med ne répondant pas à ses sollicitations, il se tourne vers une autre société qui lançait son premier village de vacances à Skanès : Club Vacances. Filiale de la Scac (actuellement groupe Boloré), son directeur général, le ‘’grand et célèbre Pierre Amalou’’ accepte de l’embaucher. Comme premier patron on ne pouvait espérer mieux ! On était en 1971.

Nommé « commercial province », le voilà parti, au volant de sa petite Peugeot 204, pour présenter la brochure aux agences de voyages sur les routes de France. De ville en ville et d’agence en agence, que ce soit pour Club Vacances ou plus tard pour une autre société, Club Marcus, Bernard roule, roule...

A l’époque il y avait 3000 agences et comme le dit Bernard « j’ai bien dû en visiter 2000 en 10 ans, parcourant toutes les régions de France. »

Il s’épanouissait pleinement dans son job, qu’à l’époque on dénommait tout simplement ‘’démarcheur’’ : « J’adorais ces contacts avec ces agences qui me donnaient de précieuses informations sur leurs clientèles avides de partir dans un club de vacances. J’apportais avec moi un projecteur de films et présentais mon film sur la Résidence Club de Skanès projeté sur une feuille de papier, hâtivement collée sur le bord du comptoir. »

Déjà sur son cahier à spirale, il notait minutieusement tout ce que l’on lui racontait : anecdotes, avis, conseils… sans oublier les indispensables que sont les adresses, les numéros de téléphones, de fax, parfois oh ! modernité le télex et le type d’agence… plus un résumé de l’entretien et surtout le profil de la vendeuse ou du vendeur contacté, voire celui du patron. Très vite, ce cahier était devenu « le cahier du Major Thomson », tant il comportait d’informations.

Il faut bien avouer qu’à l’époque les fichiers étaient plus que sommaires et que les démarcheurs n’étaient pas des ‘’obsédés’’ de l’écrit.

Ce constat était aussi celui de Bernard Personnaz : « Dans une ville comme Lorient par exemple, il y avait à l’époque 6 agences de voyages, toutes identifiées comme ‘’agences détaillantes’’ que je classais très vite en ‘’agence autocariste’’, ‘’agence groupes’’, ‘’agence appartenant à un réseau’’. En organisant des soirées de présentation de programmes de ville en ville, j’étais souvent surpris du manque de communication entre ces entreprises qui vendaient toutes mes programmes. »

De mois en mois, de visites en visites, le cahier à spirale est devenu classeur, puis des dizaines de classeurs… Une véritable obsession pour Bernard, avouant lui-même : « je les emmenais même en vacances pour rectifier les contacts au tipex, car les employés changeaient, déjà, fréquemment d’agences. »

En ce temps-là, il était sans doute l’un des rares, sinon le seul, quand une agence rencontrée au hasard des allées de Top Résa lui tendant la carte de la nouvelle société qui venait de l’embaucher, il pouvait lui répondre : « oui, je sais tu es maintenant chez x depuis 3 semaines » !

Et voilà le travail, pourrait-on dire, mais quel travail !!!

Avec Bernard Personnaz, la ‘’Digitalisation de la relation client’’ était née quarante ans plutôt.

Ce qui a considérablement fait évoluer, ce qu’il avait coutume d’appeler dans son langage crypté, sa MBDD (Merveilleuse Base de Données), c’est l’arrivée du guide Icotour et de son génial inventeur !

Fernando Da Costa avait tout compris, bien en avance, sur les fichiers, structurant par activité les différents secteurs de la profession. Tout y était dedans, classé par secteur : Air, Mer/Fleuves, Route/Rail, Hôtels, Affaires, Agences et divers…Une bible, remise à jour chaque année pendant des dizaines d’années, avant que son œuvre ne soit revendue au prix fort.

Le 24 février 1987, l’homme des fichiers va devenir l’homme du Québec.

Sur son 31, dans l’escalier qui le mène à la Délégation Générale du Québec, il relit une dernière fois l’annonce : « cherchons démarcheur pour vendre la destination Québec aux professionnels français et belges. » La veille, pour se mettre dans l’ambiance, il était allé voir le film le ‘’ Le déclin de l’empire américain ‘’ le film québécois réalisé par Denys Arcand. Il aurait mieux fait de rester couché avouant lui-même : « en sortant je m’étais dit que ce n’était pas la peine de rêver car je n’avais pas compris le quart du film à cause de l’accent. »

L’interview commence par des questions croisées dans tous les sens, auxquelles tente de répondre Bernard avec difficulté ne comprenant pas toujours, le sens… encore ce ‘’maudit’’ accent… Quand arrivé la question sur ses connaissances, ses liens et ses contacts avec les agences et les voyagistes… Le graal pour Bernard qui fait un véritable show.

Le verdict tombe : « Parfait. Vous débutez le 1er avril. Voici votre billet d’avion pour aller signer au Ministère du Tourisme à Montréal. » Il y avait 120 candidats pour le poste.

Au fond de lui-même et avec le recul, Bernard ne peut que penser : « quel employeur de nos jours donnerait une telle chance à un candidat qui ne connaissait même pas l’Amérique du Nord. »

C’était parti pour une collaboration de 25 ans ou il finira Directeur commercial de l’Office du tourisme du Québec/Destination Québec.

Petite anecdote : il venait juste de démarrer à l’Office du Tourisme du Québec. « Un lundi matin, Winter Location, prestataire de camping-cars au Québec, vient me voir, cherchant quels TO pourraient référencer ses véhicules dans leurs brochures. En quelques clics, je lui sors une liste de 20 contacts à voir, classés par quartiers pour qu’il ne perde pas de temps à traverser Paris en tous sens. Puis je les appelle tous devant lui avant de lui remettre sa feuille de route. De retour au Pays, Alain Winter a été le premier des prestataires à faire ma publicité en me donnant du ‘’Monsieur Québec’’ » à tout va ! Depuis, je dois connaitre 700 entreprises du tourisme au Québec dont certaines m’appellent encore ‘’Monsieur Québec’’ grâce à ma base de données ! »

Aujourd’hui, grâce à l’abnégation de Bernard et des nouveaux outils technologiques sa base de données est plus vivante que jamais. Grace au logiciel File Maker Pro de sa MBDD, il peut créer à l’infini des champs qui lui permettent de cibler ses contacts : le profil de la société, son chiffre d’affaires annuel, son activité (parmi plus de 125), les pays programmés (parmi 145). Il peut ressortir en un clic toutes les voyagistes qui font du Fit, des groupes, des activités diverses (parmi une soixantaine), mais aussi contacter plus de 2000 réceptifs en France ou dans le monde, par mails, parfois même par SMS.

Quand on demande à Bernard Personnaz quel est son meilleur souvenir, il répond : « Lorsque mon ancien directeur de l’Office du tourisme du Québec qui était un orateur de talent avait fait un discours aux professionnels québécois disant : « Bernard, l’homme le plus connu au Québec après le Général de Gaulle » ! On en avait beaucoup ri, bien qu’il me surnommât souvent en France « Bernard et ses maudits fichiers » C’était non seulement un compliment mais une sacrée reconnaissance. »

Ses plus grands regrets : « Que le guide Icotour ait disparu et que la communication actuelle avec des entreprises en soit réduite à des courriels, des visio-conférences et de moins en moins par des visites sur place. »

Sa plus grande angoisse : « la sortie de mon livre ‘’Quebec au Cœur’’, préfacé par Robert Charlebois et dans lequel avec mon complice Jean-Pierre Doche, lui aussi un ancien du tourisme (Via, Touropa, Go Voyages...), livre dans lequel je rends hommage à « mon » Québec au travers 40 portraits de personnages vrais et charismatiques. On en a quand même vendu les 2000 exemplaires ! »

Comme l’avoue Bernard à la fin de l’un de nos entretiens : « C’est toute une affaire que cette histoire de fichiers ! Et finalement je ne l’ai pas regretté car tout au long de ma carrière professionnelle. J’ai été porté par mes contacts et au travers d’eux par le contact humain avec des professionnels du tourisme dont je suis encore les pérégrinations depuis plus de 50 ans… »

Aujourd’hui, Bernard Pesonnaz continue sa passion en conseillant et représentant trois prestataires touristiques du Québec : le Parc Oméga en Outaouais (400 000 clients), l'Auberge le Baluchon éco-villégiature en Mauricie, et l’Hôtel Cap aux Pierres sur l’Isle aux Coudres, tout en mettant quotidiennement à jour sa base de données… sur son ordinateur, en se servant pour les envois du logiciel Excel dont la première version sort en 1985… Le progrès c’était aussi hier, d’ailleurs le créateur d’Excel Charles Simonyi, l’un des principaux acteurs de Microsoft, le 7 avril 2007 embarque à bord de Soyouz TMA10 pour un voyage de 14 jours, faisant ainsi parti des premiers touristes de l’espace.

Avec les fichiers de Bernard, on revient toujours au tourisme.

 

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