
Les actions de la délégation spécialisée des Entreprises du Voyage (EdV) face à l'émergence de nouveaux acteurs non réglementés. Interview de Frédéric Savoyen, CEO d’Eluxtravel
Le secteur du voyage fait face à une multiplication d'acteurs non réglementés qui profitent de la révolution technologique pour contourner les obligations légales imposées aux agences de voyages traditionnelles. Cette situation crée une concurrence déloyale et pose des questions de protection du consommateur.
Objectif de la délégation : clarifier les règles du jeu et sensibiliser tant les professionnels que le grand public aux risques liés aux pratiques non réglementées. Cette dernière est à la disposition de tous les agents de voyages membres des EdV.
Interview de Frédéric Savoyen, CEO d’Eluxtravel
Tour Hebdo : Comment faites-vous pour détecter les travel planners qui exercent illégalement ?
Frédéric Savoyen : Nos meilleurs ambassadeurs, finalement, ce sont quand même les agents de voyages qui sont eux confrontés souvent à cette concurrence illégale. L’information remonte quand des clients à eux avouent être passés par un travel planner. Également, dans le cadre de leur post sur le net, ils parviennent à détecter les travel planners qui sont très présents sur les réseaux sociaux. Avec un peu de veille, on tombe sur ces acteurs assez facilement qui investissent la toile de façon intempestive. C’est souvent pour eux le seul moyen de se faire connaître.
Tour Hebdo : Combien de temps consacrez-vous à cette délégation ?
Frédéric Savoyen : C’est un peu tous les jours. Les agences qui se font voler illégalement un dossier n’hésitent pas à m’appeler. Dans ce cas ils sont très énervés, ce qui est totalement compréhensible. Le problème, c’est le travel planner sorti de la légalité. Il ne se contente pas de donner des conseils, ce qui d’une certaine façon serait acceptable. Mais il parvient à se faire rémunérer par les réceptifs et parfois même les TO.
Tour Hebdo : Que dites-vous à ces agences qui vous appellent ?
Frédéric Savoyen : Qu’ils peuvent dans un premier temps prendre contact avec eux et leur expliquer la loi, le risque d’encourir de grosses amendes, de subir des peines de prison. Les conséquences sont quand même graves… Souvent, c’est suffisant. Il y en a un bon deux tiers, si ce n'est plus, qui se mettent en règle ou arrêtent cette activité-là. Ensuite nous expliquons la gravité de la situation, voire même des risques de prison avec des exemples de situations similaires. Mais pour cela, il faut attendre que les décisions de justice soient rendues, sinon nous encourons un risque de diffamation. Le problème, ce sont les délais. Les décisions de justice peuvent courir sur des années… Mais une fois que le jugement est rendu en notre faveur, nous le faisons savoir pour que ça puisse servir d’exemple à l’ensemble.
Tour Hebdo : Vous communiquez sur ces cas
Frédéric Savoyen : Effectivement. C’est le but : montrer à la profession que non seulement on gagne nos procès, mais qu’on ne laisse pas nos adhérents sans agir. L’objectif de ces actions de justice est donc double : arrêter le commerce illégal et le faire savoir pour en éviter sa propagation en faisant de la pédagogie du style : on ne se fait pas soigner par un charlatan, mais par un médecin qui a son diplôme. En passant par une agence de voyages, en cas de problème, elle sera là pour garantir le bon déroulé du voyage.
Tour Hebdo : Sur le plan pratique, les juges comprennent bien vos revendications ?
Frédéric Savoyen : Oui. Ils connaissent la loi. Et puis sur ces affaires, il y a déjà beaucoup d’écrits. Des jugements qui réexpliquent les règles. Les juges sont bien avertis. La communication, de professionnel à professionnel, passe bien.
Tour Hebdo : Vous vous occupez de cette délégation depuis combien de temps ?
Frédéric Savoyen : Ça va faire un an et demi. Je suis rentré au conseil d'administration au dernier conseil.
Tour Hebdo : Vous êtes bénévole ?
Frédéric Savoyen : Complètement, oui.
Tour Hebdo : Une phrase de conclusion ?
Frédéric Savoyen : On est là pour mettre un peu en exergue ceux qui mélangent révolution technologique et révolution légale.
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