Les Français sont des gens extravagants. C’est bien simple, il suffit qu’un jour férié tombe un jeudi pour qu’il leur pousse l’idée folle de s’évader en week-end de quatre jours. Et en avion, s’il vous plaît. Des dingues on vous dit. Quand on voit l’état des aéroports ces jours de transhumance express, on se dit qu’ADP et les compagnies ont encore bien du boulot (lire notre « Événement » p. 8 et 9). Petit flash-back. C’est l’automne, Roissy est nimbé dans le brouillard du petit matin. On arrive sagement 2 h 30 avant le décollage, une avance somme toute raisonnable pour un court-courrier. Là, face à la meute de voyageurs massée en vrac dans la zone d’enregistrement, une décision s’impose : trouver les bornes. Tel le Panurge des temps modernes, on se rue sur le support électronique le plus proche, censé remplacer avantageusement le sourire de l’hôtesse. Reste à se débarrasser d’une valise surdimensionnée pour entrer dans les racks, en tentant de se frayer un chemin sous une arche opportunément baptisée « dépose-bagage ». 1 h 35 plus tard d’un indicible capharnaüm, on arrive à hauteur d’une… hôtesse, chargée d’aiguiller les passagers vers un comptoir. Question bête à l’humanoïde : « Qu’est-ce qui justifie une telle pagaille ? ». Réponse péremptoire de la créature en chair et en os : « Nous sommes le 11 novembre madame, et tous nos vols sont pleins ». Où avais-je la tête ? Sûr qu’anticiper un taux de remplissage optimum un jour de célébration d’armistice, ça tient de l’imprévu. Comme le 8 mai, la veille de Noël, la Pentecôte, le 15 juillet, le 15 août… J’oubliais : la scène n’a pas lieu au T3 mais au 2F, la compagnie n’est pas une low cost, aucune catégorie de personnel n’est en grève. Et y’a pas de neige…