Dans le tourisme aujourd’hui, il ne fait pas bon être Allemand. Un tribunal de Stoke (dans le centre de l’Angleterre) vient ainsi de condamner le tour-opérateur Thomson à verser des dommages et intérêts à un touriste britannique qui trouvait qu’il y avait trop d’Allemands dans son hôtel en Grèce ! Par ailleurs, je ne sais pas s’il y a un rapport de cause à effet (n’exagérons rien), mais depuis que les centres de décision de TUI Travel et de Thomas Cook ont basculé de l’Allemagne vers l’Angleterre, ces groupes ont retrouvé le chemin de la croissance. Regardez Thomas Cook en France qui, depuis des années, traînait comme un boulet sa digestion ratée du joyau Havas Voyages et surtout l’ardoise totalement prohibitive qu’il avait dû régler pour racheter ce dernier. En mettant la main sur Jet tours, Thomas Cook revient sur le devant de la scène et offre à son réseau de distribution un éventail de marques TO à faire pâlir de jalousie : Thomas Cook, Jet tours, Austral Lagons, Aquatours, sans oublier Club Med avec lequel il en profite pour renforcer un peu plus ses liens. Excusez du peu ! Certains tour-opérateurs peuvent légitimement s’en inquiéter, au premier rang desquels Kuoni. En France en effet, Thomas Cook est le premier revendeur du voyagiste suisse, et de loin ! Dans une interview à Tour hebdo le 16 mars 2007, Emmanuel Foiry affirmait alors que Thomas Cook réalisait 15 % de ses ventes, soit la bagatelle de 36 millions d’euros (aujourd’hui, ce chiffre serait plus proche de 50 millions d’euros). On observera donc avec attention la réaction dans les prochaines semaines de Kuoni qui se mord peut-être déjà les doigts de ne pas avoir mis le prix pour racheter Jet tours quand il était en discussion avec le Club Med il y a quelques mois. Thomas Cook, lui, n’a pas hésité à mettre 70 millions d’euros sur la table. Trop cher ? Pour couper court à toute spéculation, Denis Wathier, le patron de Thomas Cook, généralement avare d’informations chiffrées (et d’informations tout court), s’est empressé de révéler le résultat opérationnel que Jet tours devrait réaliser à la fin de son exercice en cours, au 31 octobre prochain, soit 8 millions d’euros. Si on l’en croit, Thomas Cook aurait donc acheté la filiale du Club Med pour l’équivalent de 9 fois son résultat opérationnel. Un multiplicateur raisonnable dans le monde de l’économie traditionnelle. Et qui, du même coup, le replace dans la course qu’il se livre avec TUI Travel.