La filiale française de Thomas Cook est à l’image de son patron Denis Wathier : animée d’une ambition dévorante. De toutes les façons, elle n’a pas le choix. Il lui faut grossir et grossir encore car sur le marché hexagonal, elle ne pèse pas encore très lourd (lire pages 6 et 7). Elle a donc commencé par convoiter Fram, mais s’est vite retirée du jeu, refroidie par l’inextricable (et suicidaire ?) conflit familial qui oppose Georges Colson à Marie-Christine Chaubet. Depuis lors, elle a jeté son dévolu sur Jet tours dont le Club Med ne veut plus. Le « haut de gamme, conviviâââl et culturel » cher au fiston de « l’ex », le bien nommé Henri Giscard d’Estaing, c’est bien, mais sans Jet tours, c’est encore mieux. En économie, la vérité du jour est rarement celle du lendemain. Bref, si l’opération se concrétise, Thomas Cook va se rapprocher un peu plus de TUI Travel qui a toutefois pris une longueur d’avance. Pour la distribution, la formation de ces deux pôles n’est pas très rassurante, loin de là. Elle va devoir faire face à deux fournisseurs majeurs, dotés eux-mêmes de réseaux de distribution puissants. Les agences Nouvelles Frontières, les 150 points de vente Havas Voyages et les quelques franchisés Marmara d’un côté. Les agences Thomas Cook et les 143 enseignes Jet tours de l’autre. Cela commence à faire beaucoup. Pour les réseaux volontaires, l’étau se resserre. Ils ne pourront rester bien longtemps les bras croisés. Chez Afat et Selectour, certains n’hésitent pas à appeler de leurs vœux un rapprochement entre les deux réseaux, culturellement proches. Le rachat probable de Jet tours par Thomas Cook leur donne un argument supplémentaire et pourrait bien accélérer une consolidation de la distribution en France, devenue inéluctable. Rien à voir avec tout ça mais, dans les coulisses, on en a beaucoup parlé cette semaine : il semblerait que Selectour soit sur le point de ne plus inclure l’adhésion au Snav dans sa cotisation annuelle. Il laisserait donc à ses membres la liberté de choisir d’adhérer ou non au syndicat. Ça sent la défection massive, cette affaire. Pour le Snav aussi, l’étau se resserre.