Nom de code : Air France Soleil. Objet : création d’une compagnie hybride. Mission : servir de bras armé contre la pieuvre low cost… Ambiance James Bond chez la compagnie nationale, où l’on apprend, d’après les révélations du quotidien La Tribune du 17 novembre dernier, qu’une petite cellule travaillait en secret au lancement d’une nouvelle filiale sur le marché français. La recette du président d’Air France ? Dosée façon Dry Martini :
– Un zeste de mauvaise foi : côté loisir, Jean-Cyril Spinetta jure depuis la fermeture d’Air Charter en 1997 qu’on ne l’y reprendra plus ; côté low cost, il avait promis que jamais ô grand jamais il ne s’engagerait dans cette voie qu’il voue aux gémonies dès qu’il en a l’occasion. La preuve ? Le futur opérateur n’est ni une compagnie charter, ni une compagnie à bas coût, mais… les deux. Rien à voir donc.
– Un doigt de souplesse et d’agilité sous le costume : il en faudra pour faire le grand écart entre les allottements des TO et les ventes directes sur le web en tarification low cost. Les yield managers sont sur les dents.
– Une bonne rasade de relations en haut lieu : on attend de voir comment Air France Soleil va négocier ses taxes avec les aéroports que sa maison mère a attaqués en justice, pour les conditions tarifaires concédées à ses concurrentes low cost…
Un cocktail apparemment improbable qui, une fois bien secoué, a pourtant tout d’une « Licence to kill ». Le modèle mixte a déjà fait ses preuves ailleurs en Europe, à commencer chez AF/KLM avec la filiale Transavia, qui sert aujourd’hui de base à la création d’Air France Soleil. Associé à la force de frappe de la compagnie nationale, le duo low cost/charter pourrait bien jouer les rouleaux compresseurs. Et, sous couvert de faire entrer dans un premier temps un opérateur supplémentaire, laminer finalement toute concurrence. En attendant, hasard du calendrier, XL Airways France (ex-Star Airlines) présentait cette semaine sa nouvelle stratégie, mixte elle aussi, espérant bien renouer avec les profits. Deux événements pour un constat : le charter « à la papa » est moribond. Une troisième voie, entre le discount et le charter pur et dur, réconciliera, peut-être, la rentabilité aérienne sur le loisir et les intérêts des voyagistes… Un scénario, une fois n’est pas coutume, où tout le monde gagne à la fin ?