Bon, on a compris. Après le déferlement de protestations provoqué par l’initiative de Marmara, il y a décidément des choses qu’il ne faut pas dire dans ce secteur. Interdiction de sortir des sentiers battus et rebattus. Hervé Vighier, le patron de Marmara, a commis un crime : parler ouvertement de tarifs nets sur des produits dégriffés (lire aussi page 8). Depuis quelque temps déjà, de nombreux tour-opérateurs pratiquent en toute discrétion les tarifs nets sur des promotions avec certaines agences en ligne sans que cela n’émeuve personne. Mais là, c’est trop, Hervé Vighier a franchi la ligne jaune, il a parlé. Erreur fatale !
Le microcosme de la distribution ne peut en supporter davantage, il s’agite, il s’excite, il gesticule. Et convoque derechef au Snav le tribunal des réseaux le jeudi 5 octobre (hier). Accusé Vighier, levez-vous ! Entre le bûcher et la guillotine, les petits juges trancheront. Pendant ce temps-là, les agences en ligne se gaussent. Premières visées (et de loin !) par la création du site firstchoice.fr, elles n’en reviennent toujours pas de l’aubaine. Elles ont trouvé dans les réseaux des alliés inespérés qui vont au combat à leur place et font le boulot. Incroyable ! De là à supposer, qu’en sous-main, elles soufflent gentiment sur les braises… Mais n’en doutons pas, le Snav va mettre de l’ordre dans tout ça. Dès qu’il s’agit de principes et de déontologie, le Snav ne transige pas et fait preuve d’un courage inégalé. Comme celui qui l’a amené à radier Elégance après l’affaire que l’on connaît tous, et surtout après que ce dernier a déposé le bilan. Quelle bravoure, quel cran ! Et l’on s’étonne encore que des acteurs comme Hervé Vighier, à la tête d’un petit TO sans importance, démissionne du Snav, comme l’a révélé notre confrère Tourmag (démission qui a eu lieu avant l’été mais qui, bizarrement, n’est mise au jour que maintenant). Bref, que certains patrons de réseaux prennent une posture et versent dans la démagogie, on peut (parfois) en comprendre l’utilité politique. A condition toutefois que cela s’accompagne d’une véritable stratégie.
Mais posez-leur la question suivante : « quelle est votre stratégie pour vendre davantage de forfaits, plus vite et mieux ? » Vous verrez, à partir de là, ça commence en général à devenir intéressant. Une stratégie, mais quelle stratégie ? Certes, ne changeons rien car il n’y a pas lieu de s’inquiéter : selon le COE, la vente de voyages à forfaits en agence est en baisse de 4,4 % au premier semestre après avoir reculé de 1,25 % en 2005.
Des chiffres encourageants qui s’ajoutent à la perspective réjouissante de la baisse de la commission SNCF dès le 1er janvier et à la fin des mesures d’accompagnement d’Air France en avril prochain. Mais chut, il ne faut pas le dire…