Quand le Canard Enchaîné s’attaque au monde du tourisme, curieusement, ça sent le réchauffé. L’hebdomadaire satirique a décidé de s’offrir le secteur touristique sur un plateau, dans un supplément de 82 pages paru mercredi 12 avril. Comme à son habitude, le volatile tire à vue. Tout y passe, des chambres d’hôtes au Club Med, Fram, Cuba, les low cost ou le tout-compris. Ca s’annonçait plutôt croustifondant. Mais à vouloir lever les gros gibiers du secteur, bons mots à l’appui, le canard prend du plomb dans l’aile : clichés, informations périmées et approximations émaillent le dossier. On est ravi d’apprendre, par exemple, que Philippe Demonchy occupe toujours son siège de président de Selectour, ou que Gérard Brémond, qualifié de « personnage bétonnant », préside encore aux destinées de Maison de la France ! En fait de béton, c’est un peu léger… Symptomatique de ce flou artistique, l’article consacré à Fram, qui se veut très au fait des « bisbilles familiales », mais laisse entendre que Georges Colson, en photo d’ouverture, est encore aux commandes du groupe, et souligne des désaccords avec une soit-disant « belle-fille », sans doute en référence à la nouvelle patronne et fille du fondateur Marie-Christine Chaubet… Mais ne jetons pas le canard avec l’eau de la mare. Le volatile a tout de même le mérite de pincer là où ça fait mal, épinglant tour à tour la taxe Chirac, le bien-fondé de la liste noire aérienne, les effets pervers du hard-discount et « tous les élus qui pensent avoir des compétences dans ce domaine, parce qu’ils sont déjà partis en vacances »… Salutaire, malgré quelques boulettes de gros calibres.