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Édito

L’Etat contre le tourisme


Publié le : 24.02.2006 I Dernière Mise à jour : 24.02.2006
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L’Etat contre le tourisme I Crédit photo François-Xavier Izenic

Auteur

  • François-Xavier Izenic

Ce que j’écrivais, fut une époque, à propos du Snav peut aussi bien convenir à l’Etat. Ce qu’il y a de bien avec lui en effet, c’est qu’il ne déçoit jamais. On s’attend au pire : il fait pire. La machine étatique est bonne fille. Elle fournit, sans barguigner, tous les arguments qui serviront à l’accabler. Son imprévoyance est confondante. Regardez ce qui se passe à La Réunion où sévit le chikungunya, le « chik » comme on l’appelle dans l’île. Ce virus touche aujourd’hui 100 000 personnes, bien plus selon les médecins locaux. Chaque semaine, 20 000 nouveaux cas sont déclarés. On évoque même des cas mortels bien que l’on ne connaisse finalement pas grand-chose de cette « maladie de l’homme courbé ». Ce qu’on sait en revanche, c’est que les dégâts collatéraux sont énormes, notamment sur le tourisme. Non seulement pour les tour-opérateurs pour lesquels La Réunion représente tout de même la bagatelle de 40 000 forfaits chaque année, mais aussi pour l’activité locale dont le comité du tourisme estime qu’elle sera en baisse de 70 % lors des cinq mois à venir. Comment un tel désastre a-t-il pu se produire alors que la première alerte au chikungunya remonte à avril 2005 ? Les pouvoirs publics n’ont manifestement pas su prendre les mesures d’urgence à temps, au moment où elles auraient encore été très efficaces, comme si les leçons de la canicule en 2003 n’avaient pas été retenues. Autre imprévoyance, autres ravages : l’affaire des passeports biométriques est aussi symptomatique de l’incapacité congénitale de l’Etat à anticiper une catastrophe annoncée. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir été prévenu très en amont par les Etats-Unis. Mais là encore, cafouillages, incompétences et conservatismes syndicaux ont mené là où on sait. Résultat : ces deux affaires sont en train de coûter plusieurs centaines de millions d’euros aux professionnels du tourisme qui avaient évidemment bien besoin de ça, histoire de ne pas perdre la main entre crise économique, terrorisme et catastrophes naturelles. Que l’Etat ne fasse rien en faveur du tourisme, c’est une chose entendue, à tel point que l’existence même d’un ministère du Tourisme reste un vrai mystère. Mais au moins qu’il s’abstienne de jouer contre le tourisme et tout le monde s’en portera mieux.

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