Nous y voilà. La grippe du poulet est aux portes de notre beau pays, prête à faucher tous nos poulaillers. Adieu poulet, on t’aimait bien. Mais vous le savez, dans cette histoire, l’aimable gallinacé n’est pas le seul menacé. Les hommes aussi ont du mouron à se faire. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les informations. Devant la progression du virus en effet, la basse-cour médiatique s’est empressée de raviver les scénarios du pire, citant des spécialistes qui prévoient jusqu’à 150 millions de morts dans le monde ! Rien que ça ! Quand vous jetez ça en pâture à la volaille qui fait l’opinion, ne vous étonnez pas ensuite que le flip du poulet se répande comme une traînée de poudre. Les médias ayant pris la détestable habitude de sacraliser la parole de « l’expert », ils nous imposent chaque jour un nouveau savant sorti du diable Vauvert. Aujourd’hui, j’ai pu lire ainsi les éclairages très éclairants d’un certain professeur Jean-Claude Manuguerra de l’institut Pasteur. Cité par l’AFP, il nous dit ceci : « le fait que l’Afrique soit désormais touchée renforce les craintes d’une pandémie mondiale d’ici quatre à cinq ans ». Tiens, prends-toi ça et démerdes toi avec ! Sans autre forme d’explication, ce monsieur affirme, certifie, garantit. Sûr de lui et de ses prévisions. Un expert en somme. Mais, profitant du micro qu’on lui tend, il continue sur sa lancée et dit s’inquiéter aussi de l’interférence avec le sida ! Aussitôt les idées se bousculent dans ma tête et j’imagine le pire : un homme ayant des relations avec un poulet sans protection (et je ne parle pas des relations avec les forces de l’ordre bien entendu), une vraie folie quand on sait que ce dernier est réputé pour avoir la cuisse légère et des mœurs volages. Heureusement, reprenant ma lecture et mes esprits, je me rends compte que le professeur Manuguerra ne voulait pas dire ça. Mais bon, quand même, des interférences avec le sida, pensez donc ! Et pourquoi pas des interférences avec le chikungunya non plus ? D’ici à ce qu’un moustique ait envie de culbuter un poulet, il n’y a pas loin. Bref, rassurons-nous puisque les savants ne vont pas le faire pour nous : l’épidémie a tué pour l’instant 91 personnes sur cette planète qui compte plus de 6 milliards d’habitants, ce qui nous fait 0,000 000 001 51 chances de choper le virus H5N1, soit à peu près autant que j’en ai de conter fleurette à l’horizontale à Monica Bellucci. Ce qui, si c’est de nature à vous rassurer, n’en est pas moins déprimant pour ma pomme.