Cette fois, ça y est : la fameuse taxe sur les billets d’avion destinée à financer la lutte contre le sida dans les pays pauvres n’est plus un simple projet dans les placards de la république. Elle deviendra réalité dès 2006, autant dire demain. Les passagers paieront donc dès le début de l’année prochaine entre 5 et 20 euros pour aider les pays pauvres. Un tribut qui devrait rapporter selon Matignon 10 milliards d’euros par an. Une somme astronomique en effet. Problème : le calcul est complètement faux. C’est en tous les cas ce qu’affirmait vendredi dernier Le Figaro dans un très bon article qui pointait les faiblesses arithmétiques de monsieur Galouzeau de Villepin. En effet, ce dernier aurait pris en compte le nombre de passagers transportés chaque année dans le monde, soit 1,9 mililard en 2004 selon Iata. Or ce chiffre ne correspond pas au nombre de billets émis qui devrait servir logiquement de base de calcul, soit 340 millions de billets. Pourquoi un tel écart ? Le quotidien explique que lorsqu’un passager achète un billet A/R Lyon-Roissy-Chicago, il ne dispose que d’un seul billet mais il est comptabilisé comme passager une première fois sur le tronçon Lyon-Roissy, une nouvelle fois sur la liaison transatlantique et il en est de même lors de son voyage retour ! Vous me suivez ? A raison de 5 euros par ticket pour 340 millions de billets vendus, on n’atteint plus que 1,7 milliard d’euros. Très loin des 10 milliards annoncés. Cette boulette mise à part, on est une fois de plus frappé par l’absence totale de concertation qui entoure ce genre de décision. Que le secteur participe à la lutte contre la pauvreté, soit ! C’est tout à fait louable. Mais pourquoi n’a-t-il pas son mot à dire quant aux modalités d’application ! Ca devient effarant tous ces politiques qui prennent des décisions dans leur tour d’ivoire sans la moindre concertation. Et bien sûr, au lendemain de chaque élection, ils continuent de s’étonner de la désaffection des Français à l’égard de la vie politique. Bref, pour revenir à notre sujet, l’agent de voyages va devenir un véritable collecteur de taxes sans avoir de rémunération en contrepartie. Taxes d’aéroport, redevance de navigation aérienne, taxe d’aviation civile, surcharge pétrolière, taxe pour lutter contre le sida dans les pays pauvres : dans certains cas déjà, le montant des taxes dépasse désormais le prix du billet ! Et ce n’est pas fini : ADP a le projet d’augmenter de 6 % par an les redevances que devront lui verser les compagnies aériennes de 2006 à 2010. Une situation ubuesque épinglée par la Fédération national de l’aviation marchande qui avait révélé il y a quelques mois que les charges aéronautiques avaient progressé de 88 % entre 1996 et 2004 ! Bref, on vit dans un pays formidable, un pays extrêmement fertile comme disait (déjà !) le grand Georges Clémenceau : « en France, on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts ».