Dans la série « on nous cache tout, on nous dit rien », l’affaire Onur Air est proprement stupéfiante. Depuis le début de cet imbroglio, les autorités (in)compétentes ne livrent aucune information, pas même le début d’une explication. Résultat : on ne sait toujours pas pourquoi Onur Air a été interdite de vol et encore moins pourquoi elle a été autorisée à voler de nouveau. C’est effarant cette chape de plomb qui s’abat sur l’information dès qu’il s’agit de transport aérien. Au moins le fameux « label bleu », dont on a enfin eu des nouvelles cette semaine (heureuse coïncidence ?), aura-t-il peut-être le mérite d’introduire un peu de transparence dans ce secteur.
Autre exercice de haute voltige : celui qui a consisté pour Régis Chambert, le patron d’American Express, à annoncer des suppressions d’emplois alors que le réseau ne se porte pas si mal. C’est la conséquence des outils de réservation électronique (self bookings tools) dont l’utilisation par les entreprises devrait s’accélérer avec la suppression de la commission zéro, recherche de productivité oblige. Mais, surtout, les grands réseaux d’affaires intégrés sont en train de se faire tailler des croupières par TQ3, un géant inconnu en France, filiale de TUI, qui peut se permettre de proposer aux entreprises des tarifs très agressifs grâce à sa structure de coûts très légère, supportée par quelques dizaines de personnes seulement. Pour l’instant, tout au moins. En comparaison, les American Express et Carlson Wagonlit Travel font un peu figure de mastodontes aux pieds d’argile avec leurs sièges coûteux et gourmands en personnel. En tous les cas, cette affaire éclaire d’un autre jour les motivations qui ont pu pousser American Express à s’intégrer au G4 car on sait qu’il n’a pas besoin de ses petits camarades pour ses négociations aériennes. Alors pourquoi ? Peut-être parce qu’en prévision de la nécessaire réduction des coûts que lui impose le nouveau modèle économique, il prévoit à terme de réduire sa présence en province et compte s’appuyer alors sur les agences de proximité d’Afat Voyages pour assurer le suivi du travail auprès des entreprises. Le raisonnement vaut aussi pour l’Alliance et pour le rapprochement qui s’est effectué entre TQ3 et Tourcom. Les réseaux volontaires vont-ils devenir les relais des grands réseaux d’affaires auprès des entreprises en dehors des très grandes villes ? Si tout le monde est gagnant, pourquoi pas ? C’est en tous les cas l’une des pistes de réflexion qui peut permettre aux réseaux volontaires d’amortir le choc de la commission zéro. A condition de ne pas s’enchaîner aux grands réseaux d’affaires et d’y perdre en indépendance. De la haute voltige en perspective.