La surprise du chef ! En rachetant à Vivendi la marque Havas Voyages (lire pages 10 et 11), le groupe Nouvelles Frontières et son patron Eric Debry ont pris de court tous les acteurs du tourisme. Et n'ont pas manqué de susciter l'admiration de nombreux de leurs confrères, comme Jean-Paul Chantraine, le patron d'Asia, qui s'enflamme : « c'est l'une des plus belles opérations stratégiques de ces 10 ou 15 dernières années ». Et pour cause. Au prix dérisoire où la filiale française de TUI a acquis ce fleuron du tourisme tricolore (on parle de quelques petits millions d'euros), l'affaire sent bon la planche à billets. Très bon même si l'on en croit les résultats d'une étude de notoriété qui place encore la marque Havas Voyages en haut de l'affiche un peu plus d'un an après sa disparition. Du même coup, Eric Debry apporte la dernière touche à sa stratégie multicanal, une semaine après le lancement de son site discount Ultra Vacances, et offre une chance supplémentaire à son TO maison, TUI, de s'affirmer sur le marché français. Son concurrent Thomas Cook, dont il est dit qu'il devra boire le calice jusqu'à la lie, ne peut pas en dire autant. Pour lui, cette annonce est un véritable camouflet. Rendez-vous compte : la marque Havas Voyages qui tombe entre les mains de l'ennemi juré ! C'est d'ailleurs tellement énorme qu'on se demande comment cette opération a pu être rendue possible alors que, en son temps, il avait été précisé publiquement que la marque Havas Voyages serait gelée jusqu'en 2008. Thomas Cook s'est-il fait blouser ou n'a-t-il pas suffisamment bien bouclé son dossier juridique ? Les prochaines semaines réservent peut-être encore leur lot de surprises.
Mais Thomas Cook n'est pas le seul dindon de la farce. Il y en a un autre que ce rachat n'a sans doute pas ravi : le G4, véritable arlésienne du tourisme et dont on désespère d'annoncer la première décision concrète, et qui voit là son homologue l'Alliance T se renforcer un peu plus. Thomas Cook et le G4 se raccrocheront donc aux seuls bémols que soulève cette opération. En effet, et à quelques jours de la suppression de la commission, la marque Havas Voyages, si elle bénéficie encore d'une forte notoriété, est-elle pour autant synonyme de valeur ajoutée ? Cela reste encore à prouver. Par ailleurs, monter un réseau de franchisés n'a rien d'une promenade de santé et le groupe Nouvelles Frontières devra prendre garde de ne froisser ni les autres réseaux ni les autres TO. Mais il en faudra sans doute un peu plus pour effrayer un groupe dont la maison mère affiche en 2004 un bénéfice de 362,4 millions d'euros, en hausse de près de 75 %, après avoir fait voyager 18,4 millions de clients ! Pas de doute, TUI, c'est du zolid !