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Voyage d’affaires : les comportements bouleversés, les entreprises obligées de s'adapter  


Publié le : 28.10.2020 I Dernière Mise à jour : 28.10.2020
Le secteur du voyage d'affaires a été très fortement impacté par la crise sanitaire.  I Crédit photo ©Adobe Stock

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  • Brice Lahaye

Comportements des voyageurs, bouleversement de l'aérien, réaction des TMC... Les Entreprises du Voyage ont organisé mardi une nouvelle visio-conférence consacrée au voyage d'affaires. Le point sur ce qu'il fallait en retenir. 

Qu’en est-il aujourd’hui du voyage d’affaires ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les Entreprises du Voyage mardi, lors d’une nouvelle visio-conférence réservée à leurs adhérents. L’occasion pour les participants de découvrir, notamment, les nouveaux résultats de l’Observatoire des déplacements professionnels en France et à l’étranger, mais aussi d'entendre quelques témoignages d’acteurs du secteur directement impactés par la crise, à l’instar d’Air France et AmericanExpress GBT. 

Avant tout, il y a des bonnes et des mauvaises nouvelles, a indiqué en préambule Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. « Globalement, il y a des éléments positifs en matière de déplacements professionnels : pas ou peu de clusters recensés dans les transports, mise en place des tests antigéniques à l'aéroport de Marseille, une nécessité de la relance de l'activité pour l'ensemble des entreprises dans tous les secteurs, et une envie - après une longue interruption - de retrouver des vraies relations avec les équipes, les clients, les fournisseurs… Comme dans l'ancien monde. Du côté des points négatifs, il y a le développement du télétravail, la politique très restrictive de voyage des entreprises , le regain d'activité du Covid-19 et sa médiatisation qui crée un climat anxiogène, et puis la probabilité ou le risque très fort d'un couvre-feu plus important, qui n'incite pas au voyage, ou d'un reconfinement partiel ou total. Les éléments négatifs pèsent aujourd'hui plus dans la balance que les positifs », a-t-il expliqué.

Les changements de comportements des voyageurs d’affaires 

Un constat qui se retrouve dans les résultats de la seconde vague d'enquête de l’Observatoire des déplacements professionnels en France et à l’étranger, présentée par Yann Barbizet, président de la société Corporate mobilities. Parmi les informations importantes à retenir dans cette étude, c’est un tout d'abord un léger frémissement des voyages d’affaires sur la partie domestique, par rapport aux résultats de juillet.

Mais les autres chiffres ne sont guère rassurants. « Aujourd'hui, le ressenti sur la vie personnelle et professionnelle est majoritairement impactant, en particulier pour les cadres et les voyageurs aux déplacements les plus importants », commente Yann Barbizet. 51% des sondés déclarent en effet que la crise du Covid-19 a un impact négatif non négligeable sur leur vie personnelle, contre 46% sur leurs performances professionnelles. 

Mais, alors, sont-ils prêts à repartir ? À cette question, seul un voyageur sur deux (49%) envisage de se déplacer avant 2021, contre 69% lors de la première vague d’enquête de juillet dernier. Plus intéressant encore, 16% des voyages professionnels sont totalement interdits par des entreprises en France. Un chiffre qui grimpe, sans surprise à 46% pour les déplacements à l'étranger. Pourtant, pour 54% des salariés interrogés, les missions de déplacement sont plutôt indispensables et nécessaires. 

Comme en juillet dernier, plusieurs mesures restent donc privilégiées par les entreprises pour limiter ou sécuriser les voyages professionnels. Viennent en tête l’usage des outils de visio-conférence pour limiter les déplacements (64% des entreprises), l’anticipation au maximum des déplacements (61%), le choix de trajets directs (57%) ou encore l’utilisation d’un canal privilégié pour effectuer les réservations (54%). 

Restent quelques données encourageantes, comme la disposition des voyageurs d’affaires à repartir et à utiliser les différents modes de transports. 85% des voyageurs se disent disposés à effectuer des déplacements professionnels en France, 70% dans les DOM-TOM, 72% en Europe. 81% d’entre eux sont prêts à prendre un véhicule de location, 78% le train (en hausse par rapport à juillet) et 74% l’avion. 

Mais pour cela, les mesures de précaution sanitaire doivent s’appliquer drastiquement. 74% des voyageurs d’affaires pensent en effet indispensable d’obliger les passagers des avions et trains à porter des masques, 73% souhaitent que les transports soient nettoyés chaque jour en profondeur, 72% qu’il y ait une mise à disposition de gel hydroalcoolique, 83% des sondés sont totalement disposés à être testés avant un déplacement en France et 81% avant un voyage à l'étranger. En somme, de quoi rassurer et encourager plus facilement les voyages. 

L’aérien face à la chute des déplacements pros 

Chez Air France, la reprise des déplacements professionnels est également suivie de près. Un sondage mené auprès des clients entre juin et septembre (avec 585 réponses) a ainsi été présenté mardi par Émilie Boucard, Directrice des Ventes Agences d’Air France. Focus a alors été fait sur trois points importants : la reprise, la priorité clients et les changements de politique voyage. 

Sur la reprise, « le pessimisme s'est accru de la part des voyageurs ». 50% de la base « clients entreprises » n'a pas du tout remis les pieds dans un avion. En juin, Air France se voulait optimiste sur le court-courrier et la tendance se prolonge justement. Sur le long-courrier, pas de reprise, et la tendance se prolonge également. La mauvaise surprise vient du moyen-courrier et des voyages européens : « Aujourd'hui, les voyageurs et voyageurs d'affaires ne sont pas au rendez-vous, donc la compagnie est obligée d'adapter son programme de vols », note la Directrice des Ventes Agences d’Air France. 

La priorité clients concerne quant à elle les mesures sanitaires, la règlementation sur les entrées/sorties des territoires, les conditions de flexibilité et le besoin de vols direct. Concernant ces derniers, la compagnie indique que 85% des destinations desservies habituellement sont ouvertes, bien sûr avec des ajustements de fréquences et de types d'appareils. Pour les autres priorités, Air France a mis en place un Label Air France Protect qui permet de sécuriser l'ensemble du parcours client. À cela s'ajoute une mise à disposition en temps réel d’informations sur les règles d'entrées et sorties pour chaque destination. Pour la flexibilité, les billets sont 100% échangeables, voire remboursables, jusqu'à mars 2021. 

Enfin, la compagnie note qu’il n’y a pas eu de changement des politiques de voyage en tant que tel, mais constate une certaine lourdeur des circuits de validation. Ce qui ne facilite pas la reprise. 

Objectif des TMC : redonner envie de voyager 

Directement concernées par la crise sanitaire, les TMC (Travel Management Conpany) doivent elles aussi s’adapter et s’activer pour faire repartir les voyageurs d’affaires. « L’enquête reflète bien la réalité actuelle de tous les intervenants du secteur des voyages d'affaires », commente Yorick Chervériat, DGA d’AmericanExpress GBT.  

Selon ce dernier, « un travail est à faire tous ensemble ». « Il faut s'adapter à la réalité du jour, avec peut-être des annonces toujours plus compliquées à gérer ». Mais si la situation évolue chaque jour, il faut aussi trouver des solutions pour redonner envie aux entreprises de renvoyer leurs collaborateurs en déplacement et d’ouvrir les vannes pour qu'ils puissent revoyager. 

« Pour cela, il faut garantir une continuité de services, travailler sur un modèle financier, s'adapter à une nouvelle réalité (arrêter de voyager n'importe comment et être plus sélectif, ce qui peut faire du bien à la planète), donner envie aux nouvelles générations en allant dans le sens de leurs attentes, par exemple en termes de RSE et développement durable, ou encore miser sur la digitalisation du secteur. On doit donner la possibilité aux voyageurs de faire leurs choix en fonction de leurs contraintes personnelles et de leurs attentes », estime Yorick Chervériat. 

Autant de missions auxquelles il va falloir se consacrer rapidement. 

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