Air France n’est plus une annexe du ministère des Transports. Un état de fait qui n'est pas toujours intégré par les politiques...
Beaucoup d’hommes politiques n’ont pas encore intégré le fait qu’Air France n’est plus une compagnie d’Etat mais un transporteur aérien privé dans lequel l’Etat est minoritaire avec 16% du capital.
Si la pratique du pantouflage, quand un fonctionnaire de l’aviation civile prolonge sa carrière à Air France, est mieux encadré, la compagnie nationale est toujours considérée comme une chasse gardée par certaines administrations.
Les contraintes de service public et de continuité territoriale peuvent aussi être très lourdes, par exemple quand un président de la République décide qu’un vol vers les Antilles doit décoller de Roissy-CDG, sans prendre en compte la rentabilité d’un tel vol (lire notre article).
Avant les grandes décisions, le Pdg de la compagnie continue à être convoqué au ministère des Transports, voire chez le Premier ministre. La hausse annoncée de la "taxe Chirac" est aussi un exemple de mauvaise pratique de l’Etat, touchant certes tous les transporteurs au départ de France, mais surtout la compagnie nationale dans un contexte concurrentiel international difficile.
HOP !, le nouveau visage du clientélisme politique
L’autre gros souci du moyen-courrier est causé par le contexte politique des trois filiales régionales BritAir, Regional et Airlinair regroupées sous la marque HOP ! Si les résultats commerciaux de la nouvelle entité (qui n’est pas une low cost) sont encourageants, la structure à terme n’est pas viable avec trois sièges sociaux, des conventions sociales différentes, trois certificats de transporteurs, trois centres opérations, plusieurs centres de maintenance, etc.
Les pertes d'exploitation en 2012 étaient estimées à 500 millions d’euros. Quinze avions – les petits biréacteurs de 50 sièges - ont déjà été sortis des flottes mais il reste encore trop de doublons. Les éliminer passe par l’accord tacite de Jean-Marc Ayrault à Nantes, siège de Regional et de Lise Lebranchu à Morlaix, siège de BritAir. Il est évident que rien n’interviendra avant les élections municipales en mars prochain.
La rationalisation passe notamment par des escales fusionnées dans les aéroports régionaux. Autre choix industriel essentiel, ne pourront coexister à la fois les avions Bombardier de BritAir et les Embraer de Regional.
Enfin, ces biréacteurs sont administrativement limités à cent sièges à la demande des syndicats de pilotes d’Air France. Une vingtaine de sièges de plus dans les cabines rendrait rentable les vols de BritAir ou Regional mais enlèverait des lignes au réseau moyen-courrier de la maison-mère. Au SNPL Air France, le préavis de grève ne demande qu’à être déposé.
Thierry Vigoureux
A suivre demain dans notre feuilleton sur la deuxième phase du plan Transform 2015, le 6e et dernier épisode : tout n’est pas rose pour le long-courrier.