Pressenti comme futur PDG, le directeur financier de Veolia, Philippe Capron, a finalement été rejeté. Il dénonce l'ingérence de l'État et les manœuvres d'AccorHotels.
Près de 2 mois après l'annonce de la démission de Jean-Marc Janaillac de son poste de PDG, Air France-KLM est toujours sans pilote. Dans un communiqué laconique publié le 27 juin, le groupe confirme que le conseil d'administration d'Air France-KLM s'est réuni les 26 et 27 juin à Amsterdam pour son séminaire stratégique annuel et a planché sur le processus de recrutement de la future gouvernance. "Ce processus mené par le comité de nomination et de gouvernance se poursuit, conformément à l'objectif initialement fixé par le Conseil d'être finalisé dans les meilleurs délais", explique le groupe.
Philippe Capron écarté
Toujours aucun nom avancé officiellement mais une confirmation en coulisses : la candidature du directeur financier de Veolia, Philippe Capron, qui avait été proposée par le comité de nomination, a été rejetée. Un revers qui a aussitôt fait réagir l'intéressé : Philippe Capron a annoncé le retrait de sa candidature dans une lettre de 3 pages adressée à Anne-Marie Couderc, présidente par intérim du groupe Air France-KLM. Une lettre qui a largement fuitée dans la presse et dans laquelle l'ex-candidat règle ses comptes…
Le directeur financier de Veolia revient sur le processus de nomination et estime qu'il avait "le sentiment d'avoir gagné à la loyale". "J'avais commencé à me présenter aux autres administrateurs quand une intervention extérieure a bloqué ce processus, marquant un curieux dévoiement de la gouvernance de cette entreprise privée dont l'État ne détient que 14%", affirme le directeur financier de Veolia, qui suspecte une ingérence de l'État dans le dossier.
Dans le viseur : AccorHotels
Et Philippe Capron de poursuivre : "J'ai surtout eu l'impression que mon arrivée dérangeait ceux qui voulaient faire main basse à bon compte sur Air France-KLM et l'affaiblir". Sans jamais le nommer, Philippe Capron vise clairement AccorHotels, qui a manifesté son intérêt pour la reprise des parts détenues par l'État dans Air France-KLM et pousse pour une privatisation complète de la compagnie. Une piste que Philippe Capron ne souhaitait pas suivre. "Chacun s'accorde à voir dans la sortie de l'État du capital une des conditions du redressement du groupe", écrit-t-il à Anne-Marie Couderc, "Mais cette sortie ne doit pas se faire au profit d'intérêts privés, déterminés à prendre le contrôle rampant de l'entreprise, surtout au travers d'un montage qui mobiliserait des capitaux communautaires dans le simple but de contourner la loi". Sans langue de bois, Philippe Capron assène : "On peut sérieusement se demander si l'acheteur évoqué par la presse ne vise pas surtout à piller les données commerciales d'Air France-KLM ou à utiliser votre groupe comme une poison-pill pour se mettre lui-même à l'abri d'une prise de contrôle, déjà bien engagées, par des intérêts extra-communautaires". Pour le directeur financier de Veolia, AccorHotels chercherait avant tout à se protéger d'une prise de contrôle par son actionnaire chinois Jin Jiang, en créant un géant français du voyage.
Il faudra en tout cas encore un peu de patience avant de connaître le nom du nouveau PDG d'Air France-KLM. Alors qu'Anne-Marie Couderc s'était engagée auprès des syndicats de la compagnie sur une nomination début juillet, l'annonce ne devrait pas se faire avant la fin du mois, voire en septembre. La partie est loin d'être terminée !