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Cédric Renard (Emirates France) : « Les remboursements ne sont pas la meilleure option pour les voyageurs »


Publié le : 16.07.2020 I Dernière Mise à jour : 17.07.2020
PDG Emirates
L'A380 d'Emirates a repris ses rotations au départ et à destination de Paris ce mercredi, accueilli pour l'occasion par un "water salute". L'occasion pour Cédric Renard, le patron France, d'accorder une interview à Tour Hebdo. I Crédit photo ©Emirates

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  • Propos recueillis par Brice Lahaye

Le 15 juillet marquait le retour de l'A380 d'Emirates à Paris. Un moment « d'émotion », selon Cédric Renard, directeur général d'Emirates France, qui revient pour Tour Hebdo sur la crise sanitaire et l'avenir de la compagnie.

Son retour, mercredi, sur le tarmac parisien, aura été organisé en grande pompe. L'A380 d'Emirates – une fierté pour la compagnie aérienne basée à Dubaï – a repris ses rotations au départ et à destination de Paris le 15 juillet, accueilli pour l'occasion par un « water salute ». Un cap important pour la compagnie, et l'occasion pour Tour Hebdo de faire le point avec Cédric Renard, directeur général d'Emirates France.

Tour Hebdo : Que signifie ce retour de l'A380 en France pour Emirates ?

Cédric Renard : C'est un moment plein d'émotion, qu'on attendait tous. Il y avait une grande excitation, le temps s'est un peu suspendu quelques instants. C'est un avion iconique pour Emirates, un avion qui suscite beaucoup de passion. C'est le savoir-faire d'Airbus, un savoir-faire français et européen. Et ça fait trois mois qu'il n'opérait pas. Deux escales européennes ont été relancées, à Paris et Londres, ce qui montre l'attachement fort d'Emirates, notamment sur le marché français.

T.H. : De quoi aussi, une nouvelle fois, assurer de la force du partenariat entre Emirates et Airbus ?

C.R. : Aujourd'hui, nous comptons 115 A380 dans la flotte d'Emirates, et 8 autres appareils sont encore en commande. C'est un engagement qui a été renforcé. La compagnie a acheté plus de 50% des A380 fabriqués, c'est de très loin le premier client du constructeur sur ces appareils. Sans compter l'achat d'A350.

T.H. : Vous mettez également en avant votre contribution à l'économie française. Comment cela se concrétise-t-il ?

C.R. : La journée d'hier était un signal : Emirates aime la France. C'est beau de le dire, mais c'est aussi beau de le prouver, et cela à plusieurs sujets. Par exemple avec Airbus, mais aussi avec près de 650 millions d'euros investis par an en France, que ce soit dans les produits français, dans la gastronomie, dans le sport avec le sponsoring... Sans oublier les domaines vinicoles. Plus de 85% des vins servis à bord de nos appareils sont français, ce qui représente 100 millions d'euros d'investis, avec des cuvées d'exception. Enfin, avec nos cargos, 44 000 tonnes de marchandises sont expédiées chaque année entre la France et le reste du monde. En tant que Français, j'ai plaisir à voir que les produits français se retrouvent chez Emirates.

T.H. : En pleine crise sanitaire, un plan de suppression d'emplois a été annoncé il y a quelques semaines par la compagnie. Quelles seront les répercussions sur les équipes françaises ?

C.R. : Je n'ai pas d'informations supplémentaires à ce sujet. Sur la question sociale, malheureusement, Emirates est comme tous les acteurs du secteur impactée par la pandémie. Nous avons la plus grande vigilance par rapport à toutes nos opérations et tout notre staff, mais aussi par rapport aux services, à la relation commerciale. C'est la promesse d'Emirates, des atouts qu'ils faut garder le plus possible. Mais le réseau est moins important, donc il faut s'adapter, il faut créer les conditions de la reprise. Notre président a dit qu'il faudrait 18 mois pour revenir à une situation à la normale. Le retour de l'A380 est donc un vrai message fort envoyé aux différents partenaires, mais aussi à la France et aux voyageurs.

T.H. : Comment, justement, redonner envie aux voyageurs de monter à bord de vos avions ?  

C.R. : Notre responsabilité, la première, c'est que les passagers se sentent en sécurité quand ils arrivent chez Emirates. Depuis le début, nous avons pris la mesure de la crise en changeant le mode de services à bord. Nous avons mis en place un ensemble de mesures sanitaires pour que nos équipages et clients se sentent en sécurité : des kits d'hygiène avec des gants, lingettes désinfectantes, masques. Que ce soit à Paris, au départ, ou en escales. Les équipages ont été formés, ils sont équipés de protections individuelles et sur les vols de plus d'1h30, un assistant s'assure que toutes les mesures sont suivies à bord. Enfin, nous proposons un test PCR gratuit à l'arrivée à Dubaï. Nous avons même été l'une des premières compagnies à proposer les tests. Nous avons aussi travaillé avec les autorités et les aéroports pour avoir des protocoles rapidement mis en place, avec notamment l'installation de caméras thermiques. Il faut redonner confiance, c'est notre responsabilité.

Ensuite, il y a le « Fly Better ». Ce sont des produits supérieurs que propose Emirates : le bar sur l'A380 qui est unique, l'espace intérieur, le wifi, les services, comme par exemple le chauffeur mis à disposition pour les passagers de la Classe Affaires et la Première Classe, le Spa/Shower, etc. La demande est toujours existante, et même peut-être encore plus à présent.

T.H. : Qu'en est-il, actuellement, du programme de vols depuis la France ?

C.R. : On crée de l'offre pour créer de la demande. On rouvre le réseau de manière cohérente et viable d'un point de vue économique. Step by step, de manière intelligente. Depuis le 15 juillet, nous proposons un vol biquotidien au départ de Paris. La reprise de vols au départ de Lyon et Nice est aussi prévue dans le courant de l'été, mais la date reste à définir. Dubaï a rouvert le 7 juillet dernier, et accueille dans un niveau sécurisant touristes et voyageurs d'affaires, avec comme je le disais un test gratuit possible à l'arrivée. Près de 55 destinations sont desservies à travers le monde, et le programme est amené à évoluer en fonction de la demande

T.H. : L'Iata a demandé cette semaine l'aide des voyageurs sur le sujet des avoirs et du remboursement. Qu'en pensez-vous et quelle est votre position sur le sujet ?

C.R. : Comme toute compagnie, nous faisons face à une vague épidémique inédite par son ampleur et par ses répercussions. La protection de la trésorerie est importante, comme pour tous les acteurs de tourisme. Il faut s'assurer que le modèle soit pérenne dans la durée, ce qui sera bon aussi pour les voyageurs.

Emirates propose trois options aux voyageurs : garder leur billet, l'échanger contre un voucher — très flexible sur son utilisation — ou se faire rembourser. Nous avons mobilisé beaucoup de ressources à Dubaï pour cela, avec près de 650 000 remboursements sur les deux derniers mois, ce qui représente environ 450 millions d'euros. Nous voulions une promesse très claire et que les clients se sentent en confiance. Mais les remboursements ne sont pas l'option que nous privilégions, et ce n'est pas la meilleure option pour les voyageurs. J'insiste sur ce fait. Le meilleur choix, c'est de se reprojeter dans les voyages, de garder son billet pour que les compagnies aériennes puissent se projeter aussi. C'est aussi une fidélité à la marque, à ce mode de transport.

T.H. : Comment voyez-vous l'avenir ?

C.R. : Je vais me ranger derrière notre président, qui est plus averti sur la question. Il estime que nous reviendrons à une situation à la normale d'ici 18 mois. Mais Emirates ne s'est pas arrêtée de fonctionner pendant la crise. Nous avons toujours eu des avions qui ont volé dans le ciel français, avec quasiment un vol cargo quotidien, avec des vols charters pour transporter du matériel médical vers Paris ou la province, et avec de nombreux vols de rapatriement dans le monde. Il y a eu un boulot incroyable des équipes. Aujourd'hui, nous nous efforçons de reprendre le programme, de relancer les vols. Nous avons à présent plus de 50% de remplissage de nos avions au niveau global. Des chiffres que nous regardons de manière prudente. L'idée est de remonter progressivement. C'est aussi un challenge excitant pour nous tous.

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