A l'occasion de la cession de Karavel/Promovacances, son président Alain de Mendonça revient sur les conséquences pour Fram et Plein Vent. Et sur la stratégie des deux TO.
Tour Hebdo : Un fonds en chasse un autre, Equistone prenant d’ici fin avril le contrôle de Karavel/Promovacances et de Fram en remplacement de LBO France. Bonne nouvelle ou serrage de vis en vue?
Alain de Mendonça : LBO France nous accompagnait depuis 7 ans, sa sortie était programmée. Nous retrouvons le fonds Equistone Partners Europe qui a déjà été à nos côtés entre 2007 et 2011. C’est une société de capital-investissement expérimentée, avec une équipe qui n’a pas changé et nous connaît bien. Ce fonds est trois fois plus important que LBO France. C’est la perspective pour nous d’une énergie nouvelle, de moyens supplémentaires et donc une très bonne nouvelle. Le métier de Equistone, c’est le développement, pas le retournement comme j’ai pu le lire. Il n’arrive pas pour restructurer ni licencier. D’ailleurs, le redressement de Fram est terminé. Ce changement capitalistique doit d’abord nous permettre de mieux financer nos projets et ils sont nombreux.
TH : LBO France avait déboursé en 2011 quelque 200 M€ pour acquérir Karavel et n’en récupèrerait, dit-on, qu’un peu moins de la moitié aujourd’hui. Cela ne semble pourtant pas être une bonne opération...
A. de M. : C’est la vie des affaires. Regardez la Bourse, il y a des titres qui montent, d’autres qui baissent. La conjoncture n’a pas été bonne pour le tourisme ces dernières années et le calendrier était ainsi fixé. Cela dit, le montage prévoit que LBO conserve une partie minoritaire du capital et reste associé. Il touchera donc une partie des bénéfices futurs.
TH : Le montage associe également les salariés. Qu’en est-il exactement ?
A. de M. : J’ai tenu personnellement à ce que les salariés de Fram puissent, s’ils le souhaitent, acquérir des actions de l’entreprise. Nous avions procédé de la même manière avec Equistone en 2007 en offrant cette possibilité aux salariés de Karavel. Souvent, les fonds, par facilité, réservent cette opportunité à quelques managers. Ma culture d’entreprise, c’est que les salariés soient associés car je suis persuadé que c’est vertueux. Et dans le cas de Fram, je trouve très sympathique qu’une ancienne entreprise familiale dont le capital a été verrouillé pendant des décennies s’ouvre ainsi. Pour la première fois, des employés qui sont là depuis 30 ou 35 ans pourront acheter une ou plusieurs actions. Si 20 à 25 % du capital sont détenus à terme par des managers et des salariés dans ce nouveau montage, ce sera une bonne proportion. L’ouverture se fera à partir de fin avril, une fois que Bruxelles aura donné son feu vert à la cession.
TH : Pourquoi privilégier l’accompagnement par un fonds plutôt qu’un projet industriel ?
A. de M. : C’est l’histoire de Karavel depuis sa création. En 18 ans, nous avons eu 5 actionnaires, toujours des fonds d’investissement et retrouvons aujourd’hui le 3ème avec Equistone. Mais Folco Aloisi et moi-même sommes là depuis le début. Cyrille Fradin, le directeur financier depuis 12 ans. Il y a une vraie continuité du management assez rare dans le tourisme si l’on excepte Jean-François Rial chez Voyageurs du Monde ou Laurent Abitbol chez Marietton. Par comparaison, des groupes industriels comme TUI ou Thomas Cook ont changé dans le même laps de temps 7 ou 8 fois de dirigeant.
TH : Aucun regret aujourd’hui d’avoir repris Fram il y a deux ans ?
A. de M. : Aucun. Nous avions le seul bon projet et nous avons mené à bien le redressement même si cela a été difficile comme chaque fois qu’une entreprise est reprise après un dépôt de bilan. Il a fallu effectivement un peu plus de temps que prévu, à cause des attentats, de la faillite d’Air Méditerranée, de la défection de Leclerc Voyages mais aujourd’hui, on est sur les rails avec une croissance de 60 % sur les deux dernières années et un retour à l’équilibre prévu dans 18 mois, au maximum. Le pari était osé mais tous les signaux sont au vert. Et grâce à Equistone, on va continuer à investir dans la communication, la technologie, de nouvelles destinations, un futur site mobile. Nous venons de renforcer la partie Groupes BtoB Fram/Plein Vent avec l’embauche de Fabien Cadio comme directeur le 1er mars dernier. Il va étoffer son équipe dans les prochaines semaines.
TH : Que devient Plein Vent dans cette nouvelle organisation ?
A. de M. : Plein Vent continue d’exister et est d’ailleurs en croissance. La migration informatique était nécessaire mais à l’origine je souhaitais préserver l’emploi et réduire le périmètre de l’entreprise seulement de moitié. Les salariés n’ont pas souhaité suivre, donc nous avons privilégié une autre organisation. Nous sommes actuellement en train de réembaucher. Et je compte recruter d’ici la fin de l’année un directeur général pour chapeauter la marque Plein Vent, la preuve qu’elle va perdurer.