
Mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il tacle gentiment les entreprises qui aident les passagers aériens à être indemnisés... moyennant quelques (centaines d') euros.
Air Indemnité, Flightright et maintenant IndemniFlight, joli condensé du nom des deux premiers… La météo est au beau fixe pour les plateformes d’indemnisation en cas de vols annulés ou retardés ! Pas une semaine sans que je reçoive un mail pour m’informer des bons services des uns ou des autres. Merci Google, qui a dû constater que je surfais souvent sur les sites des compagnies aériennes et a généreusement vendu mes coordonnées à tout le monde, ou presque...
Il faut dire que ces derniers temps, les transporteurs ont amplement aidé ces plateformes à développer leurs lucratives activités. Grèves du printemps et retards de l’été (d’après RefundMyTicket - encore une plateforme -, près de 6 millions de passagers ont été victimes d’une annulation ou d’un retard important cet été en Europe), elles surfent sur les malheurs du transport aérien pour s’en mettre plein les poches, en profitant d’une législation européenne que certains considèrent comme très généreuse.
Une législation européenne très (trop ?) généreuse
Pas tout à fait à tort ! Car avec 250 € d’indemnité pour un vol de moins de 1 500 km retardé de plus de 2 h, soit l’équivalent de 3 à 5 fois le prix moyen du billet, il est parfois très intéressant de se poser avec un peu de retard, histoire de s’offrir un week-end à Barcelone ou à Berlin quelques semaines plus tard sans remettre la main à la poche ! Sans doute le législateur, sans remettre en cause le légitime souci de protéger le consommateur, devrait-il reconsidérer des règles qui ne sont plus en phase avec les prix actuels des billets d’avion...
Les avocats vont encore avoir du pain sur la planche dans les prochaines semaines, avec de nouvelles situations plus ou moins ubuesques. Prenez le cas de cet avion de Transavia qui reliait les Canaries à Amsterdam, récemment obligé d’atterrir à Porto en raison de l’odeur de l’un des passagers. Une fois au Portugal, les autres voyageurs – dont certains ont vomi ! - ont été invités à prendre l'air pendant que l'avion était désinfecté. Pas de chance pour Transavia : quelques mois plus tôt, ce sont les flatulences d'un passager qui avaient provoqué des échauffourées à bord d’un avion, contraint là encore d’atterrir !
Des retards dus à... un porc vietnamien et des subventions indues
Que dira la jurisprudence ? En attendant, j’invite donc les petits malins qui souhaitent se faire rembourser leur billet d’avion de toujours voyager avec une boule puante, mais de moins de 100 ml pour passer les contrôles de sécurité. Ou d’embarquer avec un cochon ! Il y a quelques années, un avion d’US Airways avait déjà été retardé à cause de la présence à bord d’une femme et de son adorable porc vietnamien, un peu agité et dont l’odeur (celle de l’animal !) était insupportable. Les policiers avaient dû intervenir pour débarquer le cochon et sa maîtresse.
Un autre cas va occuper le législateur dans les prochaines semaines. Un avion de Ryanair a été bloqué la semaine dernière sur le tarmac de l’aéroport de Bordeaux par la direction générale de l’aviation civile afin de contraindre la compagnie à rembourser à l’aéroport d’Angoulême plus de 500 000 € de subventions jugées illégales. Fidèle à ses habitudes, Ryanair - experte en aides publiques et qui se croit toujours au dessus des lois - a fait traîner l’affaire durant des mois, avant finalement de passer à la caisse contrainte et forcée. Tant pis pour passagers, qui ont décollé avec 5 heures de retard ! Encore une situation inédite, et du boulot pour nos chères plateformes d’indemnisation…