
Selon la dernière enquête de l’Ifop, commandée par la FNAM et l’UAF, l’avion se présente bien comme un mode de transport parfaitement démocratisé au point d’être davantage utilisé, en proportion, par les catégories les plus modestes
Contrairement à ce qu’annonce la RAC, le transport aérien n’est pas réservé qu’aux riches. Il est facile comme il le font de proclament que ce sont les revenus de plus de 50 000 euros qui sur-fréquente l’avion, en oubliant de préciser que leur observation porte sur les revenus du foyer et non du voyageur.
La réalité est tout autre. À force de subir un basching permanent, FNAM et l’UAF viennent proclament les résultats de l’étude qu’ils avaient commandité auprès de l’Ifop. Il s’agit d’un sondage réalisé auprès de 4000 personnes représentatives de la population française. Il s’agit donc d’une étude lourde de façon à garantir des résultats incontestables, l’idée étant comme l’explique Thomas Juin, Président de l’UAF, de « remettre l’église au centre du village. »
Alors quelle est la réalité ?
D’une façon générale, l’usage du transport aérien se démocratise largement et participe à l’utilité de la nation. Il joue pleinement son rôle d’outil de mobilité, de catalyseur, de lien social et d’aménagement du territoire. Telles sont les conclusions du sondage IFOP croisé par une étude menée par SIA Partners sur la base notamment de données issues des enquêtes passager des aéroports français et de l’ENPA (DGAC).
Un mode de transport qui s’est largement démocratisé
Loin de rester l’apanage de catégories supérieures, l’avion s’est banalisé dans les pratiques de mobilité des Français : 65% des Français déclarent prendre l’avion et 33% au moins tous les ans.
Les employés sont devenus la première catégorie socioprofessionnelle dans les avions, passant de 36 % à 43 % des actifs entre 2016 et 2024 (+7 points), soit une surreprésentation de 18 points par rapport à leur part dans l’ensemble des actifs.
Si le recours à l’avion reste corrélé au niveau de vie, il n’en demeure pas moins que même les catégories les moins favorisées y recourent largement : une personne sur deux parmi les foyers les plus modestes déclare prendre l’avion.
« Nous avons voulu objectiver, factuellement, les réalités du transport aérien en France, précise Pascal de Izaguirre. Qui prend l’avion, pourquoi, à quel prix, avec quelles attentes ? Ces questions n’avaient jamais reçu de réponse aussi documentée. C’est notre responsabilité de porter ce regard d’utilité, de nuance et d’avenir. »
Autre enseignement majeur : l’avion est un mode de transport utile et nécessaire.
Ainsi, si la part des passagers prenant l’avion pour partir en vacances reste stable depuis 2016 (48 % des usagers), les voyages pour raisons familiales et amicales (VFR) explosent : +46 % depuis 2016. En 2024, ils représentent ainsi 27 % des déplacements. La montée en puissance de ces usages témoigne d’un ancrage familial et territorial fort, mais aussi d’un besoin accru de mobilité pour faire face aux mutations de la vie moderne : éloignement des proches, accès aux études, mutations professionnelles, soins…
Cette évolution est d’autant plus significative qu’elle s’inscrit dans un contexte où la dimension économique du voyage est pleinement intégrée par les Français. Plus de 8 Français sur 10 reconnaissent que le coût d’un billet d’avion pèse lourdement dans leur budget, et qu’ils doivent l’anticiper, l’arbitrer, parfois y renoncer (25%). 71% des Français se déclarent ainsi sensibles à toute augmentation des taxes dans leur recours à l’avion.
L’avion est un choix raisonné
Les Français qui prennent l’avion ou souhaitent le prendre se montrent d’ailleurs prêts à adapter leurs comportements pour limiter leur impact : ne prendre l’avion que pour des destinations lointaines (79 %), privilégier les compagnies plus vertueuses (75 %), limiter les séjours courts et voyager plus léger (69 %), voire renoncer à certains voyages de loisir (63 %).
La confiance et le soutien fort des Français aux transitions du secteur
Les Français portent un regard nuancé sur le secteur aérien. Contrairement aux raccourcis souvent véhiculés, ils savent distinguer utilité, accessibilité et responsabilité.
Les Français semblent être relativement confiants sur l’impact écologique de l’avion à l’avenir : 70 % estiment que le secteur se décarbonera progressivement d’ici quelques années, et 61 % pensent que des efforts concrets sont déjà engagés en ce sens (flottes renouvelées, carburants durables, compensation carbone, innovations).
Une transformation nécessaire qui pourrait passer par les soutiens publics : 69 % des Français considèrent que le soutien de l’État est justifié pour accompagner le secteur. Ce soutien, en revanche, doit être conditionné à des objectifs environnementaux concrets pour 81 % des répondants.
L’étude révèle également que le secteur souffre encore de perceptions biaisées : 60 % des sondés surestiment – parfois très largement – son impact carbone. Cette surestimation nourrit des jugements erronés et une polarisation inutile du débat.
Pour autant, les habitudes de voyage étant ancrées dans le mode de vie des Français, le regard social sur les voyageurs en avion reste globalement neutre à partir du moment où 65 % des Français estiment qu’y avoir recours n’est ni bien ni mal vu. Seulement 20% des répondants déclarent avoir déjà eu le sentiment d’être jugés ou critiqués pour avoir pris l’avion et moins d’un tiers (32%) des sondés déclarent que les discours publics ou médiatiques sur l’impact environnemental de l’avion ont influencé leurs intentions de déplacement.
Le transport aérien : un pilier industriel et territorial pour la France
L’aérien, ce n’est pas seulement du transport. C’est aussi un secteur d’innovation, de lien social et d’aménagement du territoire,
87 % considèrent que le transport aérien représente un savoir-faire industriel et technologique de haut niveau. Ils sont 80 % à estimer que le modèle de service et de qualité qu’il porte est reconnu à l’international et 79% qu’il est un secteur stratégique pour l’économie française et la souveraineté nationale
Autres atouts relevés par les Français :
-86% qu’il permet une ouverture sur le monde et la découverte des cultures et 80% déclarent que l'usage de l’avion est complémentaire à d’autres modes de transport (train, voiture…).
-79 % estiment que le secteur aérien est un pourvoyeur d’emplois en France
-78 % reconnaissent que le transport aérien est indispensable au développement économique et touristique des territoires
-Les ¾ des Français affirment aussi qu’il s’agit de fierté nationale (76%), ancrée dans la tradition industrielle française et qu’il jouit d’une image prestigieuse, associée à l’innovation et l’excellence (75%).
-80% des Français s’accordent enfin à dire qu’une vie sans avion entraînerait un isolement accru des territoires éloignés ou ultramarins (qui eux portent ce chiffre à 89%) et que, par ricochet, cela aurait de forts impacts sur le rapprochement familial (61%) ou le développement touristique de certains territoires (70%).
À ces défis s’ajoute un manque de stratégie des pouvoirs publics pour protéger l’aérien français
Objet de distorsions de concurrence qui creusent la compétitivité du secteur par rapport aux autres pays. L’illustration la plus criante étant la hausse de la taxe sur les billets d’avion, entrée en vigueur en mars dernier. Comme l’a rappelé Pascal de Izaguirre : “cette taxe démontre une marque de négation de l’utilité d’un secteur d’excellence pourtant indispensable à la société et à une économie française de plus en plus tournée vers le tourisme”.
Entre 2016 et 2024, le trafic dans les aéroports français a progressé de 20 millions de passagers, soit +11 %, passant de 183 à 203 millions de voyageurs annuels (Source : DGAC). Une croissance tirée par l’émergence de publics nouveaux, plus jeunes, plus mixtes socialement, plus représentatifs de la société.
Les moins de 35 ans représentent désormais 46 % des passagers, soit une hausse de +9 points par rapport à 2016.
Thomas Juin, Président de l’UAF, de conclure : « L’usage de l’avion est devenu essentiel dans la vie de 2/3 des Français. Il est aujourd'hui menacé par une fiscalité de plus en plus lourde qui renchérit le prix des billets d'avion et conduit à la fermeture de lignes aériennes. Chaque ligne aérienne supprimée, c’est un territoire que l’on isole. Chaque taxe supplémentaire, c’est une entrave à la mobilité, à l’emploi, au tourisme. Le transport aérien n’est pas un privilège : c’est une infrastructure indispensable à l’équilibre et à la vitalité de nos régions. Il est temps de cesser de le fragiliser et de reconnaître son rôle stratégique dans la cohésion nationale ».