
« Une authenticité rare, une diversité culturelle forte, un contact humain sincère, plus respectueux et plus connecté au local. Voilà le Sénégal » témoigne Sabine Grégoire, directrice du lodge, du restaurant et de la base nautique : Océane et Savane
Focus sur le ressort ‘’Océane et Savane’’ situé à 30 kilomètres de Saint-Louis, une ville historique et culturelle classée à l’UNESCO .
Interview de Sabine Grégoire, directrice du lodge, du restaurant et de la base nautique : Océane et Savane
Tour Hebdo : Vous nommez votre ressort : campement. Pouvez-vous nous le décrire ?
Sabine Grégoire : Le campement tel qu’il est aujourd’hui existe depuis octobre 2013. Mais notre aventure a commencé bien avant. À l’origine, nous étions installés sur la Langue de Barbarie, à une dizaine de kilomètres d’ici. Ce premier campement, qui avait plus de vingt ans, était beaucoup plus « roots », avec une végétation luxuriante, les arbres, les poêles… Malheureusement, nous avons été engloutis à cause de la brèche. Il a fallu tout recommencer. Nous avons déménagé ici en février 2013 et après neuf mois de travaux intenses, le nouveau campement a ouvert en octobre 2013.
Tour Hebdo : Et il est plus grand…
Sabine Grégoire : Oui, le site s’étend sur trois hectares. Nous proposons deux types d’hébergement : 14 bungalows qui peuvent accueillir de 2 à 6 personnes — parfaits pour les familles — et 10 cabanes avec une particularité : une salle de bain à ciel ouvert ! Au total, nous pouvons loger entre 60 et 65 personnes quand tout est complet.
Tour Hebdo : Comment le campement a-t-il évolué ces dernières années ?
Sabine Grégoire : L’arrivée de l’électricité en 2019 a tout changé. Avant, nous fonctionnions encore au groupe électrogène. Depuis l'électrification, tous nos bungalows sont climatisés, ce qui change la vie en saison chaude ! On peut aussi proposer davantage de services : faire des jus frais, des glaces, conserver les aliments plus longtemps… Il faut reconnaître que l’organisation s’est modernisée, jusqu’à la blanchisserie qui était encore alimentée au charbon ! Aujourd’hui, notre logistique est bien plus rodée, aussi bien pour l’équipe que pour les clients. Nous sommes une trentaine à faire tourner le campement.
Tour Hebdo : Qu’est-ce qui rend votre site si particulier, notamment en lien avec le territoire sénégalais ?
Sabine Grégoire : Notre campement est niché dans un écrin de verdure, en face d’un bras du fleuve Sénégal devenu bras de mer, avec une lagune magnifique à 9 km. C’est une zone très riche en biodiversité, où la pêche et le maraîchage sont des activités clés.
Tour Hebdo : Qu’est-ce qui fait votre identité ?
Sabine Grégoire : Je dirais, au-delà du décor, ce sont les liens humains qui font la différence. On travaille en étroite collaboration avec les villages voisins, notamment avec l’école et le centre de santé de Nginth Bao. On forme, on embauche localement, et on soutient les femmes du village à travers des activités comme des cours de cuisine. Il y a un véritable engagement social derrière ce lieu.
Tour Hebdo : Votre ressort est bien situé, c’est un point de départ idéal pour explorer la région ?
Sabine Grégoire : Ici, on est à 30 kilomètres de Saint-Louis, une ville historique et culturelle classée à l’UNESCO. Les voyageurs viennent ici avant tout pour se poser, se ressourcer, puis rayonner autour. On organise leurs excursions : visites de Saint-Louis, réserve de Gandon, île aux oiseaux, parc de la Langue de Barbarie… On peut aussi proposer des activités nautiques, des apéritifs ou des déjeuners sur la plage.
Le soir, les clients apprécient le calme, la vue, la nature. On leur propose même des cours de cuisine traditionnelle avec les femmes du village pour apprendre à faire un bon Thieboudienne Saint-Louisien.
Tour Hebdo : Et visiter Saint Louis…
Sabine Grégoire : En effet, nous sommes dans un écrin de verdure à 30 km de Saint-Louis, qui est une ville historique avec de nombreuses activités culturelles, notamment ses cinq musées. Cette ancienne capitale française se rénove et les maisons retrouvent leur beauté d'antan. Les visiteurs peuvent aussi remonter et suivre le fleuve allant vers Daganas, vers Podore, qui sont aussi de très belles villes. On a le Djout, qui est quand même la troisième réserve mondiale pour les oiseaux. Venir dans le Nord, c'est une escapade enrichissante aussi bien du point de vue ornithologique, culturel, du savoir-faire et aussi c’est important du savoir-vivre.
Tour Hebdo : Vous aidez vos clients à découvrir la région ?
Sabine Grégoire : A la demande. Ils se posent ici. Ils n'ont pas de voiture. On leur trouve un chauffeur qui les emmène en excursion, mais sans faire trop de voiture. Ils vont à Saint-Louis et rentrent pour l’apéritif que nous leur organisons sur la langue de barbarie après avoir fait un passage par l’île aux oiseaux, la réserve de Gumbel ou la réserve de Bango. Pour un séjour de 3-4 nuits, vous avez des activités journalières différentes.
Tour Hebdo : Vous accueillez aussi des évènements ?
Sabine Grégoire : Oui, nous recevons des groupes en team building, mais aussi des mariages. Cette année, nous en avons célébré deux, en avril et en décembre. Et tous les dimanches, nous accueillons les Saint-Louisiens pour un buffet ouvert à tous, avec des activités comme le mini-golf, la pétanque ou le ping-pong. Le site est vivant, toute l’année.
Tour Hebdo : A vous entendre, nous percevons un fort attachement avec le territoire, la population environnante. Ça fait partie de votre identité ?
Sabine Grégoire : Clairement. Je suis de nationalité belge et mariée avec un Sénégalais. On ne peut avoir un ancrage plus fort. Je peux donc témoigner de ce que l’on vit ici : le peuple sénégalais, c’est le sourire, la gentillesse, l’accueil. Mon personnel est là depuis dix ans, fidèle, bienveillant, malgré les conditions parfois difficiles. Et ici, on ne cloisonne pas. Le client, c’est quelqu’un avec qui on partage un moment. On discute, on prend un verre ensemble, on leur fait découvrir les oiseaux, la faune, la flore, l’histoire de la Langue de Barbarie… Ce n’est pas un lieu de tourisme de masse, c’est un lieu de rencontre, de transmission, de lien.
Tour Hebdo : Le Sénégal surprend par sa gastronomie, c’est souvent une belle surprise pour le visiteur…
Sabine Grégoire : On met un point d’honneur à travailler des produits locaux, de saison, en associant tradition et créativité. Bien sûr, il y a les classiques comme le poulet yassa, le mafé, le thiéboudiène, mais on va plus loin. Par exemple, on utilise l’hibiscus, le baobab, le fameux jus de bouye, le tamarin, le mil… Tout ça se décline en sauces, jus, desserts, gelées.
On collabore avec des jardins maraîchers locaux : on trouve du chou rouge, de la roquette, du poireau, du brocoli… toute une diversité de produits qu’on intègre à notre cuisine. C’est une manière de montrer que le terroir sénégalais est riche, varié, et très sain.
Tour Hebdo : Et en termes de clientèle, quel est votre public principal ?
Sabine Grégoire : Les Français sont majoritaires, suivis des Belges et des Espagnols. Ces derniers sont très présents en juillet-août. On accueille aussi des artistes en résidence chaque année, qui créent ici, puis exposent en Espagne et participent à la Biennale de Dakar. On attire un public curieux, ouvert, qui cherche une expérience vraie.
Tour Hebdo : Pour conclure, quel message adresseriez-vous aux agences de voyages et aux futurs voyageurs ?
Sabine Grégoire : Je dirais que le Sénégal est bien plus qu’une destination balnéaire. Il y a une authenticité rare, une diversité culturelle forte, un contact humain sincère. Le tourisme doit évoluer vers quelque chose de plus respectueux, de plus connecté au local. Ici, on partage, on échange, on vit des histoires ensemble. C’est cette philosophie du lien qui fait toute la différence. Le Nord du Sénégal est un joyau encore préservé, et il mérite d’être découvert autrement.