
« Ils étaient un peuple du désert qui a transformé la pierre en villes et le sable en routes commerciales florissantes », explique la narratrice Maggie Gyllenhaal
Le documentaire revient sur le rôle des Nabatéens dans les récits de Cléopâtre et de Jean-Baptiste – et sur la manière dont ils ont déjoué l’armée romaine.
Disponible sur Disney+ à partir du 29 août, le film démontre qu’à l’apogée de leur puissance, sous le règne du roi Arétas IV (Iᵉʳ siècle av. J.-C. – Iᵉʳ siècle apr. J.-C.), les Nabatéens du nord-ouest de l’Arabie ont fait preuve d’une ingéniosité et d’une habileté stratégique sous-estimées, en tirant parti de leur position unique au carrefour des civilisations.
Il comprend des reconstitutions vivantes ainsi que les analyses de chercheurs saoudiens et internationaux, dont l’archéologue Laïla Nehmé, qui mène depuis plusieurs décennies des recherches à Hégra — l’ancienne capitale méridionale des Nabatéens et premier site d’Arabie saoudite inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO — ainsi que des experts de la Royal Commission for AlUla (RCU).
« Le royaume nabatéen s’étendait sur de vastes territoires, prospérait grâce aux routes commerciales, maîtrisait la gestion de l’eau et des ressources et a construit des tombeaux impressionnants », déclare Maggie Gyllenhaal dans sa narration. « C’était un peuple du désert qui a transformé la pierre en villes et le sable en routes commerciales florissantes.»
Phillip Jones, Chief Tourism Officer, ajoute : « Les Nabatéens reçoivent enfin la reconnaissance méritée pour leur savoir-faire et leur vision. Leur position centrale sur la Route de l’Encens leur a apporté richesse et influence, sans dépendre d’armées. Ce furent des ingénieurs hors pair, développant des systèmes hydrauliques sophistiqués et gérant leurs ressources pour le bien du royaume. Dans l’un des environnements les plus rudes au monde, ils ont prospéré grâce au commerce et à la diplomatie. Les Nabatéens n’ont pas bâti leur empire avec des épées, mais avec des aqueducs, de l’encens et des alliances stratégiques. Leur ingéniosité et leur héritage sont encore visibles aujourd’hui sur des sites comme Hégra, à AlUla, où les archéologues continuent de mettre au jour de nouvelles découvertes. »
Le documentaire explore également le rôle possible des Nabatéens dans les récits de Cléopâtre et de Jean-Baptiste, ainsi que l’épisode où ils ont piégé l’armée romaine dans le désert.
Cette riche histoire du nord-ouest de l’Arabie Saoudite et des Nabatéens fait d’AlUla une destination touristique unique, fidèle à l’hospitalité arabe et offrant une expérience culturelle, sensorielle et authentique. Entre sites archéologiques millénaires, ouverts aux visiteurs internationaux depuis 2020, paysages grandioses et hébergements de qualité, AlUla invite à plonger dans sa grande histoire tout en découvrant la beauté de son désert et de son oasis.
Informations de diffusion
Les Trésors Perdus d’Arabie : Le Royaume Nabatéen sur National Geographic : La première diffusion en France aura lieu le dimanche 24 août 2025 à 22h50.
Une rediffusion est prévue le lundi 1er septembre 2025 à 20h05.
Les autres rediffusions auront lieu le dimanche 31 août à 12h50, puis le même jour à 02h10, le samedi 6 septembre à 07h35, et enfin le vendredi 12 septembre à 12h50.
Cléopâtre
La célèbre reine égyptienne aurait demandé à son allié bien-aimé, le général romain Marc Antoine, de lui offrir le royaume nabatéen en cadeau. Selon Nehmé, Antoine aurait « potentiellement concédé une petite partie du territoire nabatéen le long de la mer Rouge », notamment un port appelé Leuke Kome, que certains situent dans la région de l’actuelle Al-Wadj en Arabie Saoudite. Comme le relate l’archéologue Konstantinos Politis dans le documentaire, après la défaite d’Antoine à la bataille d’Actium contre Octave (le futur empereur Auguste) en 31 av. J.-C., la flotte de Cléopâtre fut « coincée » par les Nabatéens dans la mer Rouge et ses navires incendiés. Déclinante et sur le point d’être capturée, Cléopâtre se donna la mort. Nehmé note qu’une pièce de monnaie représentant la tête de Cléopâtre a été retrouvée à Hégra.
Jean-Baptiste
Dans une histoire digne d’un feuilleton sanglant du Ier siècle, la décapitation de Jean-Baptiste est liée au mécontentement d’un souverain vis-à-vis de son épouse nabatéenne. Hérode Antipas souhaitait abandonner Phasa’el, fille du roi nabatéen Arétas IV, pour épouser sa nièce Hérodiade, également sa belle-sœur. Jean-Baptiste s’opposait publiquement à cette union, et Hérodiade trama alors un complot. Sa fille Salomé dansa pour Hérode Antipas, qui, satisfait, accepta de lui accorder un souhait. À l’insistance de sa mère, elle demanda la tête de Jean-Baptiste. Cette décision eut un lourd prix : Arétas IV envahit le territoire d’Hérode pour venger sa fille et défait son armée.
Tromper l’armée romaine
L’empereur romain Auguste lança une expédition militaire vers l’Arabie heureuse (Arabia Felix, aujourd’hui le sud de l’Arabie), mais ses troupes devaient traverser le territoire nabatéen. Guidés par le préfet romain d’Égypte Gaius Aelius Gallus, les soldats durent affronter un voyage ardu, aggravé par un guide nabatéen rusé, Syllaeus, qui égarait les légions. « Les Romains furent conduits le long d’un parcours long et majoritairement sans eau, diminuant leur force tout au long du trajet », narre Ms Gyllenhall, et peu survécurent à cette campagne désastreuse.
Au-delà des grandes dates, le documentaire, riche en reconstitutions historiques avec, parfois littéralement, une armée de figurants, présente les Nabatéens comme une puissance intellectuelle et économique majeure de l’Antiquité, dépassant l’image traditionnelle de simples commerçants et bâtisseurs. Hégra y est ainsi décrite non comme un site secondaire, mais comme un centre stratégique d’influence.
Il offre également des perspectives sur des aspects plus subtils de l’histoire nabatéenne, tels que la maîtrise de l’eau et des ressources, ainsi que la place des femmes dans la société.
Maîtrise de l’eau
Les Nabatéens ont surmonté les défis du désert grâce à des techniques sophistiquées de gestion de l’eau, à Hégra et plus au nord, à Petra. Dans les gorges montagneuses, ils creusaient des canaux pour capter les rares pluies et les stockaient dans des citernes et réservoirs. À Petra, ils ont construit un réseau de tuyaux en terre cuite de 7 km, scellés au mortier de chaux, inclinés à 4 degrés pour permettre un écoulement régulier, et des barrages protégeant les villes des crues.
Femmes influentes
Le documentaire présente le projet de reconstitution faciale Hinat, qui a permis de recréer le visage d’une femme prospère dont le squelette quasi intact, âgé d’environ 2 000 ans, a été découvert à Hégra. Le nom Hinat a été donné à la reconstitution en référence à l’inscription sur l’entrée de sa tombe. Datée d’environ 60 ap. J.-C., cette inscription identifie la propriétaire de la tombe comme Hinat, fille de Wahbu, qui l’avait commandée pour elle, ses enfants et leurs descendants. Elle illustre le rôle important des femmes nabatéennes, notamment leur droit de posséder des biens et de faire construire leur propre tombe. L’archéologue saoudienne Munirah AlMushawh, travaillant pour la RCU, souligne dans le documentaire que l’exemple de Hinat est « très inspirant pour moi et pour d’autres femmes en Arabie Saoudite ».
Un mystère persistant
Le documentaire explore enfin les raisons de la disparition du royaume nabatéen. Une théorie avance que l’invention par les Romains de bateaux à voiles triangulaires, permettant de remonter le vent, aurait supplanté le contrôle nabatéen des routes commerciales terrestres de « la Route de l’Encens ». Une autre hypothèse, proposée par Daifallah Altalhi, professeur émérite d’archéologie à l’Université de Hail, évoque les conflits entre empires perse et romain qui auraient perturbé les routes commerciales nabatéennes : « Les populations sont redevenues semi-nomades, et toute la région est tombée dans un quasi-oubli politique », explique-t-il.
Ce mystère perdure, car les Nabatéens ont laissé peu de traces écrites, hormis des inscriptions sur roche. Cependant, les campagnes de fouilles à travers AlUla permettent de mieux comprendre cet empire ancien.