L’image restera longtemps gravée dans les mémoires. Celle d’un paquebot rutilant, au deux tiers immergé sur le flanc, en lisière d’un petit port toscan. Saisissant contraste avec les cérémonies de baptême de ces « villages flottants », lorsque de Gênes à Venise, la liesse le disputait à la fierté sous les feux d’artifice. Cruelle ironie : c’est un vendredi 13, un siècle après le Titanic, que ce « Paradis sur mer » (le dernier slogan de Costa) a emporté des vies. Déjà, au jour de l’inauguration, la traditionnelle bouteille de champagne avait refusé de se briser sur la coque… délivrant un mauvais présage. Mais au-delà des symboles et des superstitions maritimes, il y a les faits. Costa et l’industrie de la croisière tout entière ne feront pas l’économie d’une remise à plat du modèle. Sur le papier, le leader européen de la croisière, adossé à Carnival, premier groupe mondial du secteur, est bardé des certifications les plus prestigieuses, et auréolé du pavillon italien, réputé l’un des plus exigeant au monde. Comment un tel drame a-t-il pu se produire ? Les questions se bousculent (lire notre dossier spécial p. 8 à 13). Par respect pour les victimes, la décence imposera d’y répondre sans concession. Et le pragmatisme d’en tirer toutes les conclusions, pour que les paquebots de croisière demeurent des lieux de villégiature parmi les plus sûrs au monde, et l’un des produits d’avenir les plus prometteurs de l’industrie touristique. Derrière les images et l’émotion, ça aussi, il faut le garder en mémoire…