Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? On pourrait philosopher sur la question en trois tomes, en convoquant Platon, Descartes et Cantona, mais on vous la fait courte, façon café du commerce : la réponse est « nan ». Ce n’est pas l’avis du fondateur de WikiLeaks, le site d’information qui donne en pâture les fuites (leaks), avec l’ambition de devenir « l’organe de renseignement le plus puissant au monde ». Question marketing, il est assez doué. Rien que cette semaine, des extraits de quelque 250 000 câbles diplomatiques américains ont été divulgués au grand public. Cela va de l’insignifiant « Angela Merkel n’a pas d’imagination » au plus problématique « l’Arabie saoudite veut couper la tête du serpent ». Apprendre que la chancelière allemande ne fera pas carrière chez Pixar ne nous défrise pas plus que ça. Jeter à la face du monde les mots doux de Riyad à l’encontre de son voisin iranien (le reptile est le petit nom que le royaume saoudien donne à la Perse), ça nous rend plus nerveux. Pourquoi ne pas se balader avec la cervelle en bandoulière pendant qu’on y est ? Big Brother n’est pas loin… Imaginez que dans le tourisme on ait accès à tous les comptes-rendus de conseil d’administration de nos institutions et réseaux préférés ? Ça ferait au moins… 17 documents annuels à analyser. Et des révélations potentiellement énormes à la clé. Pour autant, côté décodage, c’est pas gagné. Le langage officiel est déjà extrêmement crypté : « Ici Mandelieu, le G2 croit qu’il est un G4 mais deviendra G3, je répète : le G2… ». Ou alors : « ici Malte, le Top 14 joue à 26 avec 1 point de plus, je répète : le Top 14… ». Aucun risque que WikiLeaks lâche ses limiers chez nous. Trop compliqué. La vérité !