Super Tuesday

A chacun son Super Tuesday*. Pour les Américains, c’était la semaine dernière ; pour les professionnels du tourisme, c’était hier, mardi 12 février (nous bouclons le mercredi). L’ensemble du conseil d’administration du Snav était en effet invité à faire ripaille à Bercy avec le sous-ministre du Tourisme, Luc Chatel. Une première ! Au menu : le décret d’application de l’ordonnance de février 2005, les inquiétudes nées des propos de la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, l’avenir de la licence… Mais revenons à l’essentiel : de l’avis général des convives, la chère et le vin étaient bien bons (pas d’inquiétude, j’ai vérifié : foin de règlement, Bercy n’a pas besoin de licence IV pour arroser ses invités). Voilà tout ce qu’il convient de retenir de ce joyeux festin. Pour le reste… Le communiqué du Snav, publié peu après, peinait d’ailleurs à masquer la vacuité de cette rencontre sans le recours à l’éternelle langue de bois. À preuve, il se terminait par une citation qui, outre son approximation syntaxique, veut tout et rien dire : « nous restons vigilants pour une défense constructive quant à l’avenir de notre profession ». Pas de doute, c’était bien un « Supermégatop Tuesday » ! La moquerie est facile, je vous l’accorde, alors que le Snav ne pouvait pas faire autrement que de se rendre à l’invitation d’un sous-ministre désireux de rattraper sa bourde des vœux et la gaffe de Christine Lagarde. Mais encore une fois, je doute de l’efficacité d’une telle démarche. Que pèsera notre profession quand il faudra trancher le texte du décret d’application de l’ordonnance ? Dans l’entourage du sous-ministre, on se dit déterminé à aller au bout et on répète à l’envi : « Une loi qui est votée mais qui n’est pas appliquée n’est pas démocratique ». Cela promet. Heureusement pour le Snav, les municipales viendront peut-être le sauver, temporairement du moins, en reportant une nouvelle fois aux calendes grecques le fameux décret attendu depuis trois ans. Au sein de la majorité gouvernementale, en effet, tout va bien. Mieux serait insupportable. À tel point que les pronostics vont déjà bon train pour savoir qui fera partie de l’équipe ministérielle remaniée après la déculottée attendue des municipales. Dans les petits papiers de sa majesté Sarkozy, Luc Chatel pourrait bien prendre du galon avec un portefeuille plus prestigieux (sauf s’il est battu à Chaumont). Que deviendra alors le fameux décret ? Une nouvelle équipe s’en chargera et tout devra recommencer. Tiens, j’ai une idée ou plutôt un cauchemar : et si papa nommait le fiston flingueur, Jean Sarkozy, au tourisme ?