De mémoire de professionnels, certains d’entre vous avaient bien du mal à citer un précédent. Une grève d’Air France en période de hyperhaute saison, c’est en effet rarissime ! L’événement est considérable à plus d’un titre (lire pages 8 et 9). D’abord, la dernière grève remonte assez loin, à ce mois de juin 1998 quand le courageux Jean-Charles Corbet (un honnête homme s’il en est) avait mené la fronde des pilotes quelques jours avant le début de la Coupe du monde de football. Dans ses proportions, la grève de la semaine dernière a aussi frappé tous les esprits : des milliers de passagers massés devant les zones d’enregistrement, attendant pendant des heures de savoir si leur vol partira ou pas. Une incroyable pagaille qui a empêché des centaines de vacanciers de partir en voyage. Par sa gestion de crise calamiteuse et sa communication déplorable tout au long de cette affaire, Air France a durablement écorné son image. Certes, la grève s’est arrêtée mais le conflit est loin d’être réglé. Une nouvelle grève n’est pas exclue faute d’un accord sur les conditions de travail et la revalorisation des rémunérations. Les syndicats, totalement irresponsables, menacent en effet de recommencer à Noël ! Les concurrents d’Air France, tels British Airways et Lufthansa, se frottent déjà les mains !
Pour les professionnels, agences de voyages et tour-opérateurs, la pilule est dure à avaler. Pour eux aussi, l’heure des comptes a sonné, comme nous avons titré en « une ». Et ils ont parfaitement raison de demander réparation aussi bien pour les coûts directs importants occasionnés par cette grève que pour le surcroît de travail. De son côté, Georges Colson, le président du Snav, joue gros. Dans l’obligation de s’opposer pour la première fois à Air France, il doit prouver à la profession qu’il a conservé toute autonomie par rapport à une compagnie qui l’a aidé à reprendre la tête de Fram aux dépens de Marie-Christine Chaubet. Comme un brevet d’indépendance en quelque sorte.