Le plaquage de trop. Celui dont on ne se relève pas. Olivier Delaire, le président de l’APS, s’est éteint samedi dernier, vaincu par la maladie, parti pour « un voyage sans réclamation », comme l’a rappelé le curé de la paroisse pendant la cérémonie religieuse. L’un des rares combats, inégal et injuste, que ce passionné de rugby aura perdu. Car le bonhomme, avec sa carrure d’athlète et son visage ovale, n’aimait rien tant qu’aller au contact pour défendre ses convictions. Gare alors à celui qui portait le ballon, il avait toutes les chances de se faire emplafonner dans les dix secondes ! Mais, aussi sensible qu’emporté, il savait pertinemment quand il avait tapé un peu trop fort et ne pouvait s’empêcher de proposer à son adversaire d’un jour ou d’un soir une troisième mi-temps forcément arrosée au cours de laquelle les rancunes et les reproches s’évanouissaient dans le fumet d’un bon vin ou d’une tendre viande. Avant de repartir de plus belle… Chacun de ses coups de gueule, porté par sa voix tonitruante, résonnait dans la profession comme un avertissement sans frais. On a tous en mémoire la bataille homérique qu’il a livrée au moment où il était question d’octroyer une licence d’agent de voyages aux associations. Défenseur acharné des entrepreneurs, cette initiative était pour lui un scandale sans nom, une entorse à la liberté et à l’esprit d’entreprise qu’il chérissait tant. C’est animé de cette même conviction qu’il a plongé en 1997 au cœur de la mêlée pour transformer son plus bel essai : la garantie totale des fonds déposés. Une véritable avancée qui a non seulement permis aux petits distributeurs de lutter à armes égales avec les grands groupes mais aussi de crédibiliser la profession aux yeux du grand public, des milliers de clients ayant pu partir en vacances grâce à cette disposition malgré la faillite de leur agence de voyages. En plus de 25 ans à la tête de l’APS, Olivier Delaire a poussé l’association dans l’en-but des institutions qui comptent avec l’aide de ses collaborateurs les plus proches, dont Michel Messager et Emmanuel Toromanoff. Face aux dangers qui menacent, la profession aura besoin à l’avenir du même esprit de solidarité qu’aura su insuffler, en bon rugbyman qu’il était, Olivier Delaire pendant toutes ces années. De la solidarité pour éviter la cuillère en bois, du nom de ces défaites cuisantes qui font si peur aux équipes du tournoi des Six Nations. Toute l’équipe de Tour hebdo s’associe à la douleur de sa famille, de ses amis et de ses collaborateurs à l’APS.