
Les faits se seraient déroulés fin octobre à l'arrivée en Argentine sur un vol Paris-Buenos Aires.
Le SNPNC, un syndicat de navigants, a décrit le "calvaire" vécu fin octobre par un équipage d'Air France à Buenos Aires dans un courrier adressé au ministre des Affaires étrangères et un autre à l'ambassadeur de France en Argentine. Il aurait été convoqué au tribunal et "interrogé dans des conditions bafouant les droits fondamentaux" après la plainte d'une passagère, fille d'un ancien membre du gouvernement argentin.
L'équipage aurait d'abord refusé à la passagère d'être surclassée, faute de place, puis aurait accepté de la changer de siège, en vol, après s'être plainte "d'une attitude déplacée de son voisin". Selon une source proche de l'enquête rapportée par l’AFP, la passagère argentine, médecin de 29 ans, s'est rendue au commissariat de l'aéroport international d'Ezeiza et a porté plainte, accusant son voisin de s'être masturbé dans l'avion.
Placé à l'isolement pendant 24 heures
A l’arrivée dans l’aérogare, le chef de cabine a été interpellé et placé à l'isolement pendant 24 heures sur décision du juge, sans pouvoir parler à un avocat ou à l'assistance consulaire. Il a été relâché le lendemain, sans être interrogé par le juge. Le reste de l’équipage a également été interrogé, sans contrainte physique.
Le président d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, "a fait connaître au ministère des Affaires étrangères son indignation quant aux conditions de convocation et de détention arbitraires dont l’équipage d’Air France a été victime". L’équipage, psychologiquement traumatisé, n’a pas été en mesure d’assurer le vol retour et Air France a dû envoyer de Paris un avion à vide pour assurer la continuité de la desserte.
Un antécédent en 2014 chez Korean Air
Cette situation de crise est une première pour Air France. La gestion des séjours des équipages dans les escales n’est toutefois pas de tout repos. Chaque navigant dispose d’un guide avec les pratiques locales, les quartiers à éviter, les adresses utiles (consulat, médecin, etc.). Dans les pays à risques, le relais d’équipage n’a pas lieu et le changement intervient lors d’une escale suivante, éventuellement supplémentaire au trajet normal.
Le comportement arrogant des fils et filles des puissants n’est pas propre à l’Amérique latine ou à l’Afrique. Fin 2014, Cho Hyun-Ah, fille du PDG de la compagnie aérienne Korean Air, a été condamnée à un an de prison après avoir fait un esclandre à bord d'un vol New York-Séoul pour des noix d'apéritifs servis en sachet et non pas dans un bol. L'héritière exigeante avait frappé le chef de cabine puis exigé que l'avion fasse demi-tour.
Thierry Vigoureux