La Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers (FNAM) souligne un été globalement positif, mais insiste sur les défis économiques et la transition écologique
Le transport aérien français fait face à un environnement économique moins prévisible après le rebond post-COVID, d’autant que les principaux coûts des compagnies aériennes dont le kérosène, les taxes, la fiscalité spécifique carbone, les redevances, le coût de la main-d'œuvre et la maintenance ont augmenté de manière significative. Les tarifs, mesurés par l'Indice IPTAP DGAC, ont ainsi en conséquence évolué à la hausse.
Dans l'ensemble, le trafic aérien s'est bien maintenu
Les liaisons vers les DOM-TOM ont, comme le trafic international, enregistré de bonnes performances.
Pour autant les secteurs cargo et affaires n’en retrouvent pas leur niveau de 2019. Alain-Hervé Bernard, Directeur Général Délégué Air France explique : « nous remontons la pente petit à petit. Nous étions à l’année dernière à 85% de nos performances de 2019. Cette année, notamment avec les bons résultats que nous obtenons sur l’Amérique du nord et l’Asie nous allons tendre vers les 95% du réalisé 2019. Mais le marché domestique reste en deçà, surtout pour le secteur affaires. Je ne vous donne qu’un chiffre pour vous rendre compte : le nombre de vols, aller et retour dans la journée est en baisse de 60%. »
Le comportement des voyageurs change comme le précise Marc Rochet du Groupe Dubreuil et Président de la Commission Economie et Compétitivité de la FNAM : « nous constatons une évolution dans les comportements d’achat. La classe premium se développe. Ce qui veut dire que les passagers loisirs n’hésitent plus à s’offrir un siège plus confortable aux prestations améliorées, même s’il n’est pas full flat. Nous avons adapté nos cabines pour répondre à cette demande. »
Bilan de l’été 2023 et perspectives de trafic hiver 2023/2024
L'été 2023 a été marqué par de bonnes performances opérationnelles (passage des frontières et de la sûreté et traitement des bagages) dans les aéroports, malgré une activité se rapprochant de 95% des niveaux de 2019 pour le hub de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Cependant, des problèmes de ponctualité persistent en raison notamment d’une performance encore insuffisante du contrôle du trafic aérien (ATC). Ces défis persisteront en 2024 avec la mise en œuvre du système 4-Flight qui constitue un "mal nécessaire" pour améliorer les performances.
Les compagnies aériennes soutiennent pleinement les efforts visant à accroître la prévisibilité des impacts des mouvements sociaux dans les centres de contrôle aérien. La FNAM espère ainsi que le projet de loi correspondant sera adopté rapidement par le Parlement.
Les perspectives de trafic sur le long-courrier pour l'hiver 2023/2024 restent optimistes, avec un retour à près de 98% des capacités de 2019 en sièges-kilomètres offerts et un développement notamment des services vers l'Asie.
L’ensemble du secteur se prépare enfin pour les grands événements à venir, en particulier les Jeux Olympiques. La FNAM appelle dans ce contexte à ce que l'accès des salariés aux aéroports soit garanti dans de bonnes conditions durant cette période et que les éventuelles restrictions de vols, notamment pour la cérémonie d'ouverture, soient aussi limitées que possible.
Sûreté aéroportuaire
Une autre préoccupation majeure concerne le financement de l’activité régalienne qu’est la sûreté aéroportuaire. La FNAM en appelle à l’Etat afin de prendre en charge tout ou partie du coût de cette activité pendant la période COVID afin de limiter le déficit prévisionnel du tarif de sécurité et de sûreté (T2S).
Les compagnies aériennes portent enfin une attention particulière à une éventuelle évolution de la régulation aéroportuaire. Elles ont formulé des propositions communes avec l'UAF. Elles soutiennent par ailleurs les recommandations récentes de l'Autorité de Régulation des Transports adressées au gouvernement sur cette question.
Transition Écologique et Impact Socio-Économique pour les Territoires des Activités Aériennes
La FNAM rappelle que la transition écologique du secteur aérien repose sur plusieurs piliers, notamment le progrès technologique à travers le renouvellement des flottes, l'utilisation de carburants aéronautiques durables (CAD) et l'optimisation des opérations aériennes. voir article
En ce qui concerne les CAD, il est essentiel que le gouvernement garantisse, outre le développement d’une filière française, un accès à la biomasse nécessaire en attendant le développement des e-fuels et mette en place des mécanismes assurant un prix d'achat raisonnable.
Un dispositif de suramortissement fiscal pour favoriser le renouvellement des engins de piste afin de les “verdir” est important pour favoriser la décarbonation des opérations au sol.
Les descentes continues constituent un élément clé pour réduire à la fois les émissions de CO2 et le bruit. Cela devrait constituer, au même titre que le renouvellement des flottes, une priorité dans les études d'approche équilibrée en cours. Celles-ci sont en effet essentielles pour mettre en perspective les avantages économiques et sociaux procurés par l’activité aérienne par rapport aux nuisances générées.