
La deuxième compagnie allemande, accompagnée par Etihad, renforce ses fonds propres.
Les marchés financiers ne renâclent pas à investir dans AirBerlin alors qu’ils sont beaucoup plus prudents quand il faut apporter des capitaux à Alitalia. La deuxième compagnie aérienne allemande a annoncé jeudi avoir achevé avec succès son programme de recapitalisation, en levant quelque 550 millions d'euros au total.
"A travers deux obligations, l'une en euros, l'autre en francs suisses, AirBerlin a levé 252 millions d'euros", a annoncé le groupe dans un communiqué. A ces fonds s'ajoute une nouvelle aide financière de son actionnaire principal, Etihad, la compagnie nationale des Emirats arabes unis, basée à Abu Dhabi, qui détient un tiers du capital d'AirBerlin. Cette aide, d'un montant de 300 millions d'euros, est délivrée sous forme d'obligations convertibles en actions.
Etihad a également consenti un allongement de la durée de remboursement d'un prêt de 255 millions de dollars (184 millions d'euros), jusqu'à 2021, contre 2016 prévu initialement, avait annoncé le groupe la semaine dernière.
Réaction attendue de la part de Lufthansa
Reste à voir quelle sera la réaction de Lufthansa dont le lobbying à Bruxelles est intense. Partenaire d’Etihad et d’AirBerlin, le groupe Air France-KLM est plus réservé. Notons, par ailleurs, que les deux salariés d’AirBerlin à Paris ont déjà rejoint les locaux d’Etihad, rue de Berri.
En attente de recapitalisation, affichant 1 million d’euros de pertes par jour, Alitalia négocie toujours avec Etihad qui reste l’unique partenaire. La dette, qui atteint 1,12 milliard d’euros, pourrait être logée en grande partie dans une "structure de défaisance".
En d’autres termes, cela revient à la faire passer en pertes et profits et à passer (une nouvelle fois) l’éponge. Les banques italiennes créancières apprécieront. Bruxelles pourrait assimiler ce montage à une subvention.
A Abu Dhabi, dimanche dernier lors de la présentation des nouvelles classes de la compagnie Etihad, James Hogan, le Pdg d'Etihad, s’est refusé à tout commentaire alors que les dirigeants italiens venaient aux Emirats lui rendre visite pour tenter d’arriver à un accord.
Le plan social est, semble-t-il, un point de blocage. La suppression de 1 800 postes sur 10 000, actés avec les syndicats, aurait été portée à près de 4 000.
Thierry Vigoureux