Le transport aérien devrait croître de 5% par an dans les 20 prochaines années sur le continent africain. Un marché (historique) pour Air France, sur lequel la compagnie a décidé de miser, notamment à l’Est. Entretien avec le directeur général Afrique d’Air France.
Tour Hebdo (TH) : Quel bilan 2018 tirez-vous sur le marché Afrique pour Air France ?
Frank Legré (F.L.) : De manière générale, nous constatons de grands écarts entre les différentes sous-régions : en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, nos résultats sont bons et on sent le dynamisme de ces marchés. L’Afrique centrale, et plus globalement l’Afrique pétrolière, restent toujours très impactées par la baisse des prix des hydrocarbures et des matières premières entamée fin 2014.
En 2018, la grande nouveauté a été l’ouverture de la ligne Paris-Nairobi, avec 3 fréquences hebdomadaires. Ces vols sont exploités en partage de codes avec notre partenaire Kenya Airways. Ainsi, nos clients bénéficient de 10 fréquences hebdomadaires sans escale entre Paris et Nairobi, avec 3 vols assurés par Air France et 7 vols assurés par Kenya Airways.
De plus, dans la continuité de Nairobi, les clients d'Air France ont accès à 27 destinations régionales exploitées en partage de code avec notre partenaire. Un client français peut désormais se rendre très facilement à Zanzibar, Kigali, Lubumbashi ou Maputo via Nairobi avec des correspondances optimisées dans les deux sens.
TH : Quels sont vos objectifs pour 2019 ?
F.L. : Face au succès de cette ouverture de ligne Paris Nairobi, dès la fin mars 2019, nous ajouterons 2 fréquences hebdomadaires sur Nairobi pour offrir 5 vols Air France par semaine. Par ailleurs, notre objectif premier est de satisfaire et fidéliser notre clientèle sur nos vols Afrique. Grâce à l’arrivée dès le 28 janvier des nouvelles cabines de voyage sur nos Airbus A330, nous proposerons un produit de grande qualité, avec un investissement de 150 millions d’euros dans les cabines de nos 15 A330. C’est une étape majeure qui s’inscrit dans notre stratégie globale de montée en gamme.
TH : Quel est votre regard sur la montée en puissance d’Ethiopian Airlines ?
F.L. : La concurrence est un facteur positif tant pour les acteurs du transport aérien que pour leurs clients. Nous faisons face à la concurrence partout dans le monde. Il ne nous appartient pas de commenter les stratégies de nos compétiteurs mais plutôt de nous y adapter. Dans ce sens, nous disposons de nombreux atouts, comme la densité de notre programme de vols vers l'Afrique avec de nombreux vols directs quotidiens et des produits de dernière génération, comme en témoigne la mise en service du Boeing 787 sur plusieurs lignes africaines comme Abidjan, Bamako ou Nairobi. Enfin, une gamme tarifaire étendue avec des offres promotionnelles tout au long de l'année, notamment sur les destinations que nous desservons en gros porteurs comme Abidjan, Dakar ou Johannesburg.
TH : Que pensez-vous des travaux en cours sur le ciel ouvert africain ?
F.L. : C’est aux Africains de décider de leur politique de transport aérien et non aux Européens. Néanmoins, sur des marchés fragmentés et de taille limitée, un open sky intra-africain ne pourra que bénéficier aux plus grandes compagnies de ce continent, ce qui n’est pas nécessairement dans l’intérêt de tous les acteurs du transport aérien ni des voyageurs africains.