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Point marché : tout n’allait pas mieux avant, pas même la météo


Publié le : 01.09.2025 I Dernière Mise à jour : 01.09.2025
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Auteur

  • Patrick GAUTIER - Directeur Gestion Privée Paris Valoria Capital

Les Actions sont-elles dans une bulle ?

 

A quelques semaines du vote du budget 2026, la France se retrouve de nouveau fragilisée par l’instabilité politique.

Mais c’est vrai que tout n’allait pas mieux avant et que l’histoire de la terre a connu pendant l’époque du Carnien un épisode pluvial sans interruption pendant plus d’un à deux millions d’années. Cette catastrophe climatique, déclenchée par des éruptions volcaniques et un réchauffement de trois à quatre degrés, a entraîné une extinction massive des espèces.

Aujourd’hui, la situation n’est pas aussi grave. Et pourtant, on a cet été l’impression d’une pluie incessante, tant sur le plan météorologique que politique.

 

Donald Trump provoque, menace, négocie, met sous pression et l’accord esquissé fin juillet avec l’UE montre cruellement le peu de ressources de l’Europe pour faire front :

• Aucune sur le plan militaire

• Très peu sur le plan économique

L’Europe reste dépendante des États-Unis en matière de sécurité et donc vulnérable au chantage. Le rêve de zones exemptes d’armes nucléaires n’est envisageable qu’avec le bouclier protecteur américain. La diplomatie n’est efficace que si elle est étayée par une force crédible. L’Europe est admise à la table des négociations, mais elle n’y a que peu d’influence. Les hommes politiques concentrant les pouvoirs, tels que Poutine, Netanyahou, Erdogan ou Trump, n’accordent aucune attention aux exhortations européennes.

Trump dénonce les obstacles commerciaux à l’accès au marché de l’UE : règlement taxonomique, loi sur la chaîne d’approvisionnement, interdiction des OGM, taxe carbone et taxe compensatoire sur le CO2 sont de véritables obstacles que nous ne percevons pas comme tels au sein de l’UE.

L’UE interdit l’importation d’aliments génétiquement modifiés, compromettant ainsi la sécurité alimentaire dans les pays en développement. Cependant, 34 lauréats du prix Nobel appellent à un changement d’état d’esprit. Il n’existe pas un seul cas documenté de préjudice.

« The Economist » a bien résumé la situation : l’Europe se demande si les OGM sont dangereux, et les pays en développement répondent : « Oui, sans eux, nous mourons de faim. »

Trump déchire le voile des illusions européennes. Le résultat : un mécanisme douanier qui nuit à tout le monde. Un droit de douane nul dans les deux sens aurait été une meilleure solution, mais cela nécessite du courage et une vision stratégique claire.

Que doit-il se passer en Europe ? Nous avons besoin d’un véritable marché intérieur, d’une véritable union des marchés de capitaux, d’une politique d’immigration réaliste, de normes de durabilité plus pragmatiques et d’une autonomie en matière de politique de sécurité.

Nous aurons alors le poids nécessaire pour ne plus être la proie de chantages et pour prendre notre place entre les États-Unis et la Chine.

Mais pour ce faire nous avons besoin d’une France « forte » et aujourd’hui nous assistons à un véritable changement au sein des pays de la Zone euro : la France était considérée autrefois par les marchés de capitaux internationaux comme faisant partie des pays dit « du Nord » alors que l’Espagne ou le Portugal étaient considérés « à risque » ou « périphériques ».

Fin 2023, la France finançait sa dette 36 points de base (pbs) en-dessous de celle de l’Espagne et 81 pbs en-dessous de celle de l’Italie. Alors que maintenant seule la Lettonie paye plus cher pour financer sa dette de maturité 5 ans.

 

Pourquoi ?

Car devant l’absence d’avancées sur le budget 2026 et face à un risque de contestation sociale important début septembre, le chef du gouvernement français François Bayrou a annoncé solliciter un vote de confiance de l’Assemblée nationale pour obtenir un blanc-seing de négociation pour le budget 2026. Ce budget suppose la réduction de dépenses et quelques hausses d’impôts pour corriger le déficit excessif et la hausse de la dette publique, déjà à 3'350 milliards d’euros, ou 114% du PIB français. Le Premier Ministre engagera ainsi la responsabilité de son gouvernement sur son programme budgétaire visant à réaliser près de 44 milliards d’euros d’économies.

Ce projet de budget propose notamment la suppression de deux jours fériés, la non-indexation des prestations sociales et des pensions de retraite sur l’inflation ou encore la suppression de 3000 emplois publics.

 

Quel scénario pour la France ?

-Le gouvernement actuel survit au vote des députés

-Le gouvernement actuel démissionne et il faut nommer un nouveau 1er ministre

-L’Assemblée est dissoute et il faut retourner aux urnes

 

Quel que soit le scénario le problème structurel demeure et il faudra bien trouver des solutions

Le sujet, c’est que pour y parvenir, et je vous invite à relire le point marché du 28 juin dernier, il faut prendre des décisions impopulaires et douloureuses et réduire les dépenses de l’Etat en-dessous des 57% du PIB dans un contexte de croissance presque nulle est quasiment infaisable.

Il paraît ainsi improbable dans le contexte actuel de s’attaquer aux 1,5 million de fonctionnaires dans l’action sociale, au millefeuille administratif, aux 14 milliards d’aide publique au développement, à une nouvelle hausse de l’âge de la retraite et à un nouveau calcul des retraites.

Ceci crée une différence majeure entre la France et les autres pays européens en terme budgétaire. En effet, au-delà des rhétoriques électorales, un simple chiffre : le taux d’activité de la population française (personnes qui travaillent dans l’ensemble de la population) n’est que de 49%, contre 55% en Allemagne. Ceci est lié à un âge plus élevé d’entrée sur le marché du travail des jeunes français et un départ à la retraite plus précoce.

Alors que les Français travaillaient 664 heures par habitant en 2024 contre 730 heures en Allemagne, le niveau des retraites est plus élevé en France et l’âge de départ plus précoce !

Il faudrait ainsi casser le monopole de l’Education Nationale sur les diplômes pour doper l’apprentissage chez les jeunes, comme en Allemagne, élever l’âge de départ à la retraite, supprimer les 35 heures et réduire les dépenses sociales pour assainir la situation de manière durable.

Programme qui paraît impossible en France à ce stade avec un tel Parlement : l’addition des voix des partis opposés à la réforme budgétaire, soit les partis de gauche (PS+LFI+Verts+PCF), 207 sièges, et du RN (123 sièges) et de l’UDR, parti de droite d’Éric Ciotti allié au RN (15 sièges) se monte à 330 sièges, soit bien plus que la majorité de 288 sièges.

Dans ce cadre, les investisseurs anticipent de plus en plus une instabilité politique durable et une impossibilité de réformes profondes, réclamant une prime importante pour financer la dette française.

Un autre élément de long terme peut inquiéter les investisseurs : la possible victoire aux élections présidentielles de 2027 de Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Le RN a en effet un programme économique ambigu sur la réduction des dépenses, privilégiant la baisse des dépenses destinées aux immigrés et aux pays étrangers, ce qui ne suffirait pas pour assainir le budget. Le marché risque de paniquer au fur et à mesure que cette échéance se rapproche.

Si le RN change son programme économique ou si l’effet de relance du plan infrastructure allemande et du plan ReArmEU dopent la croissance française, la situation pourrait s’arranger, mais l’effet des plans de relance sur le PIB français pourrait ne pas suffire pour faire baisser les 57% du PIB de dépenses de l’Etat même avec une croissance légèrement meilleure.

 

Mais concrètement cela donne quoi ?

Le taux d’intérêt de l’OAT à 5 ans est ainsi de 2.84% contre 2.76% pour celle de l’Italie et de 2.67% pour celle de la Grèce. Les pays les mieux notés tels que l’Allemagne ou la Belgique financent leur dette de maturités 5 ans à respectivement 2.27% et 2.63%.

Quant à l’écart de rendement avec l’Allemagne, il est actuellement pour la France le plus élevé parmi les grands pays européens. Il s’élève à 57 pbs sur la maturité 5 ans et à 78 points de base sur le 10 ans. Pour rappel, la première économie de la zone euro a entamé un revirement budgétaire en enlevant son frein à l’endettement et en annonçant plus de 1’600 milliards d’investissement sur les 10 prochaines années….

La France qui bénéficie encore d’un rating très élevé relativement aux autres pays (AA- contre BBB pour la Grèce chez S&P Global) est le pays qui s’éloigne le plus de la ligne médiane entre les taux d’intérêt et les notations. Cet écart indique que les investisseurs réclament une prime plus élevée que celle historiquement accordée pour un rating de AA-.

Ce « surcoût » demandé pour financer la dette française est unique aujourd’hui sur le marché des capitaux européen et souligne combien la situation des finances publiques françaises s’est dégradée et induit une anticipation de baisse de notation.

Cette dégradation est plus structurelle que conjoncturelle comme l’indique l’évolution des écarts de rendement entre la dette française et celles de l’Italie et de l’Allemagne.

Depuis 2020, l’écart entre le rendement à 10 ans de la dette française et italienne est passé de 1.3% à 0.06% alors que celui avec l’Allemagne est passé de 0.25% à 0.78%.

 

Faut-il s’inquiéter pour nos placements franco-français ?

Pour le secteur financier, les banques françaises sont parmi les plus solides et les mieux notées du secteur en Europe. Les résultats publiés au second trimestre soulignent ainsi le haut niveau de leur profitabilité. Lorsque nous comparons l’ensemble des écarts de crédit du secteur bancaire européen par pays, nous n’observons pas d’écartement majeur entre les banques françaises et les banques des autres pays.

Cependant, la détention d’obligations nationales dans leur bilan et la distribution de crédit majoritairement domestique rendent les banques sensibles à la courbe souveraine de leur pays. Si la dette des banques françaises a un écart moyen de leur rendement par rapport au rendement souverain français en ligne avec les autres pays, tout écartement de la courbe française sur des maturités 5-7 ans à l’avenir pourrait renchérir le coût de refinancement des banques françaises.

Au niveau des actions, le coût des capitaux propres du CAC 40 demeure très proche de celui du Stoxx 600, sans offrir de décote significative, du fait de la diversification des activités à l’international des entreprises du CAC 40 et leur endettement également planétaire.

Cependant, en dépit de cela, la sous-performance du CAC depuis la dissolution de juin 2024 est manifeste : En effet, sur la période le CAC n’a progressé de seulement 3.5% contre 34% pour le DAX 30 allemand et 31% pour le MIB italien.

La sous-performance s’est accélérée depuis l’annonce de F. Bayrou, le CAC sous- performant dorénavant de près de 3% le Stoxx 600.

Cette sous-performance peut être expliquée par des facteurs sectoriels ou spécifiques qui ont affecté l’indice français sur la période. Par exemple, en 2025, sa sous-performance tient davantage aux thématiques mondiales (guerre commerciale, taux de change) qu'aux préoccupations politiques. De plus sa surexposition au luxe et à l’automobile, deux secteurs sous pression en 2025, explique une large part de cette sous-performance, davantage que le budget français.

Néanmoins, le risque politique et l’incertitude fiscale générée constituent depuis l’annonce du 1er ministre, un facteur à nouveau important pour les secteurs domestiques.

Ainsi, au sein des secteurs purement nationaux (banques, petites capitalisations, télécommunications et services aux collectivités, qui ont perdu 7% les 25 et 26 août), nous observons des signes clairs d'une réémergence d’une décote politique.

Certains grands titres domestiques ont déjà atteint de fortes décotes de valorisation par rapport à leurs pairs européens indiquant que le problème de croissance et de budget en France semble en grande partie escompté dans les cours actuels.

Néanmoins, une hausse de l’incertitude de court terme pourrait entraîner des ventes encore plus marquées d’investisseurs internationaux. De ce fait, la volatilité pourrait prévaloir à court terme. Un scénario d’arrivée au pouvoir de partis extrêmes pourrait aussi à terme amplifier cette décote. Dans ces conditions, il est préférable de privilégier les valeurs à exposition internationale.

En effet, les actions exportatrices sont moins exposées au risque politique français. Je pense aux secteurs comme :

• Les industries exposées au plan de relance infrastructure allemand et au plan ReArmEU

• Les sociétés de consommation qui peuvent bénéficier d’une stabilisation en Chine et qui produisent aux USA (peu exposées aux droits de douane, ou dans des secteurs ou les droits de douane peuvent être passés aux clients via des prix de vente plus élevés)

• Les bancaires françaises gardent une certaine attractivité mais leur potentiel pourrait être moindre que leurs pairs européens ;

• Les sociétés dans le secteur défensifs moins exposés à la conjoncture française.

 

Devons-nous arbitrer les portefeuilles ?

Avant de répondre, il me semble important de rappeler que la capitalisation du CAC 40 est de l’ordre de 2.400 milliards (soit les 40 plus grosses sociétés françaises cotées) alors que la capitalisation de APPLE (une seule société américaine), est de 3.400 milliards de dollars et celle de NVIDIA est de 4.300 milliards de USD$.

Pourquoi ce rappel ? Uniquement pour « relativiser » les conséquences politiques françaises sur les placements « Actions » de vos portefeuilles et contrats d’assurance.

Le S&P 500 américain, l'indice le plus connu du monde, est au zénith. Aucune des calamités promises il y a quelques semaines ne s'est concrétisée aux Etats-Unis. Il n'y a pas eu de sortie de route économique, pas d'hyperinflation, pas d'effondrement des échanges commerciaux. Mais beaucoup de points de tension perdurent : bras de fer douaniers avec le Brésil et l'Inde, jeu de dupes avec la Chine, crise institutionnelle avec la Fed, poursuite de la guerre en Ukraine et quelques autres. Les marchés financiers s'en accommodent.

Parmi les indices qui ont connu un mois d'août faste, il en est un qui se distingue : le CSI 300, l'indice principal des places boursières continentales chinoises (Shanghai et Shenzhen). Il est souvent cité avec le Hang Seng, qui est l'indice de Hong Kong et la vitrine des entreprises chinoises mieux connues des investisseurs internationaux. La Chine continentale est en train de revenir en grâce dans les cercles financiers. Le gain de

10% au mois d'août n'y est pas étranger, d'autant qu'il propulse le CSI 300 au plus haut depuis trois ans et demi. Paradoxalement, cette vigueur intervient à l'heure où rien n'est vraiment réglé entre Pékin et Washington et où les lézardes économiques chinoises sont toujours béantes, au niveau de l'immobilier, des prix ou de la consommation intérieure.

Comme c'est souvent le cas en finance quand des marchés sont brûlants, les investisseurs craignent la surchauffe mais sont incapables de se retenir d'y aller, de peur de rater le train en marche. Avec la bénédiction de quelques grosses signatures, puisque Goldman Sachs a relevé hier de 4500 à 4900 points son objectif sur le CSI 300 à 12 mois.

 

La seule question que nous devrions nous poser est : les Actions sont-elles dans une bulle ?

Pour répondre il faut analyser et regarder si les valorisations sont élevées par rapport aux mesures de valorisation traditionnelles ? Si les prix anticipent bien une forte appréciation future des bénéfices ? Si les achats sont financés par un effet de levier important ? Si les acheteurs ou les entreprises effectuent des achats anticipés ? De nouveaux participants sont-ils arrivés sur le marché ? Le sentiment général est-il fortement haussier ? Un durcissement des conditions pourrait-il faire éclater la bulle ?

Dans ce contexte, les indicateurs d’une bulle sur les marchés aujourd’hui apparaissent mitigés. Les valorisations restent élevées par rapport aux moyennes historiques, et les investisseurs tablent sur une croissance soutenue des bénéfices, notamment chez les géants de la tech. Même si les investissements dans la tech semblent justifiés si on regarde les opportunités offertes par l’IA, ils sont réalisés dans l’espoir de rendements futurs plus élevés.

Concernant l’effet de levier, les données du Conference Board indiquent que les soldes débiteurs sur les comptes sur marge (l'argent emprunté pour investir) ont progressé d’environ 50 % au cours des deux dernières années, tout en restant inférieurs aux pics de fin 2021.

Par ailleurs, le sentiment des investisseurs demeure modéré : les positions sont proches de la neutralité et le sondage de l’American Association of Individual Investors a récemment affiché des positions nettes baissières. Enfin, bien que la part des investisseurs particuliers dans l’activité sur actions soit nettement plus élevée qu’avant la pandémie, elle reste en dessous du record historique de 31 % observé en décembre 2020.

Il est important de souligner que, même si la dynamique actuelle du marché pouvait être qualifiée de bulle, l’une des causes typiques de l’éclatement — la hausse des taux d’intérêt — semble peu probable à court ou moyen terme.

En effet, les investisseurs anticipent une baisse des taux de la Fed de 25 points de base en septembre, suivie d’une réduction supplémentaire de 75 points de base d’ici la mi-année prochaine. Toutefois, dans un contexte de conditions financières déjà très accommodantes, de nouvelles baisses de taux pourraient favoriser un retour de l’inflation, ce qui risquerait d’entraîner une forte correction des valorisations.

 

Gardons à l’esprit que les pessimistes font de l’audience, les optimistes font de l’argent ! Investir en Bourse reste l’un des meilleurs moyens de générer des richesses à long terme.

Nous privilégions toujours les Actions / le secteur de l’IA, et la classe d’actif des produits à « promesse » ou structurés pour diminuer la partie risque tout en s’adossant aux actions.

 

 

 

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