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Economie

L’attractivité des métiers du tourisme débattu lors du congrès Selectour


Publié le : 04.12.2023 I Dernière Mise à jour : 05.12.2023
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Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

En invitant Julia de Funes, philosophe et conférencière, le groupe tente d’apporter la réponse au problème de recrutement dans le secteur du tourisme

La fidélité des collaborateurs vis-à-vis de leur entreprise se vivait et s’exprimait à hauteur de 60% pour la génération précédente. Indubitablement, les temps changent puisque ce taux tombe aujourd’hui à 21% !

Pas facile, dans ces conditions, de recruter un personnel motivé. La question de l’attractivité des métiers se pose et depuis le Covid le secteur du tourisme en sait quelque chose. D’où l’idée très opportune des organisateurs du congrès Selectour, d’inviter Julia de Funes Philosophe et conférencière à débattre sur ce sujet.

Pourquoi une philosophe plutôt qu’un responsable des relations humaines ou un sociologue pour nous éclairer sur ces évolutions sociétales ? Julia de Funes, d’emblée répond à cette question : « la philosophie recherche le sens par la confrontation des idées, à la différence de la science qui est à la recherche du vrai ». Ça tombe bien, car le sens il va y en avoir besoin.

Que cherche un salarié : le bonheur dans son travail ? Erreur nous prévient la philosophe : « le travail est un moyen. Il est utopique de croire qu’il représente une valeur morale. Si vous pouviez être tenté de le penser dans le monde d’avant, n’imaginez même pas que ça puisse marcher aujourd’hui. Mon premier conseil consiste donc à ne pas chercher à séduire vos prochains collaborateurs en leur promettant le bonheur dans leur travail. En revanche, valorisez le sens des missions que vous allez leur confier. Leurs motivations viendront de cette approche. Être heureux au travail c’est comprendre pourquoi je travaille. Le bonheur est une conséquence pas un moyen ».

Bien entendu, il ne s’agit pas d’éluder la confrontation des idées. Julia de Funes précisant que l’esprit grandit quant il est sollicité. « C’est comme un muscle. Sans confrontation, l’esprit ne se développe pas »

Mais attention, la confrontation ne doit avoir qu’une raison d’être : faire progresser la recherche de sens sans engendrer pour autant du stress et de l’angoisse. La philosophe nous explique une évidence, mais qui cadrée dans son contexte prend toute sa place : « tout notre environnement transpire la peur. La moindre nouvelle porte sa dose de malheur ou de désespérance. L’actualité récente le prouve, Covid, guerre, inflation, climat et maintenant les punaises de lits ! Demain ce sera autre chose encore. Vous qui travaillez dans le tourisme vous êtes bien placé pour le savoir : le moindre trouble dans le monde est médiatisé et amplifié au-delà de la réalité des faits. Tout est fait rendre l’adulte dépendant de la peur comme lorsqu’il était petit enfant alors qu’il devait justement s’en affranchir pour grandir. »

Compris, mais justement comment faire dans le contexte actuel particulièrement anxiogène, la morosité ambiante, les défis environnementaux, le bashing actuel concernant le secteur du tourisme ? Julia de Funes à sa méthode : « Je ne crois que dans la logique de l’action au sens étymologique du mot, c’est-à-dire agir à partir de soi-même. Nous cultivons la non dépendance. Ce n’est qu’avec cette démarche qu’on est quelqu’un, pas juste un rouage. »

Pas si simple, mais encore ? Elle précise que cette démarche relève d’un véritable changement de paradigme et explique : « considérer l’action comme un moyen et en aucun cas comme une finalité. Une action pour une action n’a aucun sens. ». Cela dit, elle n’invente rien. Ce n’est que la transposition pour le monde des affaires d’une sagesse ancestrale, dont Philadelphie, ancien nom d’Amman et septième église d’Asie* promulguait déjà au 4 éme siècle : ‘’l’action pour l’action, pas pour le résultat de l’action’’. Le hasard fait parfois bien les choses puisqu’Amman fut le cadre du congrès Selectour pendant 4 jours.

A suivre la philosophe, les collaborateurs comme le manager devraient se polariser d’abord sur l’action en partant du principe que ‘’peut-être’’ les résultats suivront ! Vue de cette façon, la démarche semble, en effet, infiniment moins stressante.

Mais est-ce que ça marche ? Et puis comment parvenir à se détacher de l’obsession de la performance devant les obstacles qui complexifient en permanence la bonne marche des affaires ? Julia de Funes a-t-elle une martingale pour échapper au stress des objectifs, des engagements, de la fidélisation des clients, de la conquête des prospects ? Assurément, en suivant son idée de départ elle réaffirme : « la finalité dans une entreprise, c’est le sens donné au travail. Ce dernier n’est qu’un moyen. Ne vous préoccupez pas du résultat qui engendre la peur, sinon elle va vous inhiber. Concentrez-vous sur l’action, votre action individuelle. C’est le meilleur moyen de vous affranchir de la peur et d’être performant. ».

Vœux pieux ? Angélisme ? Utopie ? Pas du tout poursuit la conférencière « car cette démarche s’accompagne d’un travail individuel et de l’acceptation de prendre des risques ».

A ce stade de la présentation, reconnaissons qu’elle sait rester dans sa logique de départ : prendre le sens comme finalité permet de s’affranchir de la peur de l’action. La prise de risque s’inscrit que comme un moyen comme un autre.

Alors en avant : « quand on attend le risque zéro pour agir, on n’agit plus. Il y a parfois moins de risque de prendre un risque que de ne pas en prendre ».

Pour résumer : le risque, par voie de conséquence, fait partie du chemin sans être la finalité qui est celle du sens. Whoua ! Il faut la suivre notre philosophe.

Mais l’idée reste séduisante : prendre des risques assumés comme levier de performance, comme le moteur de l’action pour soutenir un engagement fort pour avancer.

Des mots, rien que des mots ?

Julia de Funes affirme que c’est tout le contraire : « le travail à partir de soi demande beaucoup d’effort. Et sans effort vous n’obtiendrez rien. Même le travail collectif demande un travail personnel pour qu’il soit efficace dans son ensemble. Mais il a une règle : pour susciter cet engagement individuel, il s’agit de faire confiance. Cette confiance alliée au sens garantira la motivation de vos collaborateurs. » Et puis, c’est bien connu : la confiance en soi, au management facilite le passage à l’acte, moyen de nourrir l’action…

Mais qu’on ne lui retoque pas l’adage : ‘’la confiance n’exclut pas le contrôle’’. « C’est absurde. Celui qui ne travaille pas en télétravail ne travaille pas plus au bureau. Non au contraire, la confiance doit s’accorder sans contrôle. En retour vous obtiendrez la motivation de vos collaborateurs. »

 

Conclusion, dans le monde d’avant, le travail pouvait se considérer comme une finalité. Aujourd’hui non. Une activité dans une entreprise n’est pas à considérer comme une valeur morale. Le sens du travail remplace tout et se charge à lui seul de renforcer l’attractivité des métiers.

Comment allait réagir la salle ? Unanimement par une standing ovation nourrie et prolongée. Il était visible que Julia de Funes, pourtant habituée de ce genre de conférence, apprécia un peu surprise sans doute, de tant de reconnaissance.

La famille du tourisme sait témoigner sa sollicitude. Il est vrai que la moindre amorce de solution, fussent-elles philosophiques, s’accueille avec empressement dans un contexte particulièrement tendu.

* les 7 églises d’Asie : Ephèse, Smyme, Pergame, Thyatire, Sardes, Laodicée et Philadelphie

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