
Mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Cette semaine, il s’étonne des (bons) chiffres du secteur bien loin des prédictions pessimistes de ces dernières semaines.
Quoi, on nous aurait menti ?
Dans une légitime stratégie de lobbying, cela fait des mois que les professionnels et «experts» qui défilent sur les plateaux télé nous expliquent que les grèves du printemps, dans le ciel comme sur les rails, et maintenant les Gilets Jaunes, ont un impact sur le tourisme français. Les chiffres sont tombés et devinez quoi ? Jamais – ou presque - il ne s’est aussi bien porté !
Coté émetteur tout d’abord, les agences ont fait le plein si l’on en croit les résultats publiés cette semaine par les Entreprises du Voyage. Pas au point de voir des files d’attente se former devant Tartempion Voyages, comme une veille de Noël devant la boucherie Sanzot ! Mais suffisamment pour ne pas bouder son plaisir. Non seulement les départs ont progressé de 3% en 2018, mais le chiffre d’affaires a augmenté de 4%. Et c’est bien là l’essentiel car un agent de voyages, c’est d’abord un commerçant…
Mieux, les ventes de décembre se sont envolées, de 18 %. Les Français ont-ils voulu dépenser au plus vite leur prime généreusement versée par les entreprises sur les « conseils » d’Emmanuel Macron ? Ont-ils voulu fuir les ronds points pour aller voir si l’herbe était moins jaune ailleurs ? Revers de la médaille, il va désormais devenir difficile d’aller quémander quelques subventions aux pouvoirs publics au prétexte que le secteur est fragilisé !
Côté réceptif aussi, on nous avait prédit le pire. Et patatras (un joli mot d’autrefois que ne renierait pas notre Président) ! Selon MKG Consulting, l’hôtellerie française affiche des « performances remarquables » en 2018, avec un revenu par chambre - le fameux RevPAR ! - en hausse de 7,3%, et même 11,9% à Paris. Le cabinet précise toutefois que les événements de décembre pourraient impacter 2019; parce qu’en bon commerçant, il ne faut pas trop se réjouir (çà pourrait attirer l’attention du fisc) ; et parce que dans notre pays, il est toujours bon de se plaindre !
Quoi, on nous aurait menti ?
Cela fait des années que j’entends dire que le touriste français n’est pas un touriste comme les autres ; que lui (comprenez à la différence des Allemands ou des Anglais), il voyage différemment, intelligemment. Et re-patatras ! Lors du Congrès des Entreprises du Voyage qui se déroulait la semaine dernière à Madère, il a été rappelé que chaque année, 3 millions de Français partent en club de vacances.
Normal après tout, dans un pays qui a vu naître le Club Med. Mais pas très cohérent avec notre sentiment de supériorité touristique. Soucieux de coller à cette image, les tour-opérateurs nous promettent désormais des clubs intelligents, des «expériences immersives » (c’est plus chic qu’excursions) au coeur de la culture locale. Certains prétendent même éveiller les enfants au développement durable. Parce que c’est bien connu, le Français ne bronze pas idiot…
Franck Dubosc, qui se prépare à remettre en lumière le concept avec le film All inclusive (sortie le 13 février) - treize ans après avoir fait de même avec le camping -, pourrait toutefois mettre à mal l’image du « club moderne et responsable » que tentent de nous vendre les TO. Au casting, on retrouve quelques joyeux Bronzés d’autrefois, comme Thierry Lhermitte et Josiane Balasko ; et en guise de scénario, quelques indémodables jeux apéros. Chassez le naturel…