Mercredi, c’est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Cette semaine, il s’attaque à la ponctualité des avions et aux excuses abracadabrantesques des compagnies pour les justifier !
Une fois encore, c’est depuis un avion que j’écris ce billet d’humeur. Sans doute parce que l’altitude m’inspire, à défaut d’alcool dans les airs, car la mignonnette de whisky en vol est une espèce en voie de disparition ! Mais aussi, plus sûrement, parce que j’enchaîne depuis quelques mois les allers/retours à Mach 1. Je ne me plains pas, ça fait partie du job. Et parfois, c’est même agréable pour peu que l’hôtesse soit de bonne humeur et distribue les paquets de cacahuètes à la pelle.
Reconnaissons toutefois que, malgré la communication rodée des compagnies aériennes quant aux services qu’elles déploie(raie)nt pour le confort des passagers, il est de plus en plus difficile de faire passer un ordinateur de 15 pouces entre deux rangées pour travailler. Le genou planté dans la tablette de mon siège et le dos labouré par mon voisin de derrière, il était somme toute logique de consacrer ces quelques lignes à nos chers transporteurs...
Au-delà du piètre confort (mais peut-on encore parler de confort en classe éco ?), ce qui m’énerve le plus depuis quelques temps, ce sont les retards ! Je ne sais pas si j’ai la scoumoune, mais pas un des avions que j’ai emprunté ces derniers mois n’a décollé à l’heure. Les derniers chiffres publiés par la société OAG spécialisée dans le traitement des données sont d’ailleurs éloquents.
Paris-CDG arrive seulement en quinzième position des grands aéroports en termes de ponctualité, avec 71,2% de vols partis ou arrivés à l’heure en 2017. Quant Air France se place en 13e position dans le classement des grandes compagnies, avec 76,4% de vols à l’heure, loin des transporteurs… japonais.
La faute à la météo, au contrôle aérien, aux mesures de sûreté dans les aéroports, à un problème technique… Pour ma part, je vous le fais en vrac : un vol pour Montréal en janvier, qui met les gaz de Paris avec une heure de retard sans explication, et qui rentre du Canada avec la même punition, cette fois-ci pour cause de neige. Comme quoi, même au Québec, les avions patinent dès les premiers flocons !
Quand la médiocrité devient la norme ...
C’est le gel qui a officiellement bloqué mon avion pour Nice, il y a quelques jours. "Nous devons dégivrer l’appareil", a précisé le commandant de bord, avec un délicieux accent anglais à faire pâlir de jalousie Fred, le copain d’Omar. Je m’attendais donc à cette fameuse purée maronnasse qu’on balance sur les avions pour les rendre "bons au décollage". Mais rien ! Le pilote nous aurait-il menti ?
Remarquez, Air France a pris les devants pour être à l’heure. La durée de vol entre Paris et Nice est annoncée à 1h30, bien plus que le temps de voyage normal pour effectuer les 686 kms qui séparent les deux villes à vol d’oiseau. Avec ce petit subterfuge, même un avion qui décolle avec une demi-heure de retard de Roissy à des chances de se poser à l’heure sur le tarmac de la Baie des Anges. Bien joué !
Et puis il y a le fameux vol retardé "du fait de l’arrivée tardive de l’appareil", qui me fait toujours bien rire… jaune, et que j’ai encore expérimenté cette semaine. Ce serait même la première cause de retard (29% du total selon les statistiques). Comme si les transporteurs, qui gèrent leurs rotations au plus serré - comme un smicard son budget - n’étaient pas responsables de l’organisation des plannings…
Le pire dans tout cela, c’est que mes voisins de vol à qui je faisais part de mes réflexions semblaient finalement s’accommoder de la situation : "le plus important, c’est d’arriver vivant !". Ou quand la médiocrité finit par être acceptée, et devient même la norme !