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Lionel Habasque, président de France vélo tourisme

Lionel Habasque, France Vélo Tourisme : « Le travail accompli est tout à fait remarquable »

Entretien | publié le : 01.07.2019 | Dernière Mise à jour : 03.07.2019

VDM

Voyageurs du Monde Paris, 20 novembre 2017 ©Frédéric STUCIN

Crédit photo Frédéric STUCIN

Auteur

  • Bruno Courtin

Lionel Habasque est le pdg de Terre d’Aventures (groupe Voyageurs du Monde), qui opère la marque spécifique Rando Vélo. Cela justifie qu’il préside depuis cette année France Vélo Tourisme, une organisation originale qui rassemble les partenaires publics et privés du tourisme à vélo.

Par ailleurs, il est également directeur général adjoint de Loire Valley Travel, autre filiale depuis 2015 de VdM, un réceptif des Pays-de-la-Loire, l’une des régions les mieux équipées en routes cyclo-touristiques. Dès lors, il était un interlocuteur incontournable pour parler de ce secteur d’activité en croissance régulière.
 
Peut-on revenir aux origines de la création de France Vélo Tourisme ?

> France Vélo Tourisme est une association dont la vocation première est de promouvoir le tourisme à vélo en France. Elle est née il y a une dizaine d’années avec pour vocation de rassembler au sein d’une même entité les acteurs publics et privés, impliqués sous une forme ou une autre dans le voyage à vélo. C’est sa première originalité qui se traduit par une gouvernance alternée tous les deux ans entre un représentant d’un organisme public et un dirigeant d’une entreprise privée. En l’occurrence, j’occupe la présidence « tournante » depuis cette année. De même pour le conseil d’administration qui est partagé pour moitié entre les acteurs publics et privés. C’est une complémentarité qui est très réelle sur le terrain, puisque les acteurs publics, essentiellement des CRT ou des CDT, sont particulièrement actifs dans la réalisation des routes et circuits à vélo, et que les acteurs privés sont là pour assurer les prestations.

Peut-on faire un parallèle avec le secteur de la randonnée pédestre ?

> Si l’on fait un peu d’histoire, on peut vraiment dire que l’activité touristique « outdoor » s’est développée après la Seconde Guerre mondiale à partir du réseau des sentiers de randonnées. Dans le même temps, en Europe du nord, et particulièrement en Allemagne et en Autriche, cette même activité a démarré par le vélo et les routes balisées. C’est une approche assez différente qui tient aussi au fait qu’il y a aujourd’hui plus de 20 millions de Français qui pratiquent plus ou moins la randonnée pédestre. Nous sommes les premiers marcheurs au monde. D’où un certain retard dans l’aménagement de routes pour le vélo.

Constatez-vous une volonté de rattrapage de ce « retard »?

> Vous l’aurez constaté vous-même en observant les stratégies de développement touristique des Régions, il n’y en a plus une seule qui ne souhaite aménager des itinéraires touristiques et créer de nouvelles routes cyclables.

Ce travail se fait-il dans la précipitation ou une véritable réflexion marketing ?

> Très honnêtement, je constate que le travail accompli est tout à fait remarquable et profite sans aucun doute de l’expérience acquise avec la création des sentiers de randonnée. C’est vrai tant sur le balisage, sur les explications fournies aux touristes à vélo que sur l’entretien de ces pistes et de ces routes. C’est fondamental. Ce rattrapage depuis une bonne dizaine d’années se fait dans de très bonnes conditions de professionnalisme.

À quel niveau intervenez-vous ?

> Une fois ces pistes et ces routes mises à la disposition des cyclotouristes, nous sommes là pour les mettre en valeur et de promouvoir à travers notre site et nos actions le voyage à vélo en France. Nous nous servons des informations communiquées par les collectivités territoriales, ce que nous appelons les POI, les points d’intérêt touristique pour les mettre en musique dans la présentation des circuits réalisables. Notre première mission est de standardiser pour toute la France la présentation de ces différents circuits départementaux ou régionaux. Ils sont présentés notamment sur notre site qui a été entièrement refait il y a un an. Il y a notamment un onglet sur ce site qui présente toutes les possibilités de séjours touristiques à vélo proposés par les agences spécialisées. Ce sont plus de 80 suggestions accessibles en ligne avec des critères de recherche par difficulté, par longueur ou par thématique.

Comment se concrétise le partenariat avec les Régions ?

> Nous leur proposons de reprendre « en marque blanche » les propositions disponibles sur le site de France Vélo Tourisme sur leur propre site marchand, sans avoir besoin de créer une interface ou un développement propre. Le grand intérêt est une évidente standardisation de la présentation de ces différentes offres régionales. Nous proposons un calque, un modèle qui donne de la cohérence au niveau national à ces circuits de découverte à vélo.

Peut-on déjà parler d’une industrie touristique de la randonnée à vélo ?

> Elle émerge. Tout comme pour la randonnée pédestre, cela reste encore en majorité une activité pratiquée par des individuels qui ont tendance à vouloir être les propres organisateurs de leur séjour ou déplacement. Mais il est vrai qu’il y a une frange de pratiquants qui ne veulent pas s’embarrasser de la logistique et qui font appel à des tour-opérateurs spécialisés comme l’est Terre d’Aventures et d’autres présents sur le site. Les voyages par étapes impliquent de devoir réserver son hébergement et de gérer les bagages qui n’iront pas sur les vélos. Ces agences spécialisées balisent les étapes avec des road-books pour être certain de ne pas rater un site, un point de vue ou un monument remarquable.

Croyez-vous à son développement et à son intérêt pour les organisateurs de groupes ?

> Je crois tout à fait à la croissance d’activité des acteurs professionnels car il y a – heureusement – de plus en plus de touristes à vélo qui ne veulent pas passer trop de temps dans l’organisation. C’est déjà le cas, beaucoup, au niveau local avec des excursions à la journée qui s’appuient sur les offices de tourisme, sur des hébergeurs, sur le réseau des loueurs et réparateurs de vélos. Et il y a toute une extension possible aux circuits de plusieurs jours. C’est particulièrement vrai pour la clientèle étrangère qui apprécie cette nouvelle façon, plus originale, plus naturelle, de découvrir la France. Il est de plus en plus courant pour la clientèle anglo-saxonne, surtout lointaine, de passer une semaine de château en château à vélo le long de la Loire.

 

L’image de la randonnée à vélo pourrait s’associer à un tourisme « économique », pour ne pas dire « bon marché »…

> Détrompez-vous, toutes les études récentes ont montré que le cyclotourisme est une activité de CSP+. La moyenne de dépense quotidienne d’un cyclotouriste est de 75 €, quasiment le double d’un touriste « classique ». Les motivations des touristes sont moins sportives que culturelles avec une envie de profiter de leur environnement, à commencer par la gastronomie locale.

Dès lors vous contribuez à essaimer les touristes français et étrangers sur le territoire national, en vous éloignant des fortes concentrations…

> Il suffit de regarder la carte des circuits à vélo sur notre site pour voir à quel point nous rayonnons dans tous les territoires. Si le cyclotourisme moderne est né en grande partie autour des châteaux de la Loire, déjà bien fréquentés, les nouvelles routes sont plutôt orientées vers des destinations moins connues. Je prends l’exemple de la Vélodyssée qui parcourt tout le littoral atlantique en passant par des chemins très peu fréquentés, même en été, par la « foule des touristes ». Je pourrais citer bien d’autres régions désormais bien équipées en routes cyclables en Auvergne, dans la Meuse, pour s’éloigner des points de concentration.

Mais le succès de quelques routes pionnières comme La Loire à Vélo ou La Francette ne risque-t-il pas de générer une nouvelle sur-fréquentation sur ces itinéraires ?

> Je ne le pense pas car la pratique du cyclotourisme répond à d’autres motivations. Même si l’on commence par l’une des routes que vous avez citées, très vite, c’est le mode de découverte qui prend le pas sur la destination. On devient « accroc » à la randonnée à vélo que l’on cherche à pratiquer sur de nouveaux territoires. L’offre française est tellement large qu’il y a finalement peu de risque d’embouteillages sur les pistes. Le développement du vélo ou du VTT électrique ouvre encore de nouveaux horizons vers des destinations qui pouvaient être réservées aux sportifs, en moyenne montagne ou en montagne. Ce n’est plus le cas désormais.

Y a-t-il encore des verrous à faire sauter pour que la randonnée à vélo grimpe encore davantage vers les sommets?

> Pour une fois, il faut se féliciter de l’implication des pouvoirs publics dans le soutien à cette forme de tourisme. La Direction Générale des Entreprises a été un formidable soutien, y compris financier, pour le lancement du site France Vélo Tourisme et nous accompagne jusqu’à trouver notre totale autonomie. Il n’y pas vraiment besoin de coup d’accélérateur car la tendance est bonne et doit simplement être entretenue. Les Régions et les Départements sont actifs dans l’aménagement ou l’amélioration des circuits. Il faut quand même remettre les choses en perspective, la randonnée à vélo est un marché de niche. On est encore loin de la surabondance. C’est une forme alternative de découverte, très qualitative, et je pense qu’il faut lui conserver cette caractéristique pour préserver la valeur ajoutée générée par les adeptes français et surtout étrangers qui représentent déjà un tiers de la clientèle.

Voyez-vous un développement de la randonnée vélo en groupes ?

> Pour l’instant et dans sa grande majorité, la pratique de la randonnée à vélo est une affaire d’individuels en famille, entre amis ou en tribu. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas déjà des randonnées « collectives ». Ce ne sont pas de grands groupes. Ce sont surtout des visiteurs étrangers qui viennent par le biais de tour-opérateurs et qui veulent apprécier la France autrement. Il y a une caractéristique intéressante dans la randonnée à pied ou à vélo, c’est qu’on peut la pratiquer à son rythme à l’intérieur d’un même groupe. On peut rompre avec la promiscuité de ses voisins d’autocar et circuler comme on l’entend tout en étant encadré et accompagné.

 
En chiffres…

15 000 km d’itinéraires décrits;

17 grands itinéraires présentés;

1,5 M de visiteurs sur le site francevelotourisme.com en 2017;

3 500 prestataires (loueurs, hébergeurs, restaurateurs, sites, offices…) labellisés Accueil Vélo;

70 territoires partenaires;

65 km, la distance moyenne quotidienne d’un circuit moyen de 540 km sur une semaine;

75 € de dépense quotidienne par cyclotouriste;

8 % moyenne annuelle: croissance de fréquentation des routes touristiques à vélo

(statistiques Vélo &Territoires)

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