Jusque-là, il restait un bastion du tourisme encore à peu près intact face à la crise économique: celui des seniors. Et bien c’est terminé! Dans sa quête infinie de nouvelles recettes fiscales et d’économies, l’État ne pouvant plus guère ponctionner des actifs statistiquement moins nombreux de semaine en semaine, va désormais se tourner vers les retraités pour leur faire goûter de la rigueur. Si personne ne sait encore dire la forme exacte que prendra cette réforme, le premier effet ne tardera pas à être mesurable: les seniors vont connaître la peur! Baisse des pensions, augmentation des impôts, etc. Autant de phénomènes encore mal définis qui pourraient bien les pousser à revoir à la baisse leur budget vacances. Comme, par ailleurs, leurs enfants, et petits-enfants, ont aujourd’hui de grandes chances de pointer à Pôle Emploi, ils seront peut-être bien obligés de les aider au quotidien. Alors, lorsqu’il faudra choisir entre une semaine au Québec, la facture de gaz du fiston et les frais universitaires de la petite dernière, que feront-ils? On a beau nous expliquer depuis longtemps que cette génération est devenue particulièrement individualiste, j’ai encore quelque espoir dans la nature humaine, et je doute que nos seniors contemplent avec sérénité leurs progénitures sombrer dans la misère confortablement installés quelque part aux Maldives… Qu’ils aient peur pour eux-mêmes ou pour les leurs, il est donc fort probable qu’ils se montrent à l’avenir bien plus frileux sur leurs dépenses. Alors, que faire? Vers qui se tourner pour vendre des produits touristiques si amoureusement conçus? Il y aurait bien, à l’autre bout de la chaîne démographique, les scolaires, auxquels nous avons porté attention dans ce numéro. Il y a là encore un vivier non négligeable de chiffre d’affaires. Seulement, la crise aussi est passée par là, les budgets sont de plus en plus contraints, et la peur, cette bonne vieille compagne de l’humanité, est aussi omniprésente dans les esprits des parents et des enseignants. Peur de la séparation et du transport en autocar pour les premiers, peur des responsabilités pour les seconds, mais peur toujours, qui paralyse là encore très clairement le développement de ce secteur.
J’ai bien peur moi aussi qu’il n’y ait finalement guère de solution de rechange face à la tourmente…