
De façon surprenante, plusieurs compagnies low-cost ou touristiques déploient une classe affaires à bord ou intègrent des offres dédiées aux voyageurs d'affaires.
L'industrie du transport aérien aime les contradictions... Alors que les compagnies régulières en viennent à appliquer les bonnes recettes issues du monde du low-cost, à l'image du lancement la semaine dernière par Air France et Delta Airlines d'un tarif ne comprenant pas le bagage en soute, les low-cost et les compagnies aériennes touristiques lorgnent du côté des majors pour trouver de nouvelles idées. Un surprenant croisement des modèles !
Eurowings, une des filiales low-cost de Lufthansa, vient ainsi d'annoncer la mise en place l'an prochain d'une classe affaires sur ses vols long-courriers. Le siège de cette nouvelle business devrait reprendre celui de la nouvelle BIZclass de Lufthansa, qui sera présenté lors du prochain salon ITB de Berlin en mars 2018. Ce siège pourra se métamorphoser en un lit de près de 2 mètres de long, parfaitement plat. L'Eurowings BIZclass proposera en outre une restauration et divers services en cours de formalisation.
En moyen-courrier, Ryanair et Easyjet ont quant à elles développé des tarifs qui visent à séduire spécifiquement les voyageurs d'affaires. Le package Flexi Plus de Ryanair et le tarif Flexi d'Easyjet comprennent un siège mieux placé en cabine, un embarquement prioritaire, un accès coupe-files au passage des contrôles de sécurité et plus de souplesse dans la modification des billets.
La clientèle affaires demande ce produit
Mais pourquoi ces compagnies qui se sont historiquement développées grâce à la classe économique viennent aujourd'hui sur le terrain de la clientèle affaires ? La première partie de la réponse vient d'abord de la demande, aussi bien de la part de la clientèle affaires que d'une clientèle loisirs plus aisée. Oliver Wagner, directeur commercial d'Eurowings, explique : "Nous constatons une forte demande pour un produit haut de gamme sur des lignes qui présentent une plus forte proportion de voyageurs d'affaires, par exemple sur nos vols à destination des États-Unis au départ de Düsseldorf, notamment vers New York, Miami ou Fort Myers."
La mise en place des classes business et des tarifs affaires répond également à un impératif de développement du revenu par siège, la clé de la rentabilité. Chez Corsair, le directeur général adjoint Antoine Huet ne s'en cache pas et précise : "La business doit aussi nous permettre de compenser la baisse que nous enregistrons sur le prix d'appel en classe économique", affirme-t-il. Le modèle d'une classe business à bord de compagnies économiques est en tout cas en vogue : même Air France y a recours en intégrant une classe business à sa nouvelle compagnie à bas coûts Joon !
Didier Forray