Avec résultat d’exploitation positif de 1.2 milliard, un coefficient d’occupation de 84% pour l’année 2022, le remboursement du solde de son PGE en mars, Air France redresse la tête tout en se réorientant
Son actualité
Ouverture de ligne (Ottawa, Bélèm, Dar Es Salaam) et fermeture (République Dominicaine)*
Retour en quotidien sur : Pékin, Shanghai et Hong Kong à compter du 1er juillet 2023,
Et ses 66 liaisons saisonnières en France et en Europe, dont : dont une nouvelle vers la Corse (Ajaccio).
Sans oublier son fort engagement RSE et la poursuite du déploiement NDC
Interview Sébastien Guyot Directeur Général Ventes Globales & partenariat commerciauxTour Hebdo : Comment se présente la compagnie Air France, suite à la crise sanitaire qui vient de rebattre les cartes ?
Sébastien Guyot : Vous avez raison de le souligner : la période Covid a pour effet de faire naître de nouvelles exigences de la part des consommateurs voyageurs d’affaires. Nous en sommes conscients au point d’engager la compagnie autour de 4 grands thèmes que nous résumons par : responsabilité, confort, personnalisation et efficacité. Derrière ces mots se profile une rénovation en profondeur dont les contours furent définis pendant la longue période de réflexion imposée par l’arrêt quasi obligatoire du transport aérien.
Tour Hebdo : Sachant que le transport aérien est montré du doigt comme gros émetteur de CO2
Sébastien Guyot : Justement, c’est notre tout premier chantier : celui de la responsabilité. Elle s’exerce à tous les niveaux afin d’apporter les solutions crédibles par rapport à notre empreinte carbone.
Tour Hebdo : Vœux pieux ou réalité ? François Xavier Iznic lors du congrès Selectour dénonçait vos objectifs dans ce domaine comme inatteignables ! Henrie Houcade directeur France d’Air France KLM répondait « nous n’avons pas le choix » et vous ?
Sébastien Guyot : Que nous n’ayons pas le choix, c’est certain ! D’autant que huit demandes sur dix de la part des clients Corporate exigent des engagements concrets en matière environnementale pour chacun de leurs voyages d’affaires. Mais j’ajouterai que nous nous sommes engagés résolument comme en témoigne la validation de nos objectifs de décarbonation par l’organisme indépendant le SBTI, c’est-à-dire : Sciences-Based Target Initiative.
Tour Hebdo : Vous pouvez préciser ce que recouvre le SBTI ?
Sébastien Guyot : Science Based Targets Initiative repose sur une modélisation qui entend fournir aux entreprises un guide pour des actions climatiques scientifiquement rigoureuses. Elle a vu le jour dans la continuité des accords de Paris fixant la limite du réchauffement à +1.5 C°.
Tour Hebdo : Alors qu’allez-vous faire ?
Sébastien Guyot : Dites plutôt : que faites-vous ? Car nous avons déjà commencé une série d’actions sur ces sujets.
Tour Hebdo : Vous pouvez développer ?
Sébastien Guyot : Tout d’abord, nous avons investi depuis plusieurs années dans le renouvellement de notre flotte. Le renouvellement d’un avion par un modèle de nouvelle génération permet une diminution immédiate de nos émissions de C02 de -15 à -25%. De plus, je pense également au SAF**, ce carburant d'aviation durable plus respectueux de l'environnement que les carburants fossiles qui permet de réduire jusqu'à 80% les émissions de gaz à effet de serre tout au long de leur cycle de vie.
Tour Hebdo : Ne craignez-vous pas la critique qui va naître : se donner bonne conscience avec le SAF pour poursuivre les voyages tout aussi tranquillement qu’avant ?
Sébastien Guyot : Dans ce domaine, pour éviter toutes ambiguïtés, il s’agit d’être précis : le SAF obtient sa certification comme durable par des entités indépendantes et internationalement reconnues. Il doit également satisfaire aux exigences de la norme ASTM D1655 relatives à la sécurité et la performance des carburants utilisés sur les vols commerciaux et être soumis à un processus d'approbation exhaustif afin de répondre à des critères stricts. En revanche, la filière doit s’organiser et son coût bien supérieur au kérosène actuel doit pouvoir s’intégrer dans les contrats commerciaux.
Tour Hebdo : Vous avez chiffré vos objectifs ?
Sébastien Guyot : Oui, notre objectif est d’incorporer 10% de carburant SAF dans nos avions d’ici 2030. Mais j’ajoute que nous actionnons d’autres leviers et non des moindres comme le renouvellement de notre flotte. En moyenne nous économisons entre 15 et 25% de carburant avec un avion de nouvelle génération. C’est le cas avec vingt A 350 dans notre flotte et sept à venir cette année et les dix-huit A220 que nous avons et nous en attendons treize pour cette année.
Tour Hebdo : Ce sont des investissements lourds ?
Sébastien Guyot : Le renouvellement de la flotte représente un investissement d’un milliard d’euros chaque année pour Air France. Aux côtés de ce renouvellement et de l’incorporation de SAF mentionné précédemment, d’autres mesures opérationnelles sont prises par la compagnie. Je pense à l’éco-pilotage qui permet de réduire les émissions de CO2 de 4 à 5% en limitant notamment la consommation de carburant et réduisant l’empreinte sonore. Enfin, nous développons l’intermodalité qui permet d’alimenter nos hubs de Roissy et d’Amsterdam par le train.
Tour Hebdo : Tout compte…
Sébastien Guyot : Oui et je précise que tout est transversal. Par exemple, nous avons également investi dans de la vaisselle écoresponsable à bord et éviter au maximum le plastique à usage unique.
Tour Hebdo : Vous arrivez à votre deuxième chantier, celui du confort.
Sébastien Guyot : L’Airbus A350 d’Air France offre 324 sièges, dont 34 en cabine Business, 24 en cabine Premium Economy et 266 en cabine Economy.
- D’une cabine spacieuse en Business, Premium Economy et Economy,
- De hublots plus grands de 30 %,
- D’un système de pressurisation optimisé permettant une atmosphère de cabine plus confortable avec un air renouvelé très régulièrement,
- D’ambiances lumineuses adaptées aux différentes phases de vol.
L’Airbus A350-900 symbolise la transition vers un transport aérien plus durable. Comparé aux appareils de taille équivalente de génération précédente, il consomme 25 % de carburant en moins, soit 2,5 litres par passager aux 100 kilomètres, et émet 25 % de CO2 en moins, grâce à l’incorporation de matériaux plus légers : 53% de composites et 14% de titane. Son empreinte sonore est également réduite de 40%.
Tour Hebdo : Enfin, que répondez-vous à vos détracteurs qui clame que NDC ‘’ça ne marche pas’’
Sébastien Guyot : NDC offre un périmètre de gamme de prix plus étendus, une capacité à faire remonter les meilleures offres et une meilleure lecture des avantages cumulés. La promesse reste d’associer un prix avec un service comme le wifi, le SAF et autres ventes additionnelles avec une seule sortie dans le SBT. Conclusion : des voyages qui correspondent mieux aux attentes des clients.
Tour Hebdo : Alors ça marche ?
Sébastien Guyot : Seule la réalité compte. À date, un billet sur quatre est émis par NDC.
Tour Hebdo : Et votre travail sur l’efficacité ?
Sébastien Guyot : Nous nous sommes inspirés de notre stratégie au moment du Covid. Le service « Ready To Fly », est disponible et il consiste à éviter les attentes. C’est un service gratuit et facultatif permettant aux clients d’avoir la confirmation qu’ils détiennent l’ensemble des documents et justificatifs sanitaires indispensables pour leur voyage avant de se rendre à l’aéroport. À la clé : un voyage plus serein et un parcours plus fluide, en évitant des contrôles multiples le jour du départ
Tour Hebdo: Pour conclure, mise à part la situation actuelle due aux grèves, quels sont les résultats d’Air France ?
Sébastien Guyot : Notre résultat d’exploitation de 1.2 milliard se présente avec une marge opérationnelle à 4.5% supérieure à celle de 2019 en dépit d’une forte hausse de carburant. Il en résulte une forte augmentation de la capacité du Groupe à 85% du niveau de 2019 et un coefficient d’occupation de 84% pour l’année 2022.
Tour Hebdo : Et pour la dette ?
Sébastien Guyot : Le Groupe a remboursé le solde de son PGE le 15 mars.
Tour Hebdo : Pour les vols ?
Sébastien Guyot : Le marché de l’Amérique du Nord est particulièrement dynamique. Nous proposerons cet été jusqu’à 180 vols par semaine de/vers 14 destinations aux Etats-Unis et 50 vols par semaine vers 5 destinations au Canada.
**SAF vient de l’anglais sustainable aviation fuel. Il se traduit en Français par CAD : Carburant d’Aviation Durable.
* Ouverture de nouvelles routes vers :
- Dar Es Salaam (Tanzanie)
- Ottawa (Canada) depuis Paris-Charles de Gaulle
- Belém (Brésil) depuis Cayenne (Guyane)
Retour en quotidien sur :
- Hong Kong à compter du 1er juillet 2023,
66 liaisons saisonnières en France et en Europe, dont :
- 6 liaisons saisonnières vers la France et l’Europe depuis Biarritz, dont une nouvelle vers la Corse (Ajaccio).
- 8 liaisons saisonnières vers la France et l’Europe depuis Marseille.
- 11 liaisons saisonnières vers la France et l’Europe depuis Nice, dont une nouvelle liaison vers le Maroc (Marrakech).