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Ordonnance, aérien et voyage d'affaires : ce qu'il faut retenir de la conférence des Entreprises du Voyage


Publié le : 22.07.2020 I Dernière Mise à jour : 22.07.2020
Young man in an airport lounge waiting for flight aircraft.
Le voyage d affaires reprend petit a petit, mais sous certaines conditions et avec un bouleversement des comportements. I Crédit photo ©Adobe Stock

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  • Brice Lahaye

Le syndicat Les Entreprise du Voyage organisait mercredi matin une nouvelle visio-conférence à destination de ses adhérents et des professionnels du tourisme. Au programme du jour : l'ordonnance sur l'à-valoir, le transport aérien face à la crise et le voyage d'affaires de demain. En voici un résumé.

Un point sur l'ordonnance du 25 mars

L'ordonnance du 25 mars dernier concernant l'à-valoir a été confortée par la décision du Conseil d'État, qui a débouté deux associations, l'UFC-Que choisir et la CLCV. Un « grand motif de satisfaction » pour Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Le dispositif prendra fin le 15 septembre prochain, et le retour à un régime de droit commun se fera par conséquent à cette date. « Nous ne demanderons pas la prolongation de l'ordonnance. C'est un dispositif généreux par sa durée et par son caractère contraignant pour le client. Mais cela n'empêchera pas d'être combatif sur d'autres sujets, notamment sur le chômage partiel », a-t-il ajouté.

La fin de l'ordonnance le 15 septembre signifie donc le retour du remboursement, mais les circonstances exceptionnelles liées à la crise sanitaire pourront toujours être évoquées. « Cela veut dire qu'après, toute annulation a posteriori se fera pour circonstance exceptionnelle. Si une destination garde par exemple ses frontières fermées, nous seront tenus de rembourser le client dans les 14 jours. La nuance, c'est que lorsqu'on annule pour un motif de cas de force majeure, il n'y a pas de réparation du dommage. Il s'agira donc juste du remboursement, il n'y aura pas de frais supplémentaires », a rappelé Valérie Boned, secrétaire générale du syndicat.

Le transport aérien après la crise

La visio-conférence organisée par Les Entreprises du Voyage était aussi l'occasion d'évoquer la crise du secteur aérien et son avenir. Pour cela, Marc Rochet, président d'Air Caraïbes et French Bee, est revenu sur la situation de ses deux compagnies.

« Nous sommes aujourd'hui dans la phase 3 d'un phénomène que je décompose en 4 phases », a-t-il expliqué en préambule. Ces quatre phases, ce sont d'abord l'arrêt de l'exploitation, « un coup de massue caractérisé par un grand désordre », puis le sommeil, d'avril à juin. « De cette deuxième phase, je retiendrai une seule chose : le fight for cash. À l'arrêt, le cash fond plus vite que neige au soleil. Mais l'avantage paradoxal est que l'arrêt a déclenché des réactions très rapides de la part des autorités, sur le chômage partiel ou la suspension des redevances. Pour prendre l'exemple d'Air Caraïbes et French Bee, nous avons réussi à diviser notre cash mensuel par 4. Ce fight for cash a été vital ».

La phase 3, qui se joue actuellement selon le patron, est la tentative de redémarrage. « La phase la plus dangereuse, car nous réengageons nos moyens, nos avions et notre cash. Nous nous estimons avantagés car nos dessertes sont principalement sur l'outre-mer, et le trafic est assez soutenu (…) Mais nous avons dû nous adapter. Nous avons fait des accords de performance collective, en demandant un effort aux personnels, en leur demandant de baisser les salaires en échange de l'engagement pris de garder tout le monde ».  

Enfin, viendra la phase 4, celle de « demain » : l'adaptation à un nouvel environnement que nous ne connaissons pas aujourd'hui. « Les gens seront plus exigeants sur ce qui touche à l'environnement et la santé. Et il y a encore un problème de lisibilité, nous sommes restés dans le désordre de la phase 1 ».

Il y aura-t-il alors de la casse dans le secteur aérien ? « Il y aura des petits transporteurs qui disparaitront, parce que beaucoup font du transport aérien sans avoir les moyens. Il faut avoir les reins solides, le transport aérien demande des fonds propres solides et du cash. Chez les gros transporteurs, certains vont trinquer aussi, car ils vont avoir beaucoup de mal à s'adapter. Malgré des aides massives de l'État, la vitesse à laquelle le cash fond fait qu'ils ont des garanties très courtes. Comment, qui, je n'en sais rien. Mais tout le monde va trinquer », estime Marc Rochet.

L'avenir des compagnies aériennes passera alors peut-être par des appareils plus écologiques et initiatives plus importantes en faveur de l'environnement. « Je crois que crise ou pas crise, la responsabilité des transporteurs aériens vis-à-vis de l'écologie est fondamentale. Cette responsabilité, nous devons la traiter, nous devons avoir des avions de plus en plus économes et modernes, et ne pas faire n'importe quoi avec les trajectoires. Il faut que nous réduisions notre consommation d'énergies fossiles ». En attendant, les tarifs plus attractifs pourraient eux aussi convaincre les voyageurs de repartir. Avec une demande en baisse, les prix des billets vont en effet baisser. « Trop de capacités, de clients réticents à voyager... Mécaniquement, il y aura une baisse des prix, que j'estime aux alentours de 15% ».

De quoi alors, peut-être, permettre au secteur de retrouver son niveau de 2019. Mais cela prendra du temps. « Je pense que la période de congélation, de ralentissement, est une histoire d'au moins 2 ans, peut-être trois. Il y a des choses beaucoup plus préoccupantes : la crise économique qui arrive, puis la crise sociale. Cette crise économique va être profonde. Mais je suis un optimiste, je crois au rebond. La partie loisirs est solide, celle du business aussi. Ce besoin d'aller voyager, d'aller explorer, est dans les gènes de l'Humanité », conclut le patron d'Air Caraïbes et French Bee.

L'avenir du voyage d'affaires   

L'envie est aussi là pour les voyageurs d'affaires. C'est en tout cas ce qui ressort d'un « Observatoire des déplacements professionnels en France et à l'étranger » d'OpinionWay, dévoilé par les Entreprises du Voyage pendant la conférence. L'étude montre sans surprise que l'impact de la crise a évidemment été important dans les décisions prises par les entreprises. 77% des voyageurs d'affaires interrogés déclarent ainsi que leur entreprise a été fortement impactée par la Covid-19, et 73% des déplacements professionnels en France ont été restreints suite à la pandémie. Un chiffre qui grimpe jusqu'à 88% pour les déplacements à l'étranger.

La crise est donc passée, mais la reprise pourrait se faire bientôt. Ainsi, 69% des voyageurs d'affaires en France envisagent au moins un déplacement d'ici la fin de l'année dans le pays, contre 64% qui prévoient un déplacement à l'étranger en 2020. Mais ce retour à la normale, ou presque, devra se faire dans des conditions de voyages sécurisées et plus sereines. Une grande majorité des sondés ont fait part de leur besoin de réassurance et attendent de nouveaux process en matière de prise en charge. 87% des voyageurs d'affaires sont prêts à se faire dépister/tester avant un déplacement, et 78% demandent plus d'informations sur les règles sanitaires en vigueur.

Une demande et un travail qui incombera aux professionnels du tourisme. « Ce que nous, entreprises, attendons des agences de voyages, c'est un état des lieux en temps réel sur les frontières ouvertes ou celles qui risqueraient de se fermer, un point sur les restrictions à destination (sur ce que je risque ou dois faire), une information sécuritaire sur les prestations que vous allez me conseiller ou que j'ai choisies, ou encore une collaboration sur nos programmes RSE (informations sur les émissions de CO2, bilan RSE des prestataires...) », réagit Arnaud De Lamezan, directeur des achats et de l’immobilier du groupe Lagardère.

Un avis partagé par John Bard Smith, vice-président de Marco Polo : « Il faut arriver à créer une expérience voyageur qui permette que les choses repartent. Il y a un besoin de renforcement sanitaire, et qui va apparaître de plus en plus chez les prestataires comme chez les entreprises. Les entreprises ont besoin de vivre, d'avancer, de commercer, et ont envie de faire voyager leurs salariés pour continuer à grandir. L'Objectif des agences est donc de recréer un climat de confiance. Le bien-être et la sécurité passent avant le prix ».  

Le message semble en tout cas déjà avoir été entendu, notamment chez la société de gestion de programmes de voyages et de réunions Amex GBT France. « C'est un pré-requis pour voyager », assure son président, Julien Kauffmann. L'entreprise a mis en ligne le site Travel Vitals, afin de pouvoir informer directement les voyageurs de l'évolution des directives et des exigences gouvernementales. De quoi rassurer et redonner envie de voyager. « Il y aura un retour des déplacements. Même si on ne reviendra pas à 100% de déplacements tout de suite, il y a une vraie envie de repartir, et ça, c'est très positif », selon Julien Kauffmann.

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