L'augmentation du prix du ticket de métro dans la capitale chilienne a provoqué une violente explosion sociale, avec émeutes et pillages. Le quai d'Orsay invite les touristes présents sur place à ne pas sortir de leur hôtel.
Une dizaine de jours après des émeutes en Équateur, le Chili s'embrase à son tour. Le mouvement a débuté vendredi avec des manifestations contre la hausse d'environ 1 € du prix du ticket de métro à Santiago, la capitale. Une étincelle qui a mis le feu aux poudres : la contestation s'est très vite élargie aux conditions socio-économiques et le week-end a été marqué par des affrontements particulièrement violents entre les manifestants et la police.
Deux personnes sont mortes dans la nuit de samedi à dimanche dans l'incendie d'un supermarché de Santiago, lors d'un pillage, et cinq personnes sont décédés dimanche dans l'incendie d'une usine de vêtements de la capitale, également au cours d'un pillage.
Le mouvement a fait tâche d'huile ce week-end dans plusieurs villes du pays, dont Valparaiso et Concepcion, aux prises avec des affrontements. Près de 10 000 policiers et soldats ont été déployés dans la capitale et les autorités précisent qu'environ 1 500 personnes ont été arrêtées, dont près de 650 à Santiago.
Le président Sebastian Piñera a pris la parole dimanche pour affirmer que son pays était "en guerre". "Tout le monde a le droit de manifester de manière pacifique mais personne ne peut menacer la sécurité de nos compatriotes", a-t-il ajouté sur Twitter. L'état d'urgence, adopté dès vendredi à Santiago, a été étendu depuis à 9 des 16 régions du pays et le couvre-feu a été décrété à Santiago samedi et reconduit dimanche, entre 19h et 6h du matin.
Des milliers de voyageurs bloqués
La flambée de violence n'est pas sans conséquence sur l'activité touristique du pays. Le couvre-feu a entraîné dimanche le retard ou l'annulation de plusieurs centaines de vols à l'aéroport de Santiago, bloquant des milliers de voyageurs. LATAM Airlines a annoncé l'annulation de tous ses vols jusqu'à aujourd'hui, 10h. Seuls deux vols, l'un vers Lima et l'autre vers Madrid, ont pu décoller hier.
La low cost chilienne JetSmart a annulé 12 vols prévus aujourd'hui et reprogrammé 18 vols, tout en permettant aux passagers de modifier leurs billets sans frais pour un départ dans les 30 jours à venir. Même chose pour la low cost Sky Airline qui a supprimé 20 vols et reprogrammé plusieurs horaires aujourd'hui.
Les passagers qui le souhaitent peuvent là aussi solliciter un changement de date sans frais pour un départ dans les 30 jours. Les compagnies internationales continuent à desservir Santiago comme prévu, à l'image d'Air France qui assure son vol quotidien au départ de Roissy-CDG ou de la compagnie espagnole Iberia.
De son côté, le réseau de transports publics de la capitale chilienne reste paralysé aujourd'hui et le métro fermé, à l'exception d'une seule des 7 lignes, la ligne 1, qui assure un service limité. Un total de 78 stations de métro a été vandalisé et certaines stations sont entièrement détruites. Selon le président de la compagnie nationale de transports publics, la facture des dégâts s'élève à plus de 300 millions de dollars et le retour à la normale pourrait prendre plusieurs mois.
Nombre de boutiques restent également fermées aujourd'hui et les militaires sont toujours déployés dans les rues de Santiago, par crainte de nouvelles violences en marge d'une nouvelle manifestation organisée cet après-midi.
Sur le site "Conseils aux Voyageurs", le ministère français des Affaires étrangères appelle de son côté les touristes à "rester à leur domicile ou à leur hôtel, sauf urgence médicale nécessitant un déplacement".