
Le ministre de l'Intérieur marocain est furieux contre l'appel du Quai d'Orsay à renforcer sa vigilance dans son pays.
Le Maroc demande à la France de "réparer une injustice" en le retirant de la liste des pays où elle appelle ses ressortissants à une "vigilance renforcée", a déclaré jeudi le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, fustigeant une décision "totalement incompréhensible".
La France a publié un appel sur la fiche des Conseils aux voyageurs de 43 pays, demandant aux Français de "renforcer leur vigilance" sur ces destinations, dans la foulée de l'intervention contre Daech. Une mise à jour des Conseils, mais pas des cartes, qui a créé une certaine confusion.
Les professionnels du tourisme évoquent des demandes d'annulations en masse sur les destinations concernées, et, malgré certains clients qui finalement partent quand même, une baisse de fréquentation de l'ordre de 15% à 20% sur ces destinations. Quant aux non-réservations, elles sont dures à chiffrer.
Le Maroc est un bon exemple de destination sur laquelle la demande de "renforcer sa vigilance" a étonné, si on la compare à la carte. En effet, la carte du MAE, inchangée, est en majorité verte : un code couleur qui signifie "vigilance normale", alors que la "vigilance renforcée" est soumise au code couleur jaune…
Carte du Maroc dans les Conseils aux voyageurs, à date du 22 octobre 2014.
Selon les explications données par le Quai d'Orsay à Tour Hebdo la semaine dernière, il faut comparer cet appel à "renforcer sa vigilance" au fait de mettre ou pas sa ceinture de sécurité en voiture : "Vous avez une voiture neuve, qui roule très bien : c'est la couleur verte. Cela n'empêche pas de mettre sa ceinture de sécurité et de faire attention sur la route, ce qui correspond à notre message de "renforcer sa vigilance", nous a expliqué un porte-parole.
Le ministre de l'Intérieur marocain semble passablement agacé par ces subtilités. "La présence du Maroc dans cette liste est totalement incompréhensible. […] Nous souhaitons que le ministère français des Affaires étrangères répare cette injustice", affirme Mohamed Hassad dans un entretien au quotidien L'Economiste.
Il s'interroge aussi sur le choix des destinations, estimant, comme beaucoup, que sa destination n'est pas moins sûre que la France, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, alliés dans la coalition internationale contre Daech. "Avant de déclasser le Maroc, il faudrait d'abord s'occuper du classement des risques en France. Aujourd'hui, je ne suis pas certain que la France soit plus sûre que le Maroc", dit-il.
Et d'assurer que, de toute façon, "la population [française] ne suit pas du tout la consigne [du Quai d'Orsay]"…
LIRE NOTRE DOSSIER - Sécurité, ce que dit vraiment le Quai d'Orsay (29 sept. 2014)
C.R. avec AFP