
Mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Il revient cette semaine sur l'annonce de réduction budgétaire à Atout France, qui agite le secteur depuis quelques jours.
Sans ministre et avec un budget que beaucoup estiment « riquiqui », on se disait qu’au moins, le tourisme était à l’abri des coupes budgétaires. Raté ! Atout France va devoir contribuer à l’effort collectif en réduisant d’un tiers sa masse salariale (450 personnes) d’ici à 2020. En ligne de mire, les 32 bureaux étrangers de l’agence de promotion de notre beau pays.
Les défenseurs du « toujours plus » crient au scandale en précisant que les 4 millions d’économies escomptés sont bien ridicules au regard des 80 milliards de déficit annuel de l’Etat ! Et qu’au contraire, ces quelques millions seraient bien utiles pour attirer plus de visiteurs et améliorer notre balance des paiements.
C’est oublier qu’après les attentats, Atout France avait bénéficié d’une rallonge budgétaire permettant de faire passer sa dotation annuelle de 32 à plus de 40 M€, auxquels il convient d’ajouter 35 à 40 M€ versés par les 1 200 adhérents privés et publics de l’organisme. Pas si mal, même si la promesse faite en 2017 d’un budget de 100 M€ pour 2020 (1 € par touriste accueilli) ne sera pas tenue.
Le modèle américain à adopter ?
C’est oublier qu’à ces sommes, s’ajoutent celles directement investies par les régions, parfois conséquentes. Il suffit d’arpenter les couloirs du métro parisien au printemps pour voyager en Charente-Maritime ou sur la Côte d’Azur. Ne manque que des publicités « immersives » pour oublier les odeurs d’égouts et se rêver dans le maquis corse !
Les mêmes ne manquent pas de faire la comparaison avec le budget de l’Espagne, l’exception qui confirme la règle. Car dans la plupart des pays, « l’optimisation » est de rigueur (le Mexique vient lui-même d’annoncer la fermeture de ses bureaux étrangers), sans que les résultats n’en pâtissent nécessairement.
L’exemple des États-Unis, dénués de structure en France depuis belle lurette, en témoigne. Jamais les Français n’ont été aussi nombreux à franchir l’Atlantique ! On pourra néanmoins se féliciter de l’efficacité du Visit USA Committee, qui a partiellement pris le relais de la force publique. Et si Brand USA, en charge de la promotion du pays, fait un timide retour dans l’Hexagone depuis un an, c’est par le biais d’Interface Tourisme. Une voie à suivre ?
Investir dans le digital
Il faut s’y faire : l’époque où les offices du tourisme du monde entier bataillaient pour se partager les trottoirs de l’avenue de l’Opéra est révolue. A l’heure des réseaux sociaux et des influenceurs, qui peut encore croire qu’une boutique avec vitrine permet de faire la promotion d’une destination ? Qu’il faut des bureaux dans le monde entier pour doper sa fréquentation ?
En réalité, certaines de ces antennes étrangères pourraient bien être de jolies « planques ». Et je ne vous parle pas de ces « maisons régionales » installées par nos chères provinces françaises dans les beaux quartiers parisiens et dont on se demande quelle peut être encore l’utilité, si ce n’est permettre à quelques fonctionnaires de s’offrir une soirée dans la capitale aux frais du contribuable.
L’Allemagne, qui a largement redéployée sa stratégie vers la communication digitale tout en conservant quelques structures dans certains pays, a peut-être trouvé le bon équilibre. Les résultats sont excellents, malgré un budget fédéral deux fois moindre que celui de l’Hexagone... Après quelques ratés au départ, la France prend le même chemin avec le site www.france.fr, toujours plus complet. Faire moins cher, mais plus efficace… définitivement la stratégie du moment.