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Autocars Chazot, en route pour de nouvelles aventures

Entreprise | publié le : 01.04.2020 | Dernière Mise à jour : 09.04.2020

Auteur

  • Valérie Appert

Créés il y a plus de 60 ans, les Autocars Chazot sont historiquement ancrés à Saint-Étienne, dans le département de la Loire. En décembre dernier, cette PME familiale a remis les clés de sa division Tourisme à Michel Voyages, autre acteur majeur du secteur. Une transmission réussie, selon Jean-Luc Chazot, directeur général des Autocars Chazot. Si dès les années soixante-dix, la partie voyages a constitué l’ADN de l’entreprise, celle-ci exploite aujourd’hui bien d’autres voies.

Ce n’est plus tout à fait la ville mais pas encore la campagne. À dix minutes du centre de Saint-Étienne, sur le chemin Cheleyères, l’entreprise Chazot occupe un plateau à l’entrée du parc naturel régional du Pilat. La vue y est aussi belle que le voisinage limité. « Ainsi, on n’importune personne avec le bruit des moteurs que l’on démarre tôt le matin », remarque Jean-Luc Chazot dont les autocars, en rangs serrés, affichent haut les couleurs de la ville, de la métropole et du département. Du blanc, du vert mais aussi l’orange maison et une signature à flanc de véhicule qui, pour les Stéphanois, fait partie du paysage d’autant plus qu’elle paraphe également une flotte de camions. L’entreprise familiale Chazot comprend deux secteurs: le transport de passagers dans la région et celui de marchandises sur la ligne Lyon-Bordeaux. Aujourd’hui directeur général des Autocars Chazot, avec son frère Guy qui en est le P-DG, Jean-Luc Chazot n’a jamais envisagé d’autre mission que celle « de soulager (ses) parents de leur charge de travail! ». L’entreprise familiale date de 1956, créée par Gaston et Odette Chazot. Ensemble, ils ont développé en parallèle le transport de marchandises et une ligne d’autocars, avant de répartir le capital à parts égales entre quatre de leurs six fils. La partie transports de marchandises étant aujourd’hui gérée par Max Chazot et ses fils. « Quand mon père quitte la Haute-Loire pour Saint-Étienne, il devient marchand de primeurs la nuit et transporteur le jour. Il travaille 20 h/24 », assure Jean-Luc Chazot. « Il a arrêté les primeurs pour acheter un autocar et a épousé la fille des cars Granger. Avec peu de personnel, il leur fallait tout faire, l’administratif, la mécanique, la conduite… Il y a eu des moments difficiles », se souvient le directeur général, qui décroche son attestation de capacité à l’école de transport Villette d’Anthon près de Lyon en 1976.

Des valeurs sûres au catalogue

« Quand j’arrive dans l’entreprise familiale, on se rend compte que le tourisme marche bien. On scinde l’entreprise en deux pour ouvrir un bureau de tourisme qui deviendra une agence en 1986 après l’obtention d’une licence A. Pour un transporteur, une agence de voyages c’est une vitrine et une plus-value », reprend Jean-Luc Chazot. Sur son bureau, il déploie en éventail plus de deux décennies de brochures. Au début il s’agit de minces fascicules en noir et blanc, les premières de couverture sont confiées à un dessinateur puis à un graphiste, viennent ensuite les catalogues en papier glacé. Quoi qu’il en soit, le lancement de la brochure a toujours fédéré l’ensemble des salariés. « Nous avons commencé par des voyages d’une journée qui ont si bien marché que nous avons doublé, puis triplé les autocars sur des destinations comme l’Autriche ou les Pyrénées. Je me souviens aussi de séjours de trois jours à Paris, avec une première étape… à l’aéroport d’Orly! Il y avait un grand parking, un bon restaurant et une belle vue sur le tarmac pour des gens de province qui n’avaient jamais pris l’avion ».

Jusqu’aux années 2000, Voyages Chazot affiche de 4 000 à 5 000 voyageurs par an, se servant de la brochure individuelle comme d’un produit d’appel pour démarcher les groupes constitués. La Costa Brava et le Tyrol ont longtemps constitué les valeurs sûres du catalogue, ainsi que les parcs d’attractions, Disneyland, Europa Park, mais aussi le Puy du Fou avec un retour par les châteaux de la Loire et le Futuroscope avec un crochet par le marais poitevin. « Puis le taux de remplissage a chuté et nous avons proposé de l’aérien en nous associant à des tour-opérateurs. Mais l’on ne vient pas chez Chazot pour de l’avion! ». Il y a deux ans, Chazot a arrêté de produire sa propre brochure pour les individuels, préférant revendre le catalogue de l’agence Faure sous ses propres couleurs. « Par manque de temps et de rentabilité », reprend Jean-Luc Chazot, « mais on concevait encore des voyages pour une centaine de groupes à l’année ».

Décembre 2019, changement d’orientation. L’entreprise Chazot cède son agence de tourisme à Michel Voyages. « À 63 ans, l’âge de la retraite approchant, certains de mes enfants étant déjà impliqués dans d’autres métiers et le dernier trop jeune pour reprendre, il nous fallait soit arrêter l’agence, soit la transmettre à quelqu’un partageant notre philosophie ». En janvier 2019, lors de la septième édition de Tour &Group qui déroule à Malte, Jean-Luc Chazot croise Thierry Michel dont il a connu le père. Leurs entreprises ont sensiblement le même âge. Avec un siège social à Chauffailles et six autres agences dans le sud-est de la France, l’entreprise Michel est alors en quête d’une « porte d’entrée » à Saint-Étienne. « Michel Voyages a été intéressé par notre connaissance du terrain, notre notoriété, le fait que nous soyons un acteur majeur du transport sur Saint-Étienne. Il voulait faire brochure commune avec nous, je lui ai proposé de reprendre le fonds de commerce », poursuit Jean-Luc Chazot qui de son côté attendait un repreneur capable de donner de la valeur à son entreprise et de la gérer « en bon père de famille. Sans considérer le client comme une manne financière! Nous avons toujours tout maîtrisé, du transport à l’organisation, nous connaissions des hôtels et des réceptifs aux reins solides, nous pouvions offrir de belles prestations ». À la clé de la transmission, un impératif: que les clients de Michel Voyages soient encore transportés dans les autocars Chazot. « Pour les journées et les week-ends, nos clients ont besoin de chauffeurs locaux qu’ils connaissent bien ».

Des milliers de passagers chaque jour

Car l’identité de l’entreprise est omniprésente sur le terrain. Quel Stéphanois n’a pas mis le pied un jour dans un autocar Chazot? Si le secteur tourisme a représenté jusqu’à 20 % de l’activité des Autocars Chazot, les 80 % restants relèvent d’une activité conventionnée. Chazot remporte régulièrement de gros appels d’offres dans les secteurs du ramassage scolaire et du transport interurbain de voyageurs. « Nous transportons 5 000 passagers par jour sur les routes de la Loire et du Rhône », précise Jean-Luc Chazot. « Nous travaillons beaucoup avec Saint-Étienne Métropole, le Département de la Loire et le réseau interurbain de la ville, en affrétant des véhicules géolocalisables à gaz compressé, à la demande des collectivités locales. Entre 2018 et 2019, nous avons augmenté de 30 % notre chiffre d’affaires sur la partie conventionnée ». Sans oublier son partenariat avec l’équipe de basket de Saint-Chamond Vallée du Gier (SCBVG) qu’elle transporte dans des véhicules de 30 places seulement, aménagés avec des repose-mollets, des tables de jeux et des sièges (très) inclinables.

La collaboration va de soi pour cette famille de sportifs où chaque frère s’est impliqué très jeune dans le foot ou l’athlétisme à haut niveau. « À Saint-Étienne, tout le monde connaît un Chazot », s’amuse le directeur général de l’entreprise, lui-même ancien footballeur de bon niveau, entraîné par Jean-Michel Larqué. « Lorsque les dirigeants de clubs sportifs ont besoin d’un transport ils font appel à nous. Mais nous les soutenons aussi avec des actions de mécénat ».

La sujétion aux appels d’offres reste un risque pour l’entreprise. En 2012, Autocars Chazot a perdu un marché de 3,5 millions d’euros, soit 70 % de son chiffre d’affaires. La leçon a été sévère pour cette entreprise qui attend aujourd’hui une réponse pour l’obtention d’un marché de huit ans avec le département de la Loire, mais… ne veut plus « mettre ses œufs dans le même panier ».

Depuis 1977, cette entreprise familiale qui sait se serrer les coudes fait partie de Réunir, premier réseau de PME indépendantes en France dans le transport de voyageurs. « En 2012, grâce à la solidarité de ce réseau qui ne comprend que des PME familiales, nous avons pu résister et nous relever. Depuis, le réseau nous aide dans notre progression, nous assiste pour les appels d’offres et dans nos achats groupés ». En 2007, Réunir a accompagné Chazot pour décrocher une certification délivrée par Afnor, un gage de sécurité et de fiabilité très apprécié par Saint-Étienne Métropole et le Département de la Loire. « Adhérer à Réunir nous a aussi permis de résister à la tentation de vendre à un grand groupe comme Kéolis ou CarPostal. Maintenant que l’entreprise a pris de la valeur ce serait confortable de la céder, mais nous voulons conserver notre dimension familiale et rester libres de nos décisions », assure ce chef d’entreprise qui apprécie de commencer sa journée par la lecture de la presse dans un troquet du centre-ville de Saint-Étienne.

Le voyage en groupe, un moment ludique et d’avenir

Les chauffeurs croisés sur le site témoignent de liens de proximité entretenus entre conducteurs et patrons, sollicités au moindre souci technique. Édouard, huit ans en tant que chauffeur dont quatre chez Chazot, explique en revanche que dans le tourisme son métier a changé: plus de stress, de circulation, d’amendes (parfois incompréhensibles!), de stationnements interdits, de passagers déposés loin des sites touristiques (« Une rupture de charge que les clients n’apprécient pas! »). « Il y a d’ailleurs sur la région une pénurie de chauffeurs. Moins pour les trajets de proximité que pour les circuits longue distance », confirme Jean-Luc Chazot qui a vu aussi évoluer le travail en agence de voyage: des clients pressés d’obtenir un devis, de négocier les prix, d’extorquer quelques renseignements avant d’acheter leur séjour sur Internet!

Jean-Luc Chazot croit pourtant en l’avenir de l’autocar touristique, pour « son confort et sa praticité », en celui du voyage en groupe, « un moment ludique qui permet de resserrer les liens. La sortie en groupe constitué augmente plus que le voyage d’individuels regroupés ». Tout comme il parie sur l’avenir touristique de Saint-Étienne, la ville « noire » dont il a suivi la métamorphose, en Stéphanois convaincu et coiffé de la casquette d’administrateur de l’Office de tourisme (aujourd’hui Saint-Étienne Hors Cadre). « On a démoli, ravalé, embelli, sans rompre avec notre patrimoine. Un programme idéal à « Saint-É’ »? Une visite du musée d’Art et d’Industrie, et une visite du musée de la Mine pour comprendre les conditions de vie de nos aïeux, suivies d’une croisière à Saint-Victor-sur-Loire pour découvrir la nature, à quelques minutes de la ville ».

Chazot en chiffres

Les Autocars Chazot:

→ 60 véhicules.

→ 60 salariés (dont une cinquantaine de conducteurs, 7 administratifs, 1 chef d’atelier, 3 mécaniciens, 1 responsable démarche Qualité).

→ 6 M€ de CA en 2018.

Les Transports Chazot:

→ 170 véhicules moteurs et 260 remorques.

→ 210 salariés.

→ 26 M€ de CA en 2019 (+ 3 %).

Ski marche: l’autocar et le tire-fesses

Le ski a toujours fait bon ménage avec la programmation touristique des Autocars Chazot. La proximité de la moyenne montagne, conjuguée à la créativité Chazot, a permis à des milliers de Stéphanois de s’initier au ski alpin. « Au début des années soixante, mon père qui affrétait des dizaines d’autocars pour le village de Bessat, en moyenne montagne dans le parc régional naturel du Pilat, a eu l’idée de construire un téléski de 500 m de long dans ce que l’on appelait le Pré du curé », se souvient Jean-Luc Chazot. « Pendant une quinzaine d’années, des milliers d’enfants, convoyés le jeudi par des associations de loisirs, ont ainsi appris à skier. C’était de l’intermodalité avant l’heure: de l’autocar à la remontée mécanique! ». Pendant vingt ans, Chazot Voyages a également assuré le programme Skimania. Cette formule créée par Travel Mania, et franchisée, permet à des étudiants ou de jeunes adultes de bénéficier de journées de ski incluant le transport en autocar et le forfait de remontée mécanique. « À 45 ou 50 euros, c’est un tarif imbattable! Nous avons à trois heures de route de Saint-Étienne les plus belles stations de ski d’Europe, Méribel, Courchevel, Les 2 Alpes… Les amateurs de ski partent en autocar vers 5 heures du matin pour rentrer vers 21 heures. Ce qui assure au chauffeur ses neuf heures de repos réglementaire. L’achat de milliers de forfaits pour l’hiver nous a permis de proposer ces tarifs très intéressants. Nous faisions 3 500 clients par an, de début décembre à fin mars ». Skimania est désormais programmé par Michel Voyages. Mais les skieurs sont toujours véhiculés dans des autocars Chazot!

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